[Tribune Libre] Emmanuel Issoze Ngondet ou le soupir de trop
Le décès de l’ancien Premier ministre, Emmanuel Issoze Ngondet, le 11 juin dernier, continue de susciter de vifs hommages. À l’endroit de cet homme considéré comme «un grand serviteur de l’État, doublé d’un patriote sincère», l’ambassadeur du Gabon en Russie, Johanna Rose Mamiaka, dans la tribune ci-dessous, aux allures d’oraison funèbre, refait «son Issoze Ngondet» et témoigne de ce qu’a été ce diplomate chevronné, disparu à 59 ans.
«Et si dans cet univers insondable, il nous était donné de voir Emmanuel Issoze Ngondet, à l’image de Lazard ressuscité par le Christ dans les Saintes Écritures, sortir du séjour des morts ? Et si dans ces flots intarissables de larmes, ce vaste océan de douleurs, nous recevions la grâce ultime de voir cet être cher, si cher à nos cœurs, repasser du sommeil de la mort à la vie ?
Belle espérance qu’une telle promesse nous soit accordée par Dieu le Père, après nos gémissements et nos cris incessants, depuis la date fatidique du jeudi 11 juin 2020. Mais hélas, trois fois hélas, le miracle-lui, n’aura pas lieu. Les déclarations fortes et les paroles de foi n’y feront rien, l’homme ne reviendra plus jamais.
Oui, malgré nos prières intenses gagnées par la tentation de se muer sans conscience, en murmures et reproches après ce Dieu que l’on sait miséricordieux, Emmanuel ne se réveillera pas. Nous ne verrons point la main agissante de l’Eternel combler nos infinies souffrances. Et nous choisissons au milieu de nos désespoirs, la colère comme exutoire, face à nos rêves brisés par ce chagrin bien incontrôlable. Nous sombrons progressivement dans une terrible remise en question, qui nous fait douter du sens de la vie, et de l’existence même de la justice divine.
Mais c’est ignorer, suite à cet immense tourment, que notre Dieu, ce Dieu immuable, ne nous a jamais promis l’éternité sous ces cieux limités. Et c’est oublier, qu’avant la peine de ce moment, Il nous a fait la grâce de demeurer cinquante-neuf ans durant, aux côtés de son enfant, dont Lui Seul connait la destinée. Reflexe d’homme qui ne veut retenir que le mal, et minimiser le bien. Ce grand bien que nous a pourtant fait Emmanuel Issoze Ngondet, tant au service de la Patrie, qu’en famille et comme ami.
Que jaillissent enfin les mémoires de tous, rappelant à l’unisson que d’Ottawa à Addis-Abeba, et de New-York à Moscou, les témoignages sur l’homme sont unanimes. Grand commis de l’État, reconnu pour son sens inaltérable du devoir toujours accompli, le diplomate captivait par son charisme et sa parfaite maitrise des dossiers.
Alors qu’il est rare de faire l’unanimité au milieu des siens et de toutes les communautés, Emmanuel Issoze Ngondet plaisait par sa nature joviale et son caractère posé. Toujours mesuré dans ses positions et ses relations, il ne dérogeait pour autant jamais des principes qui constituaient la base de son éducation. Rompu à la tâche des débats, il aimait échanger avec son entourage et manifester de l’attention, à la fois aux petits et aux grands, démontrant ainsi que l’on pouvait être un homme de pouvoir et avoir du cœur.
Dans sa vision de la relation à l’autre, il n’y avait pas d’un côté les siens, et à l’opposé les autres. Il savait accompagner tous ceux qu’il aimait, et plus encore, les personnes qui le sollicitaient, chaque fois qu’il le pouvait. Il encourageait la culture du mérite, tant au sein de sa famille que dans la société, et exigeait de chacun sérieux et compétence dans l’accomplissement de toutes les tâches.
Homme de grande culture, il multipliait les lectures enrichissantes et était par ailleurs auteur d’ouvrages, dont l’un, resté à l’état de projet, souhaitait parler d’une aventure à ‹‹Quatre bras pour atteindre son destin››. Emmanuel Issoze Ngondet appréciait aussi le calme et les profonds silences, qui lui donnaient l’occasion de se retrouver face à lui-même, et la nature dont il aimait la beauté, alors qu’à ses heures perdues, il adorait jardiner.
La mort est généralement pour ceux qui restent, au-delà du devoir de mémoire et du deuil, le lieu d’un face- à- face éprouvant entre deux âmes, qui ont toujours été en communion, et dont les esprits doivent dorénavant évoluer différemment.
Et celui qui, au fil du temps et des circonstances, n’a pas saisi que la mort ne faisait acception de personne, n’a pas grandi de ses expériences et muri de ses souffrances. Les tourments de la mort n’épargnent en effet personne, et ce mystère irrésolu commande à chacun, de chercher le sens de son passage sur cette terre des hommes.
Emmanuel Issoze Ngondet avait encore de nombreux projets à accomplir. Lui qui parlant du futur, déclarait que le meilleur restait à venir au milieu des siens, a vu sa vie brusquement basculer vers ce voyage sans retour. Il nous abandonne bien malgré lui avec nos rêves et nos espoirs, faisant de la terre un lieu de désespoir, alors que dans le ciel, les anges se réjouissent de le voir. Dieu seul est capable de sonder les cœurs. Pour nous, il est vrai, la tristesse et le désarroi demeurent. Mais gardons aussi le meilleur, riche d’enseignements, de lègues d’amour et de don de soi.
