La crise environnementale actuelle exige une transformation radicale du rapport des hommes à la nature. C’est le message fort qui ressort de la récente Conférence internationale sur l’afforestation et le reboisement (CIAR) à Brazzaville. Adrien N’Koghe-Mba* analyse, dans cette chronique, les enjeux d’une ‘’révolution verte’’ urgente, s’appuyant sur la déclaration percutante du président de la Transition au Gabon et explorant les piliers essentiels d’un changement de paradigme dans la gestion des ressources naturelles.

[Contraste entre la déforestation et le potentiel de reboisement, symbolisant la transition nécessaire vers une révolution verte]  «Le comportement de prédateurs égoïstes que nous avons adopté depuis la révolution industrielle nous contraint désormais à une véritable révolution verte» (Brice Clotaire Oligui Nguema). © GabonReview

 

Lors de la Conférence internationale sur l’afforestation et le reboisement (CIAR) qui s’est tenue du 2 au 5 juillet dernier à Brazzaville, une déclaration forte du président de la Transition du Gabon, le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, a résonné dans les esprits : « Le comportement de prédateurs égoïstes que nous avons adopté depuis la révolution industrielle nous contraint désormais à une véritable révolution verte. » Cette prise de parole met en lumière l’urgence d’un changement radical dans notre manière d’interagir avec notre environnement.

Une histoire de prédation

Depuis la révolution industrielle, notre développement économique s’est souvent fait au détriment de la nature. La déforestation, l’exploitation minière et la surconsommation des ressources naturelles ont laissé des cicatrices profondes sur notre planète. Ce comportement de prédateurs égoïstes a non seulement mené à une dégradation environnementale sans précédent mais a aussi exacerbé les inégalités sociales et économiques, particulièrement dans les pays du Sud. Les forêts, poumons de la Terre, se réduisent à vue d’œil, menaçant la biodiversité et le climat mondial.

Les forêts du bassin du Congo, en particulier, jouent un rôle crucial en tant que premier puits de carbone tropical de la planète. Leur destruction aurait des conséquences désastreuses pour le climat mondial, accentuant encore davantage les effets du dérèglement climatique.

 La nécessité d’une révolution verte

Il est impératif de changer de cap et d’adopter une nouvelle révolution verte. Cette révolution doit être globale et inclusive, mettant l’accent sur des pratiques durables et résilientes. Elle doit reposer sur plusieurs piliers :

  1. Afforestation et reboisement : Augmenter la superficie forestière mondiale par des actions coordonnées d’afforestation et de reboisement. Comme souligné lors de la CIAR, cela nécessite des investissements massifs. Ces actions ne doivent pas seulement se limiter à planter des arbres, mais aussi à restaurer des écosystèmes entiers pour assurer leur résilience à long terme.
  2. Éducation et sensibilisation : Informer et éduquer les populations sur l’importance de la conservation et de la restauration des écosystèmes. La sensibilisation doit commencer dès le plus jeune âge, intégrant des notions de durabilité et de respect de la nature dans les programmes éducatifs.
  3. Politiques et régulations : Mettre en place des politiques environnementales strictes et des régulations pour protéger les forêts et autres écosystèmes vulnérables. Les gouvernements doivent jouer un rôle clé en adoptant des lois qui favorisent la conservation et en réprimant sévèrement les activités illégales qui détruisent l’environnement.
  4. Technologie et innovation : Utiliser la technologie pour surveiller et protéger les forêts. Les drones, les satellites et l’intelligence artificielle peuvent aider à détecter et prévenir la déforestation illégale. De plus, l’innovation dans les techniques de reforestation peut accélérer les efforts de restauration.
  5. Partenariats et financement : Établir des partenariats internationaux pour mobiliser les ressources nécessaires. Les institutions financières, les ONG, les entreprises et les gouvernements doivent collaborer pour financer et mettre en œuvre des projets de restauration à grande échelle.

Une responsabilité partagée

La révolution verte ne peut réussir sans la participation active de toutes les parties prenantes. Les pays du Nord doivent reconnaître leur responsabilité historique dans la crise environnementale actuelle et apporter un soutien financier et technique aux initiatives de reboisement dans les pays du Sud. En retour, les pays du Sud doivent s’engager fermement dans des politiques de conservation et de gestion durable de leurs ressources naturelles.

Lors de la même conférence, le ministre des Eaux et Forêts, le général de brigade Maurice Ntossui Allogo, a également rappelé l’ampleur des défis financiers. Il a déclaré : « Les objectifs d’afforestation et de reboisement nécessitent environ plus de 50 milliards de dollars par an. » Ses propos illustrent l’énorme investissement requis pour cet investissement, mais aussi l’opportunité de mobiliser la communauté internationale autour d’un objectif commun.

L’appel à une révolution verte est une invitation à repenser notre modèle de développement. Il s’agit d’un défi colossal mais vital pour l’avenir de notre humanité menacée. Comme le chef de l’Etat l’a si bien dit, nous avons été des prédateurs égoïstes, mais il est temps de devenir des gardiens éclairés de notre Terre. La révolution verte est non seulement une nécessité environnementale, mais aussi un impératif moral pour garantir un avenir durable à nos enfants et aux générations futures.

* Directeur général de l’Institut Léon Mba et président de l’association Les Amis de Wawa pour la préservation des forêts du bassin du Congo.

 
GR
 

0 commentaire

Soyez le premier à commenter.

Poster un commentaire