Il n’y a jamais eu de Gramoxon chez Siat Gabon
Deux rapports postérieurs à celui de l’ONG Croissance Saine Environnement ayant servi à la rédaction de notre article sur l’utilisation du Gramoxon à Siat Gabon, viennent mettre à jour le témoignage erroné d’un notable de la localité dont est partie cette information.
La mission de l’ONG Croissance Saine Environnement concernant l’opération de destruction de la palmeraie de Zilé, à 15 km de Lambaréné, dont le rapport a servi de base à la rédaction de notre article intitulé «Siat Gabon et l’affaire Gramoxon», a été contredite par les rapports de l’ONG IDRC-Africa et du Centre National Anti-Pollution (CNAP). Autrement dit, deux enquêtes supplémentaires ont été menées à Zilé après la mission de l’ONG dirigée par Nicaise Moulombi.
Hervé Omva Ovono, coordonnateur des programmes de l’ONG Initiatives Développement Recherche Conseil Africa (IDRC-Africa), s’est notamment étonné de ce que Croissance Saine Environnement qui, au terme de sa mission à Zilé, avait recommandé «une véritable évaluation environnementale sur le site concerné», ait omis d’indiquer les contre-expertises effectuées par l’IDRC-Africa et par le Centre National Anti-Pollution à ce sujet. Daté du 30 juillet dernier, le rapport de l’IDRC-Africa porte sur l’ «Identification des risques dans le processus de destruction de la palmeraie de Zilé». Cette ONG a effectué, du 27 au 30 juillet 2012, une mission dans la région concernée, en vue d’évaluer les faits mentionnés dans le rapport de Croissance Saine Environnement.
Dans le rapport de l’IDRC-Africa on note, au sujet de l’utilisation du fameux Gramoxon, le témoignage d’un certain Pierre Mamboundou Mamboundou, notable du village Tsouka. A l’origine de la confirmation par Croissance Saine Environnement d’un usage du Gramoxon, le notable est en finalement passé aux aveux.
«M. Pierre Mamboundou Mamboundou affirmera avoir vu des bidons identifiés au nom de Gramoxon avec les travailleurs de Siat Gabon. Mais après près d’une heure d’entretien en groupe ce dernier affirmera ce qui suit : «en tout honnêteté je n’ai jamais vue de bidon identifié au nom du Gramoxon, mais comme je sais que c’est un herbicide et comme le palmier est une herbe donc c’est pourquoi j’ai utilisé ce nom (…) Mr Mamboudou Mamboundou Pierre a confirmé les propos qu’il avait tenu à l’ONG Croissance Saine Environnement. Au sortir cet entretien on comprendra qu’il n’y a jamais existé la présence du Gramoxon sur le site Zilé», peut-on lire dans le rapport de l’IDRC-Africa.
Scrupuleux, Hervé Omva Ovono a également porté à notre connaissance un «Rapport de mission d’enquête environnementale» effectué par le Centre National Anti-pollution au sein des installations agroindustrielles de Siat Gabon. La mission faisait également suite «aux informations rapportées par I’ONG Croissance Saine Environnement, relatives à l’usage de deux pesticides, notamment le «Finish» et le «Gramoxon» de la famille des herbicides, destinés à l’empoisonnement des vieux palmiers de la plantation de Zilé existante depuis 1978.» Au terme de sa mission et après avoir également cité le notable Mamboudou Mamboundou, le CNAP a consigné dans son rapport qu’ «en ce qui concerne l’usage du Gramoxone il est difficile de confirmer l’utilisation de cet herbicide dans le processus d’empoisonnement des vieux palmiers dans les parcelles de la plantation de Zilé.»
Il n’a donc jamais été question de Gramoxon ou de Paraquat dans les plantations de Siat Gabon. Une interrogation fondamentale vient à l’esprit : Pourquoi le patron de l’ONG Croissance Saine Environnement, joint au téléphone pour quelques précisions et informé du projet d’article de Gabonreview, n’a-t-il pas signifié à notre rédaction l’existence de ces enquêtes postérieures à la sienne ? Hervé Omva Ovono assure que le patron de Croissance Saine Environnement était bien au fait de ces enquêtes ayant suivi la sienne.
8 Commentaires
On appelle ça l’honnêteté intellectuelle. Être induit en erreur, le reconnaître et faire un article rectificatif, est une preuve de professionnalisme. D’autres auraient laissé passer. Merci et félicitations à Gabon review.
