Devant les militants du Parti démocratique gabonais (PDG), Ali Bongo a dit avoir eu «cinq années d’absence». On aimerait en savoir plus. Ce propos renforce les doutes sur la légalité et la régularité de nombreuses décisions.  

De son propre aveu, Ali Bongo aurait eu «cinq années d’absence». On aimerait en savoir plus. D’où était-il absent ? Du Gabon ? Où était alors «l’organe régulateur du fonctionnement des institutions et de l’activité des pouvoirs publics» ? Pourquoi assistait-il sans mot dire ? © Montage Gabonreview

 

Depuis novembre 2018, les pouvoirs publics n’ont eu de cesse d’éluder le débat sur les capacités physiques et cognitives du titulaire de la fonction de président de la République. Depuis la fin des cérémonies du 55ème anniversaire du Parti démocratique gabonais (PDG), ils doivent être gênés aux entournures. Même s’ils font mine de n’avoir rien entendu, la confession du week-end dernier pointe leurs défaillances, mettant en lumière leur incapacité à défendre l’intérêt général. Sur de nombreux points, tant de choses méritent clarification. A la Cour constitutionnelle, comme à la justice, ces questions rappellent le traitement réservé à la requête du collectif Appel à agir, longtemps demandeur d’une expertise médicale sur la personne d’Ali Bongo.

Des décisions d’importance ont été prises 

De son propre aveu, Ali Bongo aurait eu « cinq années d’absence« . On aimerait en savoir plus. D’où était-il absent ? Du Gabon ? On se souvient l’avoir vu rentrer un 23 mars 2019. De l’hinterland ? On se rappelle l’avoir vu à Franceville un 28 septembre 2019 et un 07 juin 2022, à Makokou un 20 avril 2022, à Port-Gentil un 27 septembre 2022, à Mouila un 02 novembre 2022… On a aussi en mémoire ses descentes dans les rues de Libreville. On a même souvenance de sa présence au meeting de clôture de la «tournée républicaine» de Brice Laccruche-Alihanga. Comment peut-il alors affirmer ne pas avoir vu ses compatriotes «pendant des années» ? Et pourquoi le dit-il devant une assemblée partisane et non face au peuple ? On l’a pourtant entendu s’adresser à la nation et au Parlement réuni en Congrès…

Bon gré mal gré, le propos d’Ali Bongo renforce les doutes sur la légalité de nombreuses décisions.  Il redonne de la résonance aux interrogations sur leur régularité. Ces cinq dernières années, des décisions d’importance ont été prises : révision constitutionnelle en janvier 2020, du code pénal en juin 2020, du Code civil en avril 2021. De même, la Cour constitutionnelle fut renouvelée en septembre 2019.  En janvier 2019 et juillet 2020, le Premier ministre fut remplacé. Last but not least, l’adhésion au Commonwealth intervint en juin 2022…  De qui émanaient toutes ces initiatives ? Certes, Ali Bongo en a défendu certaines. Mais son témoignage incite à la circonspection. Après tout, durant son séjour au Maroc, comme au lendemain du Sommet de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale de décembre 2019, l’authenticité de sa signature fut mise en doute. D’aucuns parlaient alors de cachet, de seing électronique voire de falsification. Jamais, le gouvernement n’a réussi à taire ces rumeurs.

Une pierre dans le jardin des institutions

Le 14 novembre 2018, la Cour constitutionnelle suscitait la controverse. A travers sa décision n° 219/CC, elle proclama une «indisponibilité temporaire» sans en fixer l’échéance. Dans la foulée, elle autorisa le vice-président de la République à présider un Conseil des ministres. Au terme de ce conclave, des nominations furent actées. On assista aussi à la création, à la dissolution et à la fusion de nombreux établissements publics. Tout cela fut repris et confirmé par le Conseil des ministres du 29 mars 2019, présidé par Ali Bongo six jours après son retour. Même si le pouvoir s’efforce de banaliser cette séquence historique, ses cadres ne manquent cependant pas d’accuser Brice Laccruche-Alihanga d’avoir usurpé les pouvoirs du président de la République à un moment donné.  Du moins, le disent-ils en privé.

