A la redécouverte des «Chroniques d’un pays improbable»
Parce qu’avec les «Chroniques d’un pays improbable», on apprend beaucoup sur les hauts lieux et les dessous de la politique franco-gabonaise, le gaspillage des richesses du pays, les rendez-vous manqués avec l’évolution du monde, les manipulations politiques, l’archéologie sociopolitique du Gabon et les frasques de ses gouvernants. Par ce qu’on est en juin et qu’il faut emporter de la lecture en vacances, nous revenons ce livre publié en juin 2010 aux éditions L’Harmattan, avec nos notes de lecture jadis éditées sur un autre média.
«Chroniques d’un pays improbable» est un roman satirique qui brocarde les cinquante dernières années d’un pays prétendument imaginaire qui n’est autre que le Gabon. Tout y est vrai. Seuls les noms des acteurs et des lieux ont été changés. On y apprend beaucoup sur les hautes sphères et les dessous de la politique franco-gabonaise, le gaspillage des richesses du pays, les rendez-vous manqués avec l’évolution du monde, les manipulations politiques, l’archéologie sociopolitique du Gabon et les frasques de ses gouvernants.
L’ouvrage aurait pu s’intituler «Omar Bongo Roi du Gabon» mais son mystérieux auteur a préféré le titrer «Chroniques d’un pays improbable». Publié en juin 2010 aux éditions L’Harmattan, ce roman est une fresque, très fouillée, s’étendant sur cinquante ans de vie politique d’un pays imaginaire d’Afrique équatoriale, l’Eboni, où aurait vécu son auteur Arthur Scamari.
Le premier chapitre s’ouvre sur le décès d’un chef d’État, patriarche politique manipulateur, auquel va succéder son fils après une transition qui ressemble à s’y méprendre à celle de 2009 au Gabon : le scrutin à tour unique, la dénonciation de la fraude, le recomptage des voix, les accusations sur l’intervention de la France, etc. En fait, c’est l’histoire d’un pays réel qui ne saurait être que le Gabon. L’auteur en est résolument un connaisseur. Il décrit 50 ans de politique intérieure et de relations avec la France. Le lecteur avisé y apprend, à travers les subtilités littéraires, beaucoup de choses sur l’histoire non contée du Gabon.
En effet, tout connaisseur de l’histoire du Gabon pourra facilement trouver à quel lieu, quel personnage réel correspond tel ou tel surnom. Afroville n’est autre que Libreville ; Jules Baisieux est indubitablement Jacques Foccart ; ELF est appelé CAFT ; le président Colin Narkissos n’est personne d’autre que Nicolas Sarkozy ; Barnabé Toumandjé qui deviendra Moktar Toumandjé après s’être converti à l’Islam n’est autre qu’Albert Bernard Bongo qui deviendra Omar Bongo ; Aristide Bonané est Léon Mba ; Léonce Mathata est Eugene Amogho tandis que le journal «L’Essor» figure le quotidien «L’union».
On y apprend, entre autres, comment Omar Bongo gagne sa toute première élection en distribuant aux notables de sa circonscription électorale des fusils calibre 12 et des cartouches, et aux populations, des «bon pour» leur permettant de boire dans les Gaboprix le lendemain du scrutin. Une méthode qui a fait école et qui fonctionne encore.
Les «Chroniques d’un pays improbable» permettent également de comprendre l’influence de la France sur les présidents et l’histoire du Gabon, les dessous de la construction du Transgabonais, les déterminismes de la tenue, en 1977 à Libreville, du sommet de l’OUA. On y apprend comment l’Ougandais Idi Amin Dada avait volé la vedette à Omar Bongo lors de la cérémonie d’ouverture dudit sommet. On s’instruit de ce que l’actuel palais présidentiel a été «dédicacé» avec des cérémonies occultes Ndjobyiste et maçonnique et comment son parking souterrain, rempli de voitures de luxe haut de gamme, fut inondé puis scellé à jamais sous le béton avec tout ce qu’il contenait.
Si le livre est une grosse facétie sur les Gabonais, il ne triture pas moins les Français du Gabon dont la communauté comptait, entre autres, «un brasseur, un cigarettier, un agent maritime-armateur de circonstance plutôt corsaire en Bourse, des banquiers, un assureur, des entrepreneurs de B.T.P., des forestiers.» Faussement raffinés et hautains envers les Eboniens (Gabonais), ils «présentaient un vernis d’éducation, de bonnes manières et de culture des plus diaphanes prêt à se craqueler à la moindre pichenette». Le roman décrit comment ces Français versent dans l’affairisme le plus trivial et ont transformé la rapacité en rigueur, la resquille en savoir-faire.
On s’est énormément interrogé et on a beaucoup extrapolé, au moment de la parution de l’ouvrage, sur l’auteur qui se cache derrière le pseudonyme d’Arthur Scamari. On le saura certainement un jour. Il n’y a pas de vérités cachées que le temps ne fini par révéler.
2 Commentaires
Merci, je ne connaissais pas. Tel que présenté le livre aurait effectivement pu s’appeler « Bongo roi du Gabon ». Ceci prouve que si Ali n’avait pas hérité du pays, on aurait d’autres livres plus époustouflants. Ça prouve aussi qu’il doit déjà s’en écrire déjà sur Ali le Duc américano-béninois du Gabon. Qu’il réduise donc un peu les frasques, parce rien que sa coiffure occupera 1 chapitre (Jet privé pour ramener le coiffeur des States, séance de défrisage avec Oreal Radiant, pose des bigoudis et mise en plis, passage sous le casque, etc). Pour le moment, je vais chercher ces chroniques.
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