Guinée-équatoriale : Controverse autour du prix scientifique Unesco

C’est ce 17 juillet que l’Unesco remettra à Paris le prix scientifique «Unesco-Guinée équatoriale», entièrement financé par le président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema. Très controversée, la récompense fait polémique au point où plusieurs ONG dont Sherpa parlent d’un « Prix de la honte ».

C’est au total trois scientifiques, notamment un Égyptien, un Sud-Africain et une Mexicaine qui devraient se voir décerner le prix «Unesco-Guinée équatoriale» pour la recherche en sciences de la vie qui s’élève à 2,46 millions d’euros.

La France et le reste des États européens membres de l’Unesco aux côtés des organisations non gouvernementales, Human Rights Watch, Sherpa, qui s’insurgent contre cette initiative, promettent de boycotter la cérémonie.

«Il est honteux et totalement irresponsable pour l’Unesco de remettre ce prix, eu égard aux multiples questions morales et juridiques qui l’entourent», critiquent dans une lettre commune ces ONG, parmi lesquelles Human Rights Watch, Sherpa ou EG Justice.

S’appuyant sur les scandales de détournement de fonds, de blanchiment, de corruption, et sur les violations des droits de l’homme dans ce petit pays de la sous-région d’Afrique centrale, la polémique autour de ce prix, intervient au plus mauvais moment pour l’Unesco. La justice française soupçonne en effet le chef de l’État équato-guinéen d’avoir acheté plusieurs propriétés grâce au détournement de l’argent public de son pays.  Depuis le 13 juillet, son fils, Teodorin Nguema Obiang, est lui aussi dans le viseur de la justice. Il fait l’objet d’un mandat d’arrêt international pour détournement de fonds et blanchiment d’argent dans le même dossier.

«La Guinée équatoriale, reste un pays pauvre, où l’espérance de vie dépasse à peine 50 ans et où 15 % des jeunes Guinéens meurent avant l’âge de 5 ans. Pourtant, les ressources du pétrole permettent théoriquement au PIB par habitant d’atteindre 35 000 dollars en 2010, soit un chiffre légèrement supérieur à celui de la France. Le pays est victime de la concentration des richesses dans les mains d’un petit groupe de personnes, qui s’incarne dans la famille du président. Teodoro Obiang Nguema était considéré comme le 8e dirigeant le plus riche du monde par le magazine Forbes en 2006» mentionne le site internet l’express.fr.

Personnellement opposée à la remise de ce prix, Irina Bokova, la directrice générale de l’Unesco était cependant tenue d’organiser la remise de cette distinction par un vote intervenu en mars au sein de son Conseil exécutif.

Créé en 2008, d’une valeur de 3 millions de dollars (sur 5 ans), ce prix déjà polémiqué à l’époque, n’a pas été remis depuis 2010. À l’origine, il portait le nom du président de Guinée équatoriale Teodoro Obiang Nguema, qui a depuis accepté de le remplacer par celui de son pays. Mais ce changement de dénomination ne résout en rien le problème principal, qui concerne l’origine des fonds utilisés pour son financement.