Lors d’une conférence organisée le 20 février 2025 à l’Université Omar Bongo, Aurélien Mintsa Mi Nguema, magistrat à la Cour des comptes, a analysé le rôle du franc CFA dans les économies de la CEMAC. Il a plaidé pour une réforme de cette monnaie, en proposant une dualité monétaire afin de stimuler la croissance et renforcer la souveraineté économique des États membres.

Aurélien Mintsa Mi Nguema (à droite), face aux étudiants de l’UOB, le 20 février 2025. © GabonReview

 

La Mutuelle des étudiants de l’Université Omar Bongo a organisé, le 20 février 2025, une conférence sur le thème : «Le franc CFA en zone CEMAC». L’événement a permis au conférencier, Aurélien Mintsa Mi Nguema d’éclairer les étudiants sur cette monnaie et son rôle économique dans la sous-région.

Le magistrat à la Cour des comptes a mis en lumière les caractéristiques du franc CFA et les leviers qui pourraient en faire un outil de croissance pour les États membres. Il a notamment insisté sur la centralisation des réserves d’échange, qui, selon lui, limite le crédit dans les économies locales. «Il apparaît que le franc CFA, à travers la centralisation des réserves d’échange, obère le niveau de crédit possible au sein des économies de la sous-région. C’est pourquoi il convient d’envisager les possibilités d’une amélioration de cet aspect, qu’est la liquidité de l’économie», a-t-il expliqué.

Ainsi, une diminution de la centralisation des réserves, voire sa suppression, permettrait d’augmenter la masse monétaire en circulation. «On gagnerait en termes de masse monétaire disponible au sein de l’économie. Ce qui permettrait d’octroyer des crédits aux agents non-financiers. Ce qui permettrait d’établir un tissu productif important. Ce qui permettrait aux concitoyens de pouvoir développer des petites et moyennes entreprises, des petites et moyennes industries», a-t-il fait savoir.

Adapter le système monétaire aux enjeux actuels

Pour remédier aux limites actuelles du franc CFA, il propose une dualité monétaire : une monnaie nationale pour stimuler la consommation interne et redonner aux États la maîtrise de leur politique monétaire, et une monnaie commune ancrée à un panier de devises. «Je préconise une dualité monétaire : un premier niveau constitué des monnaies nationales, qui aurait pour mission de booster la consommation interne, qui aurait pour mission de redonner au pouvoir public la maîtrise de la politique monétaire», a-t-il affirmé.

Il recommande dans ce contexte une coordination entre politique budgétaire et politique monétaire pour assurer une meilleure stabilité économique. «À côté de la politique budgétaire, qu’il y ait une certaine synchronisation des deux politiques. De l’autre côté, qu’il y ait une monnaie commune aux États de la sous-région, les six États actuels, auxquels se joindraient tous les autres États de la CEMAC».

Aurélien Mintsa Mi Nguema a invité les États de la CEMAC à prendre des décisions claires pour adapter leur système monétaire aux enjeux économiques actuels.

 
GR
 

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