Bassin du Congo : 262 nouvelles espèces découvertes au Gabon en dix ans
Au cœur de l’Afrique centrale, une région immense et fragile continue de dévoiler ses secrets les plus précieux. Le rapport du WWF, «Une nouvelle vie dans le Bassin du Congo : une décennie de découvertes d’espèces (2013-2023)», vient de révéler des chiffres étonnants : 742 nouvelles espèces ont été identifiées en dix ans, avec le Gabon en tête de liste. Plongeon, avec Adrien NKoghe-Mba* dans cette aventure scientifique où chaque découverte est un symbole d’espoir, mais aussi un appel à la préservation d’un écosystème vital pour la planète.
Imaginez une planète où l’une des plus grandes forêts tropicales du monde, couvrant plus de 200 millions d’hectares, nous découvrons 742 nouvelles espèces en plus en seulement une décennie. C’est exactement ce que nous révèle un rapport récemment publié par le WWF, intitulé “Une nouvelle vie dans le Bassin du Congo : une décennie de découvertes d’espèces (2013-2023)”. Ce document fait le récit extraordinaire d’une région aussi vaste que fragile, qui traverse six pays africains : le Gabon, le Cameroun, la République du Congo, la République démocratique du Congo, la République centrafricaine, et la Guinée équatoriale.
Pourquoi ce document est crucial
Le Bassin du Congo est une zone d’une importance planétaire. Non seulement il s’agit du premier puits de carbone tropical de la planète, mais il abrite aussi une richesse biologique unique : plus de 10 000 espèces végétales, dont 30 % sont endémiques, et des milliers d’espèces animales, y compris des emblèmes comme le gorille des plaines et l’éléphant de forêt. Ce rapport met en lumière une décennie de découvertes scientifiques dans cette région, dévoilant une biodiversité encore largement inconnue.
Le Gabon, pays clé de cette région, occupe une place centrale dans ce rapport et arrive en première position des découvertes, avec 262 nouvelles espèces identifiées entre 2013 et 2023. Ces chiffres surpassent ceux de la République démocratique du Congo (259 espèces) et du Cameroun (238 espèces), soulignant le rôle du Gabon comme un leader incontesté en matière de biodiversité dans le Bassin du Congo.
Parmi les espèces récemment découvertes au Gabon figurent des orchidées uniques comme l’Angraecum biteaui ou encore des poissons fascinants comme l’Aphyosemion aurantiacum, dont les couleurs éclatantes semblent refléter la vitalité des eaux de ce pays.
Les enjeux exposés dans le rapport
Le document ne se limite pas à célébrer la biodiversité. Il met aussi en garde contre les menaces auxquelles fait face cette région : la déforestation, le braconnage et les pressions exercées par l’exploitation minière et agricole. Ces dangers, si rien n’est fait, pourraient détruire des écosystèmes qui jouent un rôle crucial dans la régulation climatique mondiale et dans la vie de millions de personnes.
Le WWF, à travers ses initiatives dans le Bassin du Congo, plaide pour une approche intégrée de conservation. Des programmes tels que Eyes on the Forest (pour surveiller la faune et lutter contre le braconnage) et le projet TRIDOM (un corridor écologique reliant le Gabon, le Cameroun et la République du Congo) sont des exemples de ce qu’il est possible de faire pour protéger ces habitats tout en soutenant les communautés locales.
Une perspective sur le Gabon
Le Gabon est un cas d’étude fascinant dans ce rapport. Le pays a fait des efforts considérables pour protéger ses forêts et promouvoir un modèle de développement durable. Il abrite des écosystèmes uniques, comme les Monts de Cristal, où des scientifiques ont découvert des espèces d’une beauté et d’une rareté exceptionnelles. Prenez par exemple la Sirdavidia solannona, une plante rare dont la découverte en 2013 a été saluée comme l’une des dix plus importantes au niveau mondial cette année-là.
Mais le Gabon est aussi un symbole de résilience. Ses forêts, qui absorbent des quantités colossales de carbone, sont un bouclier contre le dérèglement climatique. Ses populations locales, comme les Ba’Aka, vivent en harmonie avec cette nature et possèdent des savoirs ancestraux qui, s’ils sont reconnus, pourraient enrichir la science moderne et inspirer des solutions durables.
Une leçon pour le monde
Ce que ce rapport nous enseigne, c’est que la biodiversité n’est pas seulement un patrimoine à célébrer, mais une ressource vitale à protéger. Les scientifiques qui parcourent les forêts du Gabon et du Bassin du Congo découvrent non seulement de nouvelles espèces, mais aussi de nouvelles façons de penser à notre place dans le monde naturel.
Alors, que vous soyez un lecteur intrigué par la beauté de l’orchidée Angraecum biteaui ou préoccupé par les crises climatiques, le message est clair : il est temps d’agir. Si le Gabon peut tracer une voie vers une coexistence harmonieuse entre l’homme et la nature, pourquoi pas nous ?
Et si vous doutez encore, pensez à ceci : chaque espèce découverte est une page d’un livre que nous commençons à peine à lire. Mais ce livre est fragile, et il ne tient qu’à nous d’en préserver chaque mot, chaque phrase, chaque chapitre.
*Directeur général de l’Institut Léon Mba et président de l’association Les Amis de Wawa pour la préservation des forêts du bassin du Congo.
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