Face à la récente flambée de violence juvénile à Port-Gentil, les autorités locales et des représentants de la société civile se sont réunis pour élaborer une stratégie de réhabilitation ambitieuse. Un programme national en trois volets est proposé pour lutter contre la délinquance et offrir un nouvel avenir à la jeunesse gabonaise.

Le Premier secrétaire du Conseil économique Social et Environnemental, Georges Mpaga (veston) à l’issue de l’entretien avec le général d’armée Pierre Rizogo Rousselot, Délégué Spécial chargé de la gestion de la commune de Port-Gentil (en uniforme), le 26 août 2024. © D.R.

 

Suite aux événements troublants du 23 août dernier marqués par la descente de délinquants armés de machettes dans les rues de Port-Gentil, une rencontre s’est tenue le lundi 26 août 2024 à Port-Gentil entre le Délégué Spécial chargé de la gestion de la commune, le général d’armée Pierre Rizogo Rousselot, et une délégation menée par Georges Mpaga, Premier secrétaire du Conseil économique Social et Environnemental, et leader du Réseau des organisations libres de la société civile pour la bonne gouvernance au Gabon (ROLBG).

Un moment des échanges. © D.R.

La réunion faisait donc suite aux affrontements violents ayant secoué la capitale économique gabonaise vendredi dernier, semant la terreur dans les 2ème et 4ème arrondissements. Des scènes de chaos, impliquant des individus armés de machettes, ont en effet révélé une inquiétante montée de la criminalité juvénile dans la ville.

Les discussions ont porté, lors de cette audience, sur les causes profondes de la délinquance et les moyens d’y remédier durablement. «Le tout répressif n’est pas une solution efficace et durable. Il faut soigner ces enfants malades et les reformater en profondeur», a déclaré Georges Mpaga à l’issue de la rencontre. Les échanges ont abouti à plusieurs propositions concrètes visant à endiguer ce phénomène préoccupant.

Proposition d’une approche holistique

Au cœur de ces propositions figure la création de centres de réhabilitation, de formation et de réinsertion dans le cadre d’un programme national ambitieux. Ce programme, inspiré de modèles existants aux États-Unis, au Rwanda et en République Démocratique du Congo, se déclinerait en trois volets principaux. Le premier volet consisterait en une formation militaire, visant à inculquer discipline et rigueur aux jeunes concernés. Le deuxième axe se concentrerait sur une formation civique, mettant l’accent sur les valeurs morales et le patriotisme, jugés essentiels pour une réintégration réussie dans la société. Enfin, le troisième volet proposerait une formation professionnelle, permettant aux jeunes d’acquérir des compétences concrètes et valorisables sur le marché du travail.

La particularité de ce programme serait sa durée : une période d’incubation de 3 ans est envisagée pour assurer une réintégration progressive et durable des jeunes dans la société. Par ailleurs, reconnaissant le rôle crucial de la consommation de drogues dans la criminalité juvénile, les intervenants ont également proposé la mise en place d’un centre de désintoxication spécialisé.

La délégation présente à cette rencontre reflétait l’importance accordée à cette problématique. Outre Georges Mpaga, elle comprenait l’honorable Pepecy Ogouligende, députée de la transition, ainsi que des représentants du ROLBG, du Conseil national de la société civile (Conases) et des experts en communication. La diversité de ces profils souligne la volonté d’adopter une approche holistique, prenant en compte tous les paramètres du problème.

La rencontre marque une étape importante dans la recherche de solutions durables face à la montée de la délinquance juvénile à Port-Gentil. Les autorités locales et nationales devront maintenant transformer ces propositions en actions concrètes pour espérer endiguer ce phénomène préoccupant et offrir un avenir meilleur à la jeunesse gabonaise. L’efficacité de ces mesures et leur mise en œuvre effective seront scrutées de près dans les mois à venir, alors que la ville tente de retrouver sa sérénité après les événements choquants de la semaine passée.

 
GR
 

0 commentaire

Soyez le premier à commenter.

Poster un commentaire