En liberté provisoire depuis plus de quatre ans après avoir passé un marché avec la justice, l’ancien patron de Sogara pourrait retrouver les geôles de «Sans-Famille» au terme du procès ouvert jeudi au cours duquel il a reconnu avoir menti sur instructions de l’ancien régime pour enfoncer davantage Brice Laccruche Alihanga et protéger des proches d’Ali Bongo.

Noël Mboumba (à gauche) discutant avec Brice Laccruche Alihanga, le 30 mai 2024 dans la salle d’audience. © GabonReview

 

Ouvert hier, le procès opposant le Ministère public, l’Agence judiciaire de l’État et sept anciens cadres de l’administration publique, dont l’ancien directeur de cabinet d’Ali Bongo, Brice Laccruche Alihanga, et Noël Mboumba se poursuit ce vendredi 31 au palais de justice de Libreville. Les sept co-inculpés comparaissent devant la Cour criminelle spécialisée pour des faits supposés de détournement, de complicité et d’instigation de détournement de fonds publics, de blanchiment des capitaux, de concussion et d’association de malfaiteurs.

Si chacun d’eux risque jusqu’à 10 ans de prison selon son implication dans les malversations financières enregistrées il y a quelques années à la Société gabonaise de raffinage (Sogara), comparaissant libre, Noël Mboumba est celui des sept qui risque le plus gros. Et dès l’ouverture du procès jeudi, le président de la Cour l’a subtilement fait comprendre à l’intéressé en tenant à ce qu’il se tienne à la barre au milieu de ses coaccusés, face à lui. «Vous comprendrez plus tard», lui a lancé le magistrat un sourire en coin. L’accusé était en effet le directeur général de Sogara au moment des faits allégués, avant de se voir nommer quelque temps après ministre du Pétrole.

Liberté provisoire sous fond de mensonge ?

Après avoir passé trois mois en prison, Noël Mboumba avait bénéficié, en mars 2020, d’une liberté provisoire. À l’époque, face à la presse, l’ancien ministre avait reconnu avoir passé un deal avec la justice, reconnaissant au passage les malversations financières portées à son encontre. Des détournements de l’ordre de «plusieurs centaines de milliards de francs». Mais il avait également assuré avoir agi sur instructions de l’ancien directeur de cabinet d’Ali Bongo, Brice Laccruche Alihanga. En témoigne sa conférence de presse du 12 mars 2020, à Libreville, à laquelle GabonReview avait été conviée.

Seulement, coup de théâtre, plus de quatre ans après, l’ancien DG de Sogara et ancien ministre du Pétrole reconnaît que ces déclarations lui avaient été extorquées. Il avait menti, cette fois aussi sur ordre. À l’époque, il s’agissait d’enfoncer l’ancien collaborateur du chef de l’État déchu. Objectif : éviter que les «vrais» coupables soient inquiétés. Et parmi ceux-ci, Sylvia et Noureddin Bongo, l’épouse et le fils aîné d’Ali Bongo aujourd’hui rattrapés par la justice.

«BLA» et les autres innocentés ?

Dès lors, les nouvelles déclarations de Noël Mboumba pourraient-elles permettre de dégager de tous soupçons Brice Laccruche Alihanga et les six autres co-inculpés ? La défense de l’ancien tout-puissant dircab n’en doute pas, d’autant que durant l’instruction de l’affaire, l’intéressé a toujours nié être l’instigateur des agissements de son ancien compagnon de l’AJEV. Il affirme ne pas être le fameux «Boss» dont l’ancien patron de Sogara disait recevoir ses ordres via des messages WhatsApp versés au dossier. 

Le deal passé avec la justice, et vraisemblablement avec l’ancien régime, ne tenant plus, Noël Mboumba retournera-t-il en prison après avoir soufflé quatre ans ? La Cour criminelle spécialisée devrait se prononcer ce vendredi.

 
GR
 

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