Le chef de l’Etat français a tenu à venir saluer le Bénin, «référence» démocratique en Afrique, envoyant au passage un message aux dirigeants d’autres Etats du continent tentés de s’accrocher au pouvoir et exhortant ceux dont les Constitutions ne le prévoient pas à aller vers une limitation des mandats présidentiels.

François Hollande est arrivé mercredi soir au Bénin, où il s'est immédiatement entretenu avec Thomas Boni Yayi. © Alain Jocard / AFP

François Hollande est arrivé mercredi soir au Bénin, où il s’est immédiatement entretenu avec Thomas Boni Yayi. © Alain Jocard / AFP

 

François Hollande vient, pour son dix-huitième voyage sur le continent depuis son élection à l’Elysée en mai 2012, parler des thèmes liés à l’enracinement de la démocratie. Il s’agit, pour le président de la République française, d’encourager les dirigeants africains de s’ouvrir encore plus à la démocratie. Faisant l’éloge, jeudi 2 juillet, du régime du Bénin – un pays où la mouvance qui soutient le chef de l’Etat vient de perdre les élections législatives et d’accepter le verdict des urnes – il a tenu à affirmer que «j’ai voulu venir ici, car vous êtes une référence ; vous respectez les textes constitutionnels, les échéances électorales, les rythmes de la démocratie. Si je suis ici, c’est pour montrer qu’il y a des exemples à donner et à suivre».

Pour le Président Hollande, c’est «autant de preuves que le Bénin a réussi à donner à ses institutions une pleine traduction démocratique». L’ancien Premier secrétaire du Parti socialiste français qui vient de passer trois ans à l’Elysée a rendu hommage à la démocratie béninoise qui connaît trois alternances démocratiques vingt-cinq ans après l’instauration du multipartisme et de la démocratie à l’issue d’une Conférence nationale souveraine en 1990. Ces alternances démocratiques ont pu avoir lieu en raison de la détermination d’hommes et de femmes portés par l’élan démocratique, car les tentations n’ont pas marqué. Battu dans les urnes en 2006 par Matthieu Kérékou, le chef de l’Etat sortant, Nicéphore Dieudonné Soglo, avait tenté de «corrompre» Elisabeth Pognon, alors présidente de la Cour Constitutionnelle, pour inverser les résultats du scrutin. Mal lui en a pris, car Elisabeth Pognon avait dénoncé ce stratagème et publia les résultats conformes au verdict des urnes.

François Hollande a aussi, lors de son discours de Cotonou, pointé du doigt la situation du Burundi «plongé dans une grave crise politique en raison de la candidature à un troisième mandat de son actuel Président, Pierre Nkurunziza», au mépris des dispositions législatives en vigueur.

Mais le président de la République française a voulu également saisir l’occasion de cette visite de soixante-douze heures en Afrique subsaharienne pour inviter les dirigeants des pays dont la Constitution ne le prévoit pas, d’aller vers une limitation des mandats présidentiels. Car «sinon, il y a un risque pour la stabilité et la sécurité» dans les pays dont les dirigeants veulent s’éterniser au pouvoir.

On le sait, le président de la République du Congo souhaiterait réviser la Loi fondamentale de son pays qui limite à deux les mandats présidentiels, afin de se représenter en juillet 2016. Au Gabon, alors que la Constitution de 1991 prévoyait un mandat présidentiel de cinq ans renouvelable une seule fois, le Président Omar Bongo avait, après les élections présidentielles de 1993 et 1998, introduit l’illimitation des mandats et même initié l’élection à un tour dans la Constitution. En fait, il avait «ravalé» une à une toutes les dispositions constitutionnelles qui avaient une onction démocratique, bloquant ainsi toute possibilité d’alternance et instituant de fait une présidence à vie. Cela lui avait permis aussi de ne pas donner une assise véritablement démocratique aux institutions constitutionnelles, notamment celles qui sont engagées dans le processus électoral. Ce sont ces dispositions que les membres de la Société civile et de l’opposition, comme d’autres forces vives de la nation, souhaiteraient changer en cas de «dialogue politique inclusif».

Mais, on peut le constater, en rejetant l’idée d’une Conférence nationale en 2013, et en affirmant que «le dialogue ne peut avoir lieu que dans le cadre du Conseil national de la Démocratie (CND)», le Palais du Bord de mer veut aller aux élections sans avoir lâché du lest, sans avoir démocratisé les institutions et initié les voies d’une démocratie apaisée. Il y a beaucoup à craindre pour 2016 ! Et de ce fait, «le Gabon n’a jamais été cité, parmi les nations du monde, comme un pays ayant organisé, ne serait-ce qu’une fois, une élection démocratique», comme le souligne Hervé Grupaune, docteur en Sciences politiques.

 
GR
 

4 Commentaires

  1. Patrick ANTCHOUET dit :

     »Le Bénin, un pays où la mouvance qui soutient le chef de l’Etat vient de perdre les élections législatives et d’accepter le verdict des urnes », voilà ce qu’est la démocratie : perdre les élections et accepter le verdict des urnes.

  2. Patrick ANTCHOUET dit :

    Le Gabon,  »un pays où le Président Omar Bongo a ravalé une à une les dispositions constitutionnelles qui avaient une onction démocratique ». Pauvre Gabon avec une Constitution anti-démocratique.

  3. Patrick ANTCHOUET dit :

     »Le Bénin, un pays où la mouvance qui soutient le chef de l’Etat vient de perdre les élections législatives et d’accepter le verdict des urnes », voilà ce qu’est la démocratie : perdre les élections et accepter le verdict des urnes. Vive la démocratie !

  4. l'ombre qui marche dit :

    Eh oui BONGOMAR a fait beaucoup de mal je me souviens de ce que ce pleutre de nzouba ndama a justifié que la mère des élections se fasse à un tour je me demande vraiment si BONGOMAR était sincère quand il a dit »DIEU NE NOUS A PAS PERMIS DE FAIRE DU GABON CE QUE NOUS SOMMES ENTRAIN DE FAIRE… » car il savait qu’il n’avait plus longtemps sur terre il aurait pu légiférer par ordonnance pour rétablir la présidentielle a 2 tours, nommer d’autres présidents au niveau des institutions ayant un rôle lors des élections mais non il n’a rien fait et je suis obligé de croire à robert bourgi quand il a dit qu’en réalité BONGOMAR avait préparer le biafrais à usurper le pouvoir au gabon effectivement le complot contre la mère patrie a été savamment mené avec la nomination d’un ressortissant d’une province qui se satisfait d’être une sous-province au service du haut-ogoouée à la tête de l’assemblée nationale, la nomination de sa concubine à la tête de la cou constitutionnelle; la désignation d’un buveur d’eau de pieds omarienne à la direction de la cenap ce rappel chers vrais patriotes c’est pour dire en 2016 n’attendons rien de la france encore moins des institutions,mlle mborantsouo marie-madeleine n’étant pas mme POGNON Elisabeth, nous devons être prêts à lutter jusqu’au bout pour arracher de haute lutte notre pays des mains de BOA et de ses mauvais étrangers aucun autre peuple ne le fera à notre place car comment accepter que le vaudouiste accrombessi laisse la démocratie s’installer chez lui au bénin et est entrain de tuer les gabonais ce qui n’est pas bénin!

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