Le surprenant retour des panneaux publicitaires à Libreville
Après avoir été détruits par les autorités, avec des prétextes non clarifiés, les panneaux publicitaires refont surface à Libreville. Ce qui n’est pas, à l’approche de l’élection présidentielle, sans susciter des questionnements au sein de l’opinion. L’on reparle d’André Mba Obame et d’un ami de Richard Attias.
Une série d’implantations de panneaux publicitaires a été observée ces derniers temps à Libreville. Ces supports d’affichage géant avaient été détruits, en janvier 2014, au cours d’une opération, surprise et musclée, menée par les agents du Génie militaire.
Protection du patrimoine routier national
Si la mairie de Libreville et le ministère de l’Intérieur n’ont, jusqu’à ce jour, pas communiqué sur l’affaire, nombreux sont les Gabonais qui s’interrogent sur l’intérêt de cette réimplantation à moins de deux mois de l’élection présidentielle. D’autres par contre cherchent toujours à comprendre pourquoi les précédents panneaux avaient été démolis.
Pour justifier la destruction des panneaux, le gouvernement invoquait les dispositions de l’ordonnance n°29/70 du 17 avril 1970 et celle de la loi n°13/2003 du 17 février 2005 portant protection du patrimoine routier national. Mais Hans Founguès, alors porte-parole du collectif des professionnels de l’affichage, avait battu en brèche cet alibi, rappelant qu’il n’y a jamais eu de loi portant ratification de l’ordonnance de 1970. Près de 500 emplois furent, en tout cas, mis en péril avec cette opération de démantèlement des panneaux d’affichage géants.
André Mba Obame et Richard Attias
Une bonne partie de l’opinion affirme que la destruction de ces panneaux n’avait d’autre but que de régler des comptes à l’opposant André Mba Obame. Lors des élections municipales de 2013, en effet, B&O Communication, entreprise dont celui-ci était le promoteur, avait mis son réseau de panneaux d’affichage au service des listes «Gabon pour tous», proches de l’Union nationale, parti politique alors prohibé. Ce qui, laissant entrevoir ce que pourrait être la campagne électorale de la présidentielle 2016, aurait fâché le pouvoir.
Lors d’une déclaration en mars 2014 à la Chambre de commerce de Libreville, les professionnels de l’affichage déclarèrent que leurs soupçons se tournaient vers Richard Attias. Si l’homme s’en est défendu, il reste qu’on se souvient de ce qu’il avait fait venir à Libreville, pour le New York Forum Africa 2014, Jean-Sébastien Decaux, président de JC Decaux Sud Europe Belgique et Luxembourg. Le hiérarque de ce groupe industriel français spécialisé dans la publicité urbaine avait, lors de son exposé au raout librevillois de Richard Attias, établi des similitudes entre Libreville et São Paulo, la ville du Brésil, dont le maire avait décidé, en 2007, de détruire tous les panneaux d’affichage en vue de mettre un terme à la cacophonie visuelle, liée à la publicité. «Quelle va être maintenant la vision des autorités pour aménager la ville [de Libreville], pour apporter de nouveaux produits, de nouvelles fonctionnalités aux citoyens, pour apporter de nouvelles formes de communication aux clients de la publicité et donc de faire de Libreville une ville plus attractive pour faire de la publicité, pour dépenser dans les rues de Libreville, et pour en profiter pour réaménager les villes, embellir la ville ? Ça va être un enjeu des prochains mois, je l’espère, ici à Libreville», avait laissé entendre Jean-Sébastien Decaux en 2014 au New York Forum Africa. Mais ceci suffisait-il à expliquer cela ?
Toujours est-il qu’après le démantèlement des panneaux d’affichage à Libreville, rien n’a été fait et JC Decaux SA n’a refait parler de lui qu’en avril dernier, avec l’annonce d’une négociation avec la Société gabonaise de transport (Sogatra), pour la construction d’abribus dans les villes de Libreville, Owendo et Akanda.
Il reste que pour de nombreux Librevillois, la réapparition, aujourd’hui à Libreville, des panneaux publicitaires géants devrait permettre de mieux vendre l’image du candidat du PDG, Ali Bongo Ondimba, lors de la campagne électorale pour la toute prochaine présidentielle. Une opinion plausible, au regard des messages déjà véhiculés sur les premiers panneaux et l’empressement avec lequel la réimplantation se déroule à Libreville. Mais la principale interrogation aujourd’hui est de savoir qui est derrière la réapparition de ces panneaux. Qui seront leurs principaux utilisateurs et à quel prix ? Si tant est que ces panneaux sont réimplantés pour une raison électoraliste, peut-on penser que tous les candidats auront le droit d’y afficher leur effigie ? Autant de questions auxquelles devrait répondre le maire de Libreville, Rose Christianne Ossoucka Raponda, au risque de laisser croire qu’elle préserverait les rues de Libreville de la cacophonie visuelle plus haut déplorée, pour favoriser certains candidats au détriment des autres.
Auteur : Jean-Thimothé Kanganga
3 Commentaires
Panneaux publicitaires ou pas et même si ces derniers faisaient un kilomètre carré de surface on ne s’en laissera pas conter!
Liberté d’expression d’Ali: c’est lui seule qui parle et le reste la ferme… Il sera affiché seul au vu et au su de tous (même des observateurs qu’il va emmener pour frauder si on le regarde organiser sa prochaine forfaiture).
Avec ou sans,la campagne pour Ali Bongo Ondimba fonce