Affaire Esther Miracle : Brice Constant Paillat démissionne du gouvernement
Consécutif au naufrage du navire Esther Miracle ayant causé au moins 21 morts et plusieurs dizaines de traumatisés, le ministre gabonais des Transports a démissionné (ou été contraint de sortir) du gouvernement. Brice Paillat a remis, ce jeudi 16 mars, sa démission au chef de l’Etat qui l’a acceptée. Si le gouvernement a promis une enquête approfondie sur ce que l’on considère comme l’une des pires catastrophes maritimes de l’histoire du Gabon, d’aucuns s’interrogent déjà sur le sort de Brice Constant Paillat après sa sortie.
Au Gabon où un naufrage dans la nuit du 8 au 9 mars a fait plus d’une vingtaine de morts, les rassemblements des centaines de personnes chaque jour depuis le 9 mars au Port-Môle de Libreville, semblent raisonner comme des cris stridents des victimes d’Esther Miracle pour accentuer une sorte de pression sur le gouvernement. Si le cabinet Bilie-By-Nze a promis une enquête, et depuis le 13 mars des individus sont interpellés et placés en garde à vue, aujourd’hui c’est le ministre des Transports, Brice Constant Paillat, qui a été démis de sa fonction.
Sauf erreur, sa démission n’a pas été formellement réclamée par les victimes ou leurs familles mais l’opinion, à qui Gabonreview a emboité le pas depuis l’interpellation de certains cadres, dénonçait jusqu’ici le fait que «les seconds couteaux paient quand les chefs bénéficient d’une totale impunité voire d’une immunité». Comme pour engager la responsabilité du ministre des Transports dans cette affaire, Brice Constant Paillat était critiqué pour n’avoir pas rappelé à l’ordre les administrations sous sa tutelle afin d’éviter de telles catastrophes dans le pays, le secteur maritime ayant enregistré ces derniers temps plusieurs sinistres, certes moins dramatiques.
Des catastrophes ? Le département ministériel que quitte Brice Paillat en connaît ! Dans un de ses articles titré «Transport : il n’a pas de bol, Brice Paillat…», Gabonreview en faisait une énumération pourtant élémentaire mais assez évocatrice. Notamment, une Compagnie nationale de navigation intérieure et internationale (CNNII) en mort cérébrale ; des déraillements récurrents de trains comme abandonnés à la providence ; une politique d’aviation civile domestique introuvable dans l’un des pays d’Afrique les mieux dotés en infrastructures aéroportuaires. Bref, l’état stationnaire presque total dans le département que supervisait Brice Constant Paillat.
Plus précisément, depuis son entrée au gouvernement, soit 2 ans et 3 mois, le pays a connu 9 déraillements de train avec à la clé la rupture de la voie ferrée ; enregistré 3 naufrages dont celui du navire Esther Miracle. Que dire quand des accidents de la circulation, en plus du marasme dans l’aviation civile ou aux grèves des anciens élèves de l’École régionale de la formation aux métiers de la navigation intérieure (ERFMNI), s’imbriquent l’imbroglio du Bureau d’enquêtes sur les incidents et accidents d’aviation (BEIAA) et bien plus. Autant de choses qui traduisent une réalité et une urgence : dans le secteur des Transports, tout reste à construire.
Le limogeage du responsable de ce département ministériel apparaissait donc comme une nécessité. Un début de solution pour la reconstruction attendue ? D’aucuns s’interrogent sur son sort après cette sortie du gouvernement. «En attendant, le ministre délégué aux Transports assurera le traitement des affaires jusqu’à la nomination d’un nouveau ministre», avise le communiqué de la présidence de la République ayant officialisé la démission.
4 Commentaires
Bjr. Sortir du gouvernement signifie-t-il pour ce Monsieur un dédouanement complet sur « cet horrible fait divers » ou lui reconnait-on des circonstances atténuantes ?. Dans un autre contexte le transport est une activité transversale. Cela sous-entend que d’autres Ministères travaillent ou collaborent avec celui des transports va-t-on assister aussi à la démission des autres ministres concernés ? Amen.
Tu penses que la déliquescence dans laquelle se trouve tout le pays est de la faute du pauvre Brice Paillat alors qu’ila àpeine un an au gouvernement.? Disons nous la vérité, le mal du Gabon est profond. Laissons le pauvre Paillat tranquille. Ceux qui sont les vrais responsables du naufrage de tout le pays sont toujours là et ne seront jamais punis.
Bjr. Cet article a un relent préventif, de sorte que plus rien ne soit comme avant. Alors dans ce cas prévenir c’est guérir il vous saurais gré de bien listé les ministères dont les catastrophes sont potentiellement prévisibles, et il y en a à la pelle. Amen.
Ce qui est arrivé le 09 mars n’est que la suite logique du déni de la réalité et de l’étouffement de tout que l’on constate depuis un certain nombre d’années dans ce pays. le ministère des transports est en faute, mais quelle est l’entité chargée des missions de sauvetage dans le cas d’espèce? Pourquoi cette entité ne prend pas aussi sa part de responsabilité? car cela ressemble à une non assistance en personne en danger.