Afrique du Sud : Flambée de folie xénophobe
Depuis le 1er septembre 2019, l’Afrique du Sud connaît une recrudescence de violences xénophobes, essentiellement dirigées contre les communautés immigrées. Celle-ci suscite l’indignation et la colère de plusieurs pays du continent.
Depuis le 1er septembre 2019, l’Afrique du sud connaît une recrudescence de violences xénophobes. © Leparisien.fr
La vague de xénophobie meurtrière qui sévit en Afrique du Sud depuis le 1er septembre 2019, a fait sept morts, des centaines de commerces pillés, voire incendiés, et a conduit à l’arrestation de près de 300 personnes. Ce phénomène qui n’est pas nouveau dans la Nation Arc-en-ciel traduirait la frustration de la population pauvre, face à un chômage qui continue de monter et à une situation sociale qui stagne.
La première puissance industrielle du continent fait face à des difficultés économiques importantes avec un taux de chômage à 29 % (6,7 millions de personnes sur 58 millions d’habitants). Les secteurs du transport, de l’exploitation minière ou de l’industrie ont licencié ces dernières années, alors même que la population en âge de travailler augmente.
À Johannesburg et Pretoria, des commerces tenus par des étrangers ont été détruits et pillés par des Sud-Africains. Dans la région de KwaZulu- Natal (nord-est), des poids lourds soupçonnés d’appartenir à des étrangers ont été incendiés. Ces immigrés, majoritairement illégaux, pris pour cible seraient environ 4 millions dans le pays, selon le gouvernement. Ils viennent en grande partie de pays limitrophes comme le Zimbabwe, le Lesotho, le Mozambique, le Nigeria ou encore la Zambie. L’immigration asiatique (Bangladais, Pakistanais) est aussi présente.
Condamnant fermement ces attaques, avec beaucoup de retard, le président Sud-africain, Cyril Ramaphosa, a assuré que « tout le monde est la bienvenue en Afrique du Sud ». De leurs côtés, les pays africains dont les ressortissants sont pris pour cible ont réagi et manifesté leur colère face à cette situation. Le président Muhammadu Buhari du Nigéria s’est dit «très inquiet» de ces violences contre les immigrés africains, notamment ceux venus de son pays. Il a annoncé l’arrivée d’un «envoyé spécial» en Afrique du Sud et rappelé son ambassadeur. Le président du Zimbabwe a «condamné toute forme de violence alimentée par la haine». Le Botswana a appelé ses concitoyens sur place à faire preuve de «la plus grande prudence» et à «rester vigilants en permanence ».
Condamnation également du président de la Commission de l’Union africaine. Moussa Faki Mahamat a dénoncé ces attaques «abjectes» et appelé à ce que les auteurs de ces actes soient traduits en justice. Plusieurs pays auraient aussi décidé de boycotter la 28e édition du Forum économique mondial sur l’Afrique qui se tient actuellement au Cap, comme le Nigéria, la République démocratique du Congo, le Malawi ou le Rwanda.
La folie xénophobe n’est pas nouvelle en Afrique du Sud, où des affrontements meurtriers avaient déjà fait sept morts en 2015 et plus de 60 en 2008.
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