Affaire Sylvia et Noureddin Bongo : «Qu’Oligui Nguema prenne ses distances avec le putschiste du 30 août» (Avocat)
Estimant que Sylvia Bongo Ondimba et Noureddin Bongo Valentin sont illégalement en détention à la prison centrale de Libreville et qu’ils subissent des violations de leurs droits, en demandant une nouvelle fois leur libération, le 29 octobre, leurs avocats ont invité le président de la Transition à «prendre la décision d’apaisement et de réconciliation qui s’impose». Mieux, ce collectif suggère à Brice Clotaire Oligui Nguema de prendre «définitivement ses distances avec le putschiste qu’il fut entre le 30 août 2023 et le jour de sa prestation de serment pour assumer les responsabilités de la Nation et de prendre les décisions que les circonstances imposent».
S’exprimant pour la deuxième fois de manière officielle sur le dossier de leurs clients, Sylvia Bongo Ondimba et de Noureddin Bongo Valentin, le collègue des avocats de ces membres de la famille d’Ali Bongo a exhorté, le 29 octobre, le président de la Transition, président de la République à faire preuve de magnanimité. Invoquant plusieurs raisons et circonstances atténuantes, Maîtres Célestin Mba Ondo, Charles Anicet Poaty-Amar, Jean-Paul Moumbembe et Gisèle Eyué Bekalé ont demandé à Brice Clotaire Oligui Nguema de prendre ses responsabilités de président de la République et d’homme d’État.
Le groupe conduit par Me Gisèle Eyué Bekalé a en effet voulu tirer la sonnette d’alarme sur les violations des droits que subiraient leurs clients en prison depuis plus d’une année. Mais aussi, ils ont annoncé une procédure devant la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples, à Banjul (Gambie). «Nous constatons que les grandes lignes n’ont pas bougé. C’est la raison pour laquelle, nous avons saisi la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples», a indiqué Me Eyué Bekalé.
Pour l’un des avocats de ce collectif, Charles Anicet Poaty-Amar, la détention de ces deux membres de la famille de l’ex-président est inappropriée. «Le coup d’État n’est pas une invention gabonaise». Et «ce n’est pas la première fois en Afrique qu’il y a un coup d’État», a-t-il déclaré.
Il explique que partout ailleurs sur le continent, il y a eu des Coups d’État et jamais on ne s’en est pris à la famille de l’ancien chef de l’État. «C’est une première en Afrique que des hommes en armes s’en prennent à une femme», a-t-il regretté, relevant que «partout ailleurs, pour des raisons d’abord morales ; parce que ceux qui prennent le pouvoir par la force, qui sont donc en rupture avec la légalité, comprennent qu’ils n’ont pas l’autorité morale pour donner des leçons aux autres ou pour imposer le respect de la loi dès lors qu’ils sont eux même dans l’illégalité au moment de la réalisation du coup d’État».
Pour cette raison morale, a fait savoir cet avocat au barreau du Québec et de Paris, «les personnes qui procèdent de cette façon s’abstiennent de s’en prendre à la famille de l’ancien chef de l’État».
Les avocats invoquent de même des raisons d’honneur pour expliquer que «parce que l’homme est supposé supérieur en force à la femme, lorsqu’il est armé, sa puissance est augmentée et à plus forte raison dans ces circonstances». Ils fustigent donc le fait qu’au Gabon, «des hommes en uniformes avec la puissance augmentée des armes s’en prennent jusqu’à l’heure où nous parlons à une femme et à son fils». De ce point de vue, l’avocat au barreau de Paris et du Québec estime que «cela déconsidère l’autorité morale des Gabonais et une seule personne peut mettre fin à cet état de fait et de chose : le président de la République».
«Le pouvoir suprême de l’État est une responsabilité et une exigence. Lorsqu’on se hisse à ce niveau, on doit laisser les choses qui sont de l’ordre des hommes ordinaires», a suggéré Me Charles Anicet Poaty-Amar.
En vue de la libération des membres de la famille d’Ali Bongo, il sollicite le président Oligui Nguema afin qu’«il prenne définitivement ses distances avec le putschiste qu’il fut entre le 30 août et le jour de sa prestation de serment pour assumer les responsabilités de la Nation et prendre les décisions que les circonstances imposent». «Parce que chaque jour qui passe est un jour de trop pour l’injustice que subissent Madame Sylvia Bongo et Monsieur Noureddin Bongo», a-t-il affirmé, relevant que leur incarcération s’inscrit dans «un contexte de justice impossible». «Il n’y aura pas un procès crédible dans cette affaire. La crédibilité de la justice est définitivement compromise. Qu’il prenne la décision d’apaisement et de réconciliation qui s’impose», a-t-il dit à l’endroit du chef de l’État.
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