Afrique centrale : Des aires protégées souvent malmenées et pas bien gérées

L’Observatoire des forêts d’Afrique Centrale (Ofac), basé au Cameroun, vient de dresser un rapport bilan de cinq années, sur l’efficacité de gestion des aires protégées dans les dix pays membres de la Commission des forêts d’Afrique Centrale (Comifac). Selon cette étude financée par l’Organisation des États d’Afrique, Caraïbes et Pacifique (OEACP) et l’Union européenne (UE), par le biais des projets BIOPAMA et RIOFAC, ainsi que par la GIZ ; plusieurs facteurs plombent la contribution des aires protégées au développement de l’Afrique centrale.

Les aires protégées d’Afrique centrale recouvrent 15 % de la surface terrestre et 5 % de la surface marine de la région. © D.R.
L’Afrique centrale compte aujourd’hui 206 aires protégées pour une superficie totale de 800 000 km², soit environ deux fois la superficie du Cameroun. Sur les dix pays de la région, les aires protégées ont ainsi doublé en nombre et en taille depuis vingt ans. Selon le nouveau rapport « Aires protégées d’Afrique centrale : État 2020 », l’Afrique centrale remplit quasiment les objectifs internationaux en termes de superficie protégée.
«Les aires protégées d’Afrique centrale recouvrent 15 % de la surface terrestre et 5 % de la surface marine de la région, ce qui représente un progrès significatif vers l’atteinte des Objectifs d’Aichi – fixés à 17 % pour les zones terrestres et 10 % pour les zones marines – adoptés par les pays signataires de la Convention sur la diversité biologique en 2010. Actuellement, 70 % des mangroves, 20 % des forêts humides, 15 % des savanes et forêts semi-sèches sont protégées », précise Charles Doumenge, chercheur au Cirad et premier éditeur scientifique du rapport.
En revanche, ces aires sont souvent malmenées et témoignent d’une gestion qui pourrait être améliorée. En effet, plusieurs facteurs, dont le manque de moyens humains et financiers, la faible participation des populations locales, le peu de données sur les zones à contrôler en priorité, nécessitent une attention particulière dans les futures interventions.
Gouvernance publique et partagée à l’honneur
En Afrique centrale, 85 % des aires protégées bénéficient actuellement d’un système de gouvernance publique. La gouvernance partagée représente environ 14 % des types de gestion, et le 1 % restant regroupe des rares cas de gouvernance entièrement privée ou communautaire. Dans le cadre d’une gouvernance partagée, elle s’organise le plus souvent avec des organismes privés à but non lucratif, comme des ONG, via des partenariats public-privé et, plus rarement, avec des communautés.
Selon le directeur du Centre de recherche et d’action pour le développement durable (Cerad), Patrice Bigombe Logo, les bénéfices à tirer de ces modes de gestion en plein développement sont nombreux : «Il existe aujourd’hui plusieurs contrats qui délèguent la gestion des aires protégées via des partenariats public-privé. On remarque que ce type de partenariat permet d’améliorer rapidement l’efficacité de gestion des aires, grâce à un appui financier et humain régulier. Par ailleurs, c’est un système qui inclut facilement les populations locales, à travers des concertations, la prise de décision ou via la création d’emplois. »
En effet, dans une optique de développement durable, les auteurs du rapport insistent sur la richesse d’un capital naturel à protéger, qui participe en retour au développement socio-économique de la région. Selon le secrétaire exécutif de la Comifac, Hervé Martial Maidou, ce rapport vise à aider tous les pays d’Afrique centrale à mieux gérer leurs aires protégées mais surtout à promouvoir la coopération sous-régionale sur des enjeux communs et transfrontaliers. Cette édition 2020, coordonnée par trois éditeurs scientifiques du Cirad et de l’Ofac-Comifac, rassemble au total une cinquantaine d’auteurs d’Afrique centrale et d’ailleurs. Elle dresse un portrait harmonisé du réseau d’aires protégées de l’ensemble de la région.

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