Faite votre travail et demandez au responsable de cette ONG de s’expliquer. Il est Possible qu’il y ait manipulation dans les 2 sens. Il ne faut pas prendre la parole de Siat pour argent comptant juste parce que le notable s’est rétracté.
Je travaille à un endroit ou j’ai vu passer les 3 rapports cités dans cet article et il faut dire que j’ai surtout été déçu par les rapports de contre expertise. Tous interrogent des villageois ou des travailleurs de Siat et tous font parler ce Mamboundou Mamboundou. Le Centre Anti Pollution est le plus honteux. Son enquête et ses conclusions ne se sont pas basés sur une analyse en laboratoire des prélèvements des palmiers tués, mais sur des causeries avec les villageois et planteurs. Ce qui est déplorable pour une structure portant un tel nom.
Il a donc suffit de faire changer l’avis d’un villageois, fut-il chef de Canton, pour tirer des conclusions au bénéfice de Siat?
Dans son précédent article sur ce sujet, le journaliste demandait : « Pourquoi Siat Gabon a-t-elle tenu à s’expliquer sur la méthode de destruction de sa palmeraie de Lambaréné ? » En effet, pourquoi avoir communiqué sur cela dans les médias gabonais alors que le site internet de Siat est muet sur le sujet? On peut légitimement penser que Siat a manipulé les deux missions ayant suivi celle de Mr Moulombi. Ainsi va le Gabon.
Nelson Mandji, tu affirmes travailler dans un endroit où tu as vu passer les 3 rapports (mais malheureusement tu es resté muet…sic). En ce qui concerne le rapport de l’ONG IDRC Africa, nous ne nous inscrivons pas dans le cadre d’une contre expertise dans la mesure où nous avons été saisis par l’ONG CSE comme expert et membre de la société civile gabonaise. Et nous avons penser qu’en tant qu’expert sur un sujet aussi important il fallait aller sur le terrain avant d’ apporter certaines affirmations. IDRC Africa est une ONG objective et sérieuse, nous nous inscrivons dans une dynamique de transparence et de développement.
Un grand bravo à François Ndjimbi.
Et si le problème venait de la politisation excessive et du manque de rigueur de ceux qui s’arrogent un peu vite la belle étiquette de société civile? A part Gabon review, qui s’honore en publiant cette information additionnelle, il y a bien peu de gens crédibles dans ce pays. Les ONG ont un agenda politique (quand il n’est pas bassement financier) quant aux journalistes, leur opinion dépend de qui les paient et non de leurs observations. A se demander si le vrai problème du Gabon, ce ne sont pas les (mauvaises) habitudes des gabonais eux-mêmes. On en est parfois réduit à attendre le passage d’observateurs étrangers (journalistes, WWF, IUCN…) pour se faire une opinion. C’est triste.
@Ni lire ni écrire. Vous devez avoir raison mais quand avez-vous vu entendu le WWF élever la voix au Gabon ? La loi sur les parcs nationaux est violée à longueur de journée, le code de l’environnement aussi, la loi minière également, le WWF regarde impuissant, de peur de s’attirer les foudres des émergents. Au contraire, on même parfois l’impression que du fait de l’arrivée de Lee White ( un transfuge de WCS) à la tête des parcs nationaux dans des conditions contraires à la loi sur les parcs nationaux, les ONG internationales se rendent complices de toutes les dérives…. Il est plus triste de voir ces ONG parler sous cape des dérives en acceptant d’accompagner ce mouvement et faiore croire à Ali Bongo qu’il défend l’environnement alors qu’il est un des pires destructeurs de l’environnement
Il y a peu de vérité partout. Cependant, il faut savoir dans un premier temps que notre pays est signataire de plusieurs conventions internationales et pour certaines, il est exigé un « consentement » pour importer tel ou tel produit chimique. la faiblesse de moyens opérationnels ((pas de labo fonctionnels) du Centre Antipollution n’arrange rien. Pour les enquêtes ce types d’expertises, je suggère aux experts d’utiliser toutes sources d’informations natamment en travaillant en étroite collaboration avec les services de douanes, etc… IL S’AGIT DE NOTRE PAYS. L’HERITAGE LE PLUS PRECIEUX QUE NOUS TRANSMETTRONS A NOS ENFANTS.
Nous pensons qu il est quand meme temps que le gabon prenne son destin au serieux.La protection de l’environnement devient une réalité quand?Que ça soit le Cnap ou la DGE,personne n’a la volonté de se soucier de demain.
Une agence devra être créée pour controler la qualité scientifique de leur rapports,sinon l’environnement continuera à etre juste une vache à lait,rien de concret