À la face du monde, Ali Bongo vient de parler de ses «cinq années d’absence». Lourd de sous-entendus, ce propos est un coup de tonnerre, une pierre dans le jardin des institutions. La Cour constitutionnelle aura beau dénoncer «un acharnement politique», cela n’apporta jamais de réponses aux questions soulevées par la magnificence passée de Brice Laccruche-Alihanga. Comment un directeur de cabinet a-t-il réussi à caporaliser l’appareil d’Etat ? Jusqu’où n’était-il pas allé trop loin ? Où était alors «l’organe régulateur du fonctionnement des institutions et de l’activité des pouvoirs publics» ? Pourquoi assistait-il sans mot dire ? La Cour de cassation aura beau se réfugier derrière le privilège de juridiction, le sort de la présidente de la Cour d’appel dira toujours autre chose. Pourquoi Paulette Ayo Akolly fut si prestement destituée ?  Pourquoi l’avoir empêchée de faire son travail ? Fallait-il protéger quelqu’un ? Y avait-il des choses à cacher ? Quelles ont été les conséquences de ce micmac ? Saura-t-on seulement la vérité un jour ? Y aura-t-il alors quelqu’un pour en répondre ? Depuis dimanche dernier, ces questions hantent les esprits.

 
GR
 

6 Commentaires

  1. udfr dit :

    Ce Monsieur semble prêt pour repartir pour 7 ans d’absence…..Let’s go…

  2. Malho dit :

    Quand on vous dit que Ali bongo est désormais edoungué,légume, perdu; il faut croire. Il fait pitié a voir. Il n’y a que les écervelés, les sodomisés du pdg qui pensent que c’est encore une personne !! On ne vit plus quand on doit se déplacer avec une ambulance derrière.lacruche avait un cachet de la signature de boa et c’est comme ça qu’ils ont dirigé le pays. Il y a eu plusieurs personnes qui portaient le masque en silicone d’ali bongo. Quand on est bon observateur, à la cour constitutionnelle lors de leur rentrée, on voit un boa mince, dans d’autres circonstances il est gros. Une personne ne peut pas changer de morphologie comme il veut. L’épisode de la signature lors du sommet de la cemac à Libreville avait bien montré que Ali bongo est diminué fortement car il avait été incapable de signer. Les cancres avaient prétexté la fatigue. De toute façon, on connaît leurs noms et tôt où tard, ils vont le payer lourdement.

  3. Kumendene dit :

    L’appel à agir doit se saisir à nouveau de cet aveu et demander aux Juridictions initialement saisie d’examiner leur plainte. La vérité n’a pas de tombe.

  4. CYR Moundounga dit :

    Bjr. De façon physiologique lorsqu’un 55eme anniversaire de quelqu’un est centralisé par le rappel d’un pan de sa vie privée soit il médical, scolaire, universitaire cela signifie que la personne doute ou est insatisfaite. Qui plus est lorsqu’elle l’exprime en public il y a là le désir ou la volonté de s’excuser. Pleurer en public ce n’est pas facile; beaucoup vont s’agenouiller à Ste Marie(et pas des moindres).

    En définitive, si l’on s’en tient aux multiples questionnement du texte de (RB) effectivement le PR était malade et au sein de la maison le désordre a eu droit de cité. Consacrant ainsi la légèreté de nos instituions qui à l’exemple d’une équipe de foot dont le titulaire est malade ne dispose pas tactiquement et techniquement d’un schéma de remplacement numérique cohérent.

    Beaucoup d’eau a coulé sous le pont depuis et d’aucuns diront même que plusieurs se sont noyés.

    Conséquences: cette cacophonie a semé d’importants dégâts à la nation sur les plans: politique, financier, diplomatique, structurel, humain, familial et même spirituel. Une fois ceci évoqué que reste-t-il de concret à Gabao, sinon l’illusion d’un vivre ensemble encore possible qui s’amenuise malheureusement à peau de chagrin parce que manifestement le soleil ne se lève plus à l’Est chez nous(comprenne qui pourra). Amen.

  5. Mezzah dit :

    Ils seront tous obligés de rendre des comptes, beaucoup partiront définitivement de ce pays sans gloire. Les hommes passeront les frontières habillés en femmes pour ne pas être reconnus et vice-versa. Les maisons construites avec l’argent détourné tomberont en ruines ou seront tout simplement rasées par les buldozers du genie millitaire. Le peuple reprendra son pouvoir.
    Les jours sont comptés

  6. […] nomination de Mme Liliane Massala découle du célèbre faux cachet arborant la signature d’Ali Bongo Ondimba. Qui était utilisé abusivement par l’épouse et le fils du président déchu, Ali Bongo […]

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