Ali Bongo, un «raté» de la Légion d’honneur française ?

Depuis quelque temps, le nom du président gabonais déchu en août dernier est cité parmi ceux à qui la France devrait retirer le droit de porter sa plus haute décoration honorifique. Ali Bongo est plus que jamais contesté, y compris à l’international où ses soutiens d’antan se sont curieusement tus.

Ali Bongo recevant sa Légion d’honneur française des mains de Nicolas Sarkozy, en 2010. © AGP

Aucune procédure officielle n’a été engagée dans ce sens, contrairement au cas Vladimir Poutine au sujet duquel Emmanuel Macron a clairement dit y réfléchir en raison de l’attaque de la Russie contre l’Ukraine, il y a plusieurs mois. Ali Bongo pourrait se voir retirer le droit de porter sa Légion d’honneur française, soit de façon temporaire ou définitive. Encore faudrait-il que l’ex-président gabonais fasse l’objet de poursuites judiciaires et qu’il soit condamné.

Il n’empêche qu’en février dernier, soit six mois avant le coup d’État l’ayant écarté du pouvoir, des médias français évoquaient, voire demandaient que lui soit retirée cette décoration honorifique, la plus haute de France. Le site d’information L’indépendant.fr citait en effet Ali Bongo parmi les «ratés» de la Légion d’honneur française et donc parmi les «personnalités décorées et aujourd’hui largement controversées», à l’instar du dirigeant syrien Bachar El-Assad, décoré par Jacques Chirac en 2001, qui a dû rendre son ruban en 2018 après avoir eu connaissance de la procédure de retrait. Plus tôt, en juillet 2022, le site du magazine Marianne évoquait déjà la gêne occasionnée par la décoration attribuée au dirigeant gabonais de l’époque. Le média n’avait d’ailleurs pas manqué de rappeler qu’«à peine élu en (août) 2009, le président gabonais s’était illustré par sa politique répressive contre les contestataires. Au moins 15 personnes ont été tuées lors des violences à Port-Gentil après l’annonce de sa victoire. Ce dernier est accusé par la suite d’avoir fait tirer à balles réelles en août 2016 sur ses opposants, au QG de son adversaire à l’élection présidentielle Jean Ping».

Pour rappel, c’est en février 2010, à l’occasion de son troisième déplacement au Gabon, que l’ancien président Nicolas Sarkozy avait fait Ali Bongo Grand Officier de la Légion d’honneur française. À l’époque, le site de L’Obs avait parlé d’une décoration «incognito». Après la chute de l’ex-président gabonais dont les soutiens d’antan se sont curieusement tus, y compris à Paris, certains souhaitent que la Grande chancellerie française lui retire le droit de porter cette décoration.