À bientôt Grand Homme».
Johanna Rose Mamiaka, Ambassadeur de la République gabonaise près la Fédération de Russie
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8 Commentaires
C’est juste une petite soeur qui fait des éloges à son bon grand. Les oraisons à n’en point finir ne nous parle pas de son rôle aux faits qui ont eu lieu au Gabon en 2019 et après cette année jusqu’à son départ de la Primature.
Pitié pour lui…Il est maintenant en face du J
uge des juges
Ce monsieur(paix à son âme) a été un premier ministre sans épaisseur, en contraste avec son physique qui en faisait le plus gros premier ministre que le Gabon ait connu bien sûr,tout en transparence.Mr Ndong Sima au même poste n’a pas pris un gramme de plus.
Mon petit doigt me dit que c’est par elle que le poison ou les poisons qui font disparaître nos elites viennent de cette region.. Ukraine-Russie-Tchetchene …
Et aujourd’hui tout le monde vient pleurniché sur son sort..
C’est au Gabon et seulement au Gabon qu’un premier ministre meurt de crise d’asthme.. ou manque d’oxygène.. à l’hôpital general.. Moi je ferai une enquete en mettant dehors le directeur et son adjoint pour faute professionnelle grave.. et une non assistance a personne en danger..FRANCHEMENT
Certes, il n’etait pas quelqu’un de bien apprécié chez nous car il n’avait rien fait pour la region.. mais c’est pas pour autant il meritait la mort..
Aurait-il été contre le systeme.. pour en vouloir a sa personne.. ?? Car il a été asthmatique toute sa vie et il savait tres bien que faire en cas de crise… J’ai des Doutes et de serieux doute.. surtout quand je sais que son medecin m’a dit qu’il l’avait laissé en super forme et devait sortir le jour suivant sa mort!!!! DES QUESTIONS.. ALors, a qui le tour!!!!!????
Celle-là veut qu’ on parle ? Vos histoires de mekanne, faites ça entre vous… N’emmerdez pas les Gabonais
Félicitations, GR, de nous faire part de ce bel hommage, de ce beau témoignage d’amitié et de fraternité d’une Gabonaise à son ancien patron, confrère et frère. Elle le fait et ne s’en cache pas, devant la Face du Seigneur, le Juge ultime, devant « JE SUIS », notre Dieu. Puissent ces paroles d’un vivant pour la rédemption d’un mort, trouver l’écho recherché.
Mais au-delà de ce brillant témoignage, je m’interroge, comme notre ami James de Makokou, sur la facilité et la rapidité avec lesquelles cette disparition semble avoir été admise par la société gabonaise. C’est vrai, il ne sert plus à rien de revenir sur ces malheureux événements. Mais comment ne pas se demander pourquoi un ancien Premier ministre doit-il mourir ainsi, dans ces circonstances floues, de doutes et d’incertitudes, comme si rien ne s’était passé ? Il n’était pas qu’un ancien Premier ministre. Il était aussi ancien ministre des Affaires étrangères, ancien ambassadeur du Gabon dans plusieurs grandes capitales. Lors de sa mort, il portait les habits du Député (du Parti Démocratique Gabonais, au pouvoir) de Makokou. Comment explique-t-on, que chez un patient d’une telle envergure, une simple crise d’asthme devienne brutalement fatidique dans un hôpital de référence du Gabon, sans que les médecins ne puissent intervenir, et intervenir à temps ?
Dans ces conditions, comme le dit GR, beaucoup de Gabonais, à travers cette énième disparition, estiment qu’il y a eu là, un « soupir de trop » dans notre pays. En effet, trop de hauts cadres de la Nation sont partis ces derniers mois, trop ! Parmi eux, plusieurs députés. Pourquoi l’espérance de vie se dégrade-t-elle si subitement à l’Assemblée nationale ? Mais, comme le dit aussi l’auteure de cette tribune, la mort est un phénomène naturel. Personne, depuis la création du monde, n’en a jamais compris ni maitrisé les mécanismes. L’impuissance de l’homme devant un tel mystère demeurera toujours perpétuelle. Cependant, dans nos sociétés primitives, on continue à penser que l’on ne meurt jamais par hasard.
Bjr. En effet véritable oraison funèbre. En tout cas pleine de sincérité presque de l’amour. Mais au delà il y a ce dualisme dans le texte: Morceau choisi : »être un homme de pouvoir et avoir du cœur « . Combien sont ils dans ce gabao a être classée positif face à cette problématique? Amen.
A force de trop manger, on finit par s’étouffer. Quand vous êtes aux affaires(pouvoir) pensez de temps en temps aux gabonais , c’est à eux qu’appartient le Gabon. Si vous mandez trop, vous allez finir par consommer la part de chaque gabonais et le risque de vous étouffer devient grand. Méditez bien messieurs les hauts d’en haut, si vous prenez ou cautionnez des décisions iniques sous prétexte que vous n’en subirez pas vous-même les conséquences ou que vous vous empiffrez tellement que vous n’entendez plus les cris de ceux qui souffrent, alors vous courrez le risque de vous étouffer. Moralité battez vous pour le plus grand nombre, c’est-à-dire pour des causes justes.
Il était Premier ministre et n’a rien fait pour ces mouroirs d’hôpitaux. Mais comme les frontières sont fermées, le riche ne pouvant plus aller narguer le pauvre dans les hôpitaux huppés au personnel qualifié de l’Occident, ils meurent déjà aussi facilement et lamentablement.
Paix à ton âme !