Des mesures extrêmes, comparables à des ‘’confinements climatiques’’, ont été adoptées en Asie et en Amérique Latine pour contrer des vagues de chaleur mortelles. Cette nouvelle réalité, évoquée par des experts de la NASA et du GIEC, souligne l’urgence de l’adaptation face à des températures record et des événements climatiques extrêmes, mettant en lumière des enjeux cruciaux de justice climatique et de solidarité internationale. Adrien N’Koghe-Mba* livre, ici, un aperçu inquiétant de ce futur proche.

« Nous sommes peut-être en train de pénétrer un ‘territoire inconnu’ où les changements climatiques modifient déjà, et peut-être irréversiblement, le fonctionnement du système climatique terrestre. » © GabonReview

 

L’année 2023 a été un révélateur sans précédent des bouleversements climatiques que nous commençons à peine à comprendre. Gavin Schmidt, directeur de l’Institut Goddard de la NASA pour les études spatiales, l’un des principaux laboratoires d’étude sur le réchauffement climatique, a exprimé une alarmante vérité dans un commentaire publié le 19 mars 2024 dans la revue Nature : nous sommes peut-être en train de pénétrer un « territoire inconnu ». Les températures records de cette année, surpassant les prévisions des climatologues par des marges significatives, nous signalent peut-être que les changements climatiques modifient déjà, et peut-être irréversiblement, le fonctionnement du système climatique terrestre.

En Asie et en Amérique Latine, des mesures extrêmes s’apparentant à des « confinements climatiques » ont été adoptées pour pallier les vagues de chaleur mortelles. En Thaïlande, par exemple, dès le 5 mai 2024, l’enseignement à distance est devenu la norme pour éviter que les élèves ne soient exposés à des chaleurs insoutenables, comme rapporté par les autorités locales. Des mesures similaires ont été observées au Bangladesh et aux Philippines, où les gouvernements ont fermé les écoles pour protéger les enfants. Des pays comme l’Équateur et la Colombie ont mis en œuvre des programmes de stimulation des pluies et déclaré des jours chômés pour économiser l’énergie et l’eau en réponse à des vagues de chaleur extrêmes, selon des rapports du mois d’avril 2024.

En Iran, des jours fériés ont été imposés en juin 2023 pour permettre à la population de rester chez elle aux heures les plus chaudes, une première mondiale qui pourrait préfigurer une nouvelle norme mondiale face à l’urgence climatique, comme indiqué par l’Organisation météorologique mondiale.

L’Afrique centrale n’est malheureusement pas en marge de ces bouleversements. Selon le sixième rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) publié en 2023, un réchauffement de 2,5 degrés Celsius pourrait entraîner jusqu’à 150 jours de chaleur potentiellement mortelle par an dans cette région. Dans un tel scénario, sans mesures d’adaptation ambitieuses, les confinements climatiques ne seront pas seulement une option, mais une nécessité pour sauver des vies.

L’idée d’un confinement climatique, à l’instar des confinements pour raisons sanitaires vécus pendant la pandémie de COVID-19, est une perspective alarmante mais peut-être inévitable. Elle interpelle sur la capacité des pays, particulièrement ceux aux ressources limitées, à mettre en place des infrastructures et des politiques qui anticipent ces extrêmes climatiques. Cela soulève des questions urgentes sur la justice climatique, l’équité dans l’adaptation et la solidarité internationale.

La situation est grave et les actions doivent être immédiates et proportionnées à la menace qui se profile. Les confinements climatiques pourraient bien devenir une réalité récurrente, un dernier recours dans la lutte pour la survie dans un climat de plus en plus inhospitalier.

* Directeur général de l’Institut Léon Mba et président de l’association Les Amis de Wawa pour la préservation des forêts du bassin du Congo.

 
GR
 

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