Comme sous Omar Bongo Ondimba et Ali Bongo, les équipes de Brice Clotaire Oligui Nguema s’adonnent au mélange des genres. N’établissant pas de distinguo entre le chef de l’Etat et leur candidat, ils confondent intérêt personnel et intérêt général, intérêts partisans et intérêts publics.

Comme si Oligui Nguéma avait été investi par un parti-État, ses soutiens ne prennent aucune précaution. N’établissant pas de distinguo entre le chef de l’État et leur candidat, ils accumulent fautes et erreurs, confondant intérêt personnel et intérêt général, intérêts partisans et intérêts publics. © GabonReview-Creapils

 

Comme toujours, la campagne du candidat sortant s’organise dans des conditions peu orthodoxes. Comme sous Omar Bongo Ondimba et Ali Bongo, ses équipes foulent au pied de nombreux principes, abattent des cloisons sans en évaluer les conséquences, s’adonnent au mélange des genres. Comme si Brice Clotaire Oligui Nguéma avait été investi par un parti-Etat, ses soutiens ne prennent aucune précaution. N’établissant pas de distinguo entre le chef de l’Etat et leur candidat, ils accumulent fautes et erreurs, confondant intérêt personnel et intérêt général, intérêts partisans et intérêts publics. C’est dire si les vieilles habitudes ont la peau dure. C’est aussi dire s’il convient de tirer la sonnette d’alarme. C’est enfin dire s’il faut nommer les choses pour inviter au respect des principes.

L’appareil d’Etat a-t-il un candidat ?

Organisées dans l’enceinte de la présidence de la République, les récentes rencontres entre Brice Clotaire Oligui et les dirigeants des partis politiques engagés à ses côtés en disent long sur la perpétuation de certaines pratiques. Après tout, il s’agissait bien d’audiences à visée électoraliste et pas d’une activité de portée institutionnelle. N’était-il pas envisageable de les tenir en un lieu neutre ou au siège du Rassemblement des bâtisseurs (RdB) ? Était-il nécessaire de s’affranchir de transformer le siège du pouvoir exécutif en quartier général de campagne ? Ne fallait-il pas l’éviter pour ne pas prêter le flanc à la critique ? Au-delà, n’était-il pas possible de confier la conduite de ces tractations à un mandataire ou de les mener loin des regards indiscrets ? En posant ces questions, on verse involontairement dans le débat sur l’usage des moyens de l’Etat. Une impression de surplace ….

Cette impression de recul voire de retour au parti-Etat est renforcée par les prises de position de certains agents publics. En se prononçant publiquement pour un «soutien franc et sans réserve à la candidature de Brice Clotaire Oligui Nguéma», le Syndicat autonome des agents des Douanes (SAAD) a pris des libertés avec le Code de déontologie de la Fonction publique, notamment les dispositions relatives à la «neutralité politique» et au «devoir de réserve». De par leur composition, les comités de campagne en ont rajouté, de nombreux membres y ayant été cooptés non pas en qualité de citoyen ou de responsable politique, mais d’agent public, de membre du gouvernement ou de dirigeant d’institution. Pourquoi Alexandre Barro Chambrier est-il présenté comme vice-Premier ministre et pas président du Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM) ? La même question vaut pour Camelia Ntoutoume Leclercq, définie comme ministre d’Etat et pas cadre du Parti démocratique gabonais (PDG). L’appareil d’Etat a-t-il un candidat ? On voudrait l’affirmer, on ne ferait pas autrement…

Aujourd’hui comme hier

Pour faire pièce à cette situation, le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) aurait dû demander aux soutiens du président-candidat de se conformer aux règles éthiques et déontologiques. Au lieu de cela, il observe un mutisme assourdissant, donnant le sentiment de s’en satisfaire ou de vouloir en tirer profit. D’où sort ce document frappé de l’en-tête du ministère de l’Intérieur et officialisant la composition de la coordination de campagne de la province de la Nyanga ? Pourquoi le laisser circuler ? Pourquoi des directeurs généraux d’administrations centrales peuvent-ils figurer en cette qualité dans le comité de campagne de la province de l’Estuaire ? Et pourquoi avoir donné à la Journée nationale de l’enseignant cette dimension festive et politicienne, les zélateurs de la ministre de l’Education nationale n’ayant pas hésité à parler de «démonstration de force», de «mobilisation jamais vue», exhortant le président-candidat à «compter sur elle pour une victoire cash» ?

Aujourd’hui comme hier, cette stratégie de la confusion entretenue ne contribue ni à la dépolitisation de l’administration ni à la neutralité de l’Etat. À la fin des fins, elle jette une ombre sur le processus électoral, donnant du grain à moudre aux sceptiques et aux adversaires de Brice Clotaire Oligui Nguéma. Pour tout dire, elle nourrit la rhétorique d’Alain-Claude Billie-By-Nze, lui offrant des arguments pour dénoncer et contester. Est-ce l’objectif ? Nul ne peut le croire. En revanche, on doit l’admettre : la confusion entre intérêt partisan et intérêt général a toujours servi de terreau à une «gouvernance irresponsable, imprévisible». Peu importe les époques ou les régimes, cette dérive doit être dénoncée et combattue.

 
GR
 

4 Commentaires

  1. Akoma Mba dit :

    Le gabonais a-t-il jamais su ce qu’est l’intérêt général?L’argent facile, les nominations et les dons par ci par là. Chasser le naturel, il revient au galop.
    Dommage que tout cet argent gaspillé pour des élections inutiles ne servent pas à quelque chose d’utile. À nos marques, prêts et partons à la soupe des fainéants!

  2. Jean Jacques dit :

    Cher journaliste, nous sommes dans une république bananière ,comme franquence les abrutis disent oligui a donné les postes aux médecins, l’état gabonais, juste gabonaise ,cour constitutionnelle du Gabon, Gabon n’existe pas, c’est etat oligui, la justice d’oligui, cour constitutionnelle d’oligui

  3. messowomekewo dit :

    Le président de la transition qui vient de fêter ses cinquante ans est pour ainsi dire ,né sous le règne interminable des bongo, qui plus est c’est un gars du sérail, donc il ne peut faire que ce qu’il est en train de faire: confondre les moyens de l’Etat aux siens propres, mettre les services publics en ordre de batail en sa faveur, sans se gêner le moins du monde. Que ceux qui s’attendent à un changement de paradigme se ravisent, tout cela va accoucher d’une petite souris. Vous pouvez d’ailleurs constater que les grands fossoyeurs de la République continuent de se la couler douce, ceux qui ont eu quelques difficultés avec Ali Bongo , qui on dû s’exiler sont de retour et vont reprendre leurs activités favorites: le détournement des fonds publics. Le réveil sera douloureux, ce n’est pas Oligui que pourra enterrer ce système qui nous a fait tant de mal, avec nous notre pays. Le coup d’Etat n’a servi qu’à mettre Ali Bongo hors jeux, c’est tout, tout le reste du dispositif est toujours en place, il va même se renforcer , compte tenu de l’âge du principal acteur. Il est très facile de constater que tout ce qui a été initié pendant la transition ne visait qu’un seul objectif, la conservation du pouvoir, le reste n’est qu’illusion.

  4. Yann Levy Boussougou-Bouassa dit :

    Seul le temps révèle la vraie nature, le véritable aspect des choses. J’ai bien peur que cette transition soit en fait l’histoire de la jeune chèvre de Damas devenue adulte.

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