Autour de Brice Clotaire Oligui Nguéma, la stratégie de rassemblement évolue au gré des événements. Si cette question n’est pas tranchée, sa candidature pourrait ne pas catalyser cette recomposition en douceur tant annoncée.

À moins d’un mois de la présidentielle, les soutiens du président de la Transition semblent naviguer en eaux troubles, leur stratégie n’étant pas toujours lisible par tous. Désormais moqués, nombreux parmi les adhérents de La pensée patriotique ont le sentiment de s’être fait avoir ou d’être les dindons de la farce. © GabonReview

 

De toute évidence, le lancement du Rassemblement des bâtisseurs (RDB) a pris l’opinion de court, semant doute et trouble. Et pour cause : depuis dix-huit (18) mois, de nombreuses initiatives se sont revendiquées du président de la Transition. Au début, le Parti démocratique gabonais (PDG) apparaissait comme son principal soutien, affirmant être «un parti de pouvoir» formaté «pour accompagner celui qui dirige». En mars 2024, la Plateforme pour la reconstruction nationale (PRN) naissait. Se posant en «force de proposition» et en «outil de rassemblement», elle proclamait sa volonté d’«accompagner et soutenir (…) le général Brice Clotaire Oligui Nguema dans toutes ses actions», Puis, vint le tour d’Ossimane, récemment mué en La pensée patriotique, avec une seule ambition : «Garantir une victoire éclatante dès le premier tour à (son) champion, une victoire à la soviétique». C’est dire si les cartes ont été rabattues le week-end dernier.  

Une clarification nécessaire

À moins d’un mois de la présidentielle, les soutiens du président de la Transition semblent naviguer en eaux troubles, leur stratégie n’étant pas toujours lisible par tous. Coordinateur général du RDB, Anges Kévin Nzigou présente sa structure comme «le véhicule politique officiel» du candidat Oligui Nguema, invitant les citoyens à le «rejoindre individuellement». N’empêche, sa stratégie semble peu évidente, la cohabitation avec les autres initiatives de même nature n’étant nullement assurée. Pis, les événements du week-end dernier en rajoutent à la confusion, de nombreux partis ayant tenu des congrès pour officialiser leur soutien à la candidature du président de la Transition. Peuvent-ils rallier le RDB sans réunir de nouveau leurs plus hautes instances ? Sauf à aller à l’encontre de leurs textes, on peine à le croire. Dans un tel contexte, une clarification parait nécessaire. En tout cas, il y a urgence signalée.

Autour de Brice Clotaire Oligui Nguema, la stratégie de rassemblement semble avoir évolué au fil du temps et au gré des événements. À l’aube de la Transition, il était question d’en garantir «l’inclusivité», c’est-à-dire de s’assurer de la participation de l’ensemble des forces sociales au processus de «refondation de l’Etat».  Très vite, les partis politiques ont été mis dans le même sac, accusés de tous les maux puis, proposés à la suspension, au grand bonheur du PDG, implicitement absous de plus d’un demi-siècle de mal-gouvernance. Dans cette atmosphère, les mouvements associatifs s’en donnaient à cœur joie, ne ratant aucune occasion pour souffler sur les braises avec une mauvaise foi rarement égalée. Mal leur en prît dans la mesure où Ossimane en profita pour abattre ses cartes, débaucher les leurs, installer ses structures, avant d’adopter une dénomination ethniquement neutre. Sur ces entrefaites, est apparu le RDB.

Logique du fait accompli

Certes, comme La pensée patriotique, le RDB affirme œuvrer à la victoire d’Oligui Nguema. Certes, les partis politiques ne disent pas autre chose. Mais, comment comptent-ils formaliser leur entente ? Comment entendent-ils travailler ensemble ? Sur quels fondements ? Comment envisagent-ils la suite ? Ne risquent-ils pas d’acter le mariage de la carpe et du lapin, avec tous les risques sous-jacents ? Anges Kevin Nzigou a beau parler d’«aventure collective», le RDB n’en demeure pas moins une initiative unilatérale. À maints égards, elle relève d’une logique du fait accompli. Or, même s’il feint de ne pas s’en rendre compte, le jeune avocat le sait : les partis politiques, associations et même les personnalités individuelles jouent déjà le coup d’après, échafaudant des stratégies en vue des législatives et locales à venir. Si l’Union nationale (UN) s’est clairement prononcée pour un «accord électoral», d’autres n’en pensent pas moins. De ce point de vue, le RDB gagnerait sinon à faire sienne cette exigence, du moins à définir une stratégie consensuelle.

Si cette question n’est pas tranchée, la campagne d’Oligui Nguema pourrait aller dans tous les sens. Désormais moqués, nombreux parmi les adhérents de La pensée patriotique ont le sentiment de s’être fait avoir ou d’être les dindons de la farce. Le ressentiment pourrait conduire certains à agir comme bon leur semble. Pour avoir, en quelque sort, sommé les soutiens de s’adapter ou revoir leurs stratégies, le RDB pourrait se révéler contre-productif. Fort de leurs expériences respectives, les partis espéraient parvenir a minima à la signature d’une charte, à défaut d’un accord général, mais différencié. Comme on l’imagine, la naissance du RDB a douché leurs espoirs, révélant des désaccords de fond. Si rien n’est fait dans les meilleurs délais, la candidature d’Oligui Nguema pourrait ne pas catalyser cette recomposition en douceur tant annoncée.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Gayo dit :

    Si les partis sont sincères dans leur volonté de soutenir Oligui, qu’ils le fassent sans accord et de façon désintéressée. Un Oligui libre de nommer qui il veut après sa victoire c’est mieux pour le peuple qu’un Oligui qui rempli de dettes politiques envers des maitres chanteurs a qui il devra donner des postes pour ce retrouver avec un gouvernement pléthorique. Oligui n’est pas dans une situation où il a besoin de partager le Gabon comme un gâteau. Apres la présidentielle, le RdB présente ses candidats sans se voir obligé de faire des accords avec des partis qui risquent de lâcher Oligui avec leurs élus. Soit les gabonais élisent Oligui sans des accords et ententes qui vous le lier les mains pour échouer comme Ali soit ils ne l’élise pas. Pas la peine de faire des compromis qui garantissent une pseudo-victoire aux élections mais l’échec de la gouvernance.

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