Freddy Koula : Le « come back » d’un journaliste lanceur d’alerte
Pour avoir dénoncé les mauvais traitements infligés aux footballeuses de l’équipe nationale gabonaise, notamment lors de leur dernière sortie en France, en 2019, Freddy Koula Moussavou vient de purger sa suspension de six mois, infligée par la Haute autorité de la communication (HAC). Le journaliste gabonais a fait son retour jeudi dernier sur Radio France internationale (RFI) dans l’émission Radio Foot International, dont il est un des journalistes-consultants. Il revient avec Gabonreview sur ce temps mis hors antennes, qui lui a permis de matérialiser deux principaux projets : la création d’un club de football féminin, l’Atlético Akanda, et l’organisation d’un tournoi de football dédié aux médias gabonais.
Freddy Koula, journaliste et président du club féminin de football Atlético Akanda. © D.R.
Gabonreview : Comment avez-vous vécu votre période de suspension de toute activité journalistique ?
Freddhy Koula Moussavou : (sourire). Pour tout vous dire, cela a été moralement éprouvant. Pour les proches aussi. J’avais l’impression d’avoir commis un crime, alors qu’au fond, je n’ai fait que ce que n’importe quel journaliste qui se respecte aurait fait. Toute proportion gardée, je me suis vu dans la peau d’Edward Snowden : j’ai rendu service au plus grand nombre, les jeunes filles footballeuses en l’occurrence. Pour cela, je suis devenu l’ennemi de la Fédération gabonaise de football, et de tous ceux qui aiment jouer à cache-cache dans ce milieu.
Malgré tout, cette suspension m’a permis de passer beaucoup de temps en famille au Gabon, puis de réaliser deux projets qui me tenaient à cœur : le tournoi des médias (Media’s Cup) organisé en octobre 2019 et la mise en ligne place de l’équipe féminine Atlético Akanda, que j’ai montée avec des amis.
Regrettez-vous d’avoir dénoncé ces faits ?
Jamais ! Si c’était à refaire, je le referais. Je me dis toujours, si à la place d’une de ces filles, c’était ma petite sœur (qui a 19 ans aujourd’hui). Je ne peux pas avoir vu certaines images, entendu des lamentations ou des pleurs et rester insensible. Ça ne me ressemble pas. Le journalisme est aussi un métier d’interpellation, d’alerte, et surtout de dénonciation. Le football féminin, et même chez les hommes, a besoin d’un lessivage, et d’une réorganisation qui passe d’abord par une mise à nu du système.
Est-ce cette « affaire » qui vous a poussé à créer le club Atlético Akanda dont vous êtes actuellement le président ?
En partie, oui. Cela m’a permis de passer à l’action, car l’idée de me turlupinait l’esprit depuis un moment. Le lancement de l’Atlético est surtout un message d’espoir et une preuve qu’on peut organiser une équipe par la seule volonté. Avec des bénévoles passionnés.
C’est un projet d’Académie de football féminin qui est né il y a un trimestre déjà. Et, en peu de temps, on a déjà réussi à attirer quelques meilleures jeunes joueuses du pays, et redonner à certaines l’envie de rejouer au football, et d’aller à l’école vu que le projet est d’abord éducatif. La footballeuse Mazaly Vanessa, par exemple, n’était plus allée à l’école depuis 6 ans. On l’a mis dans un centre de formation. Elle apprend désormais un métier.
On espère que personne ne nous mettra les bâtons dans les roues, et que les autres, la Fédération comprise, suivront la dynamique positive que nous avons enclenchée.
2 Commentaires
Bjr. publié nous aussi les résultats scolaires de ces joueuses ce serait aussi mieux. En tout cas bon courage. Amen.
Honte à la HAC !!!