Quid du MPDR de Jean-François Ntoutoume Emane ?

Depuis l’annonce de sa création le 2 octobre dernier par l’ancien Premier ministre, le Mouvement patriotique et démocratique pour la refondation (MPDR) semble peiner à asseoir ses structures. Même si le leader (et unique membre ?) de cette formation politique a tenu des causeries à Libreville, à Ntoum et publié récemment un document sur sa vision du Gabon, le MPDR demeure un parti inconnu et, en tout cas, invisible dans le paysage politique gabonais.

 
Qui en est le n°2 ? Qui en est le secrétaire général ? Qui en est le responsable provincial dans l’Estuaire ou dans la Ngounié ? Combien de militants ? Combien de cellules installées ? Pourquoi Frédéric Massavala a-t-il cessé son compagnonnage d’avec lui pour rejoindre Guy Nzouba Ndama ? Le MPDR n’a toujours pas d’existence juridique. A-t-il seulement un bureau provisoire ? Pourtant, le 2 octobre dernier – il y a plus de sept mois – lorsque Jean-François Ntoutoume Emane lançaitntou ce parti, il avait laissé entendre que plusieurs compatriotes le rejoindraient très rapidement pour mettre en place les structures devant présider au fonctionnement de la formation politique. Il espérait, en réalité, que des militants PDG du 5^e arrondissement et des personnes ayant bénéficié de nominations ou de promotion à la Marie de Libreville sous son magistère le rejoindraient. Sept mois plus tard, beaucoup n’ont pas sonné à sa porte. Ces personnes restent plutôt accrochées à leurs postes et à leurs privilèges, alors qu’il y a quelques mois, elles lui avaient promis de le rejoindre dans sa nouvelle structure. De même, d’anciens ministres et députés avaient annoncé un prochain ralliement à l’ancien Premier ministre. De tout cela, rien ne s’est fait. Ils se sont rétractés… pour des raisons personnelles ? Il y a aujourd’hui comme une désillusion à Tahiti…
En réalité, la seule démission des rangs du Parti démocratique gabonais (PDG) pour rejoindre le MPDR vient de… Ndjolé. Le Pr. Pierre Ndong Méyé, son directeur de cabinet durant cinq années à la Mairie de Libreville, après avoir été son conseiller à la Primature pendant six ans, vient de partir du PDG. On annonce aussi que l’un des enfants de l’ancien maire de Libreville, actuellement directeur général adjoint des Affaires sociales et des Relations avec les partenaires sociaux à l’Hôtel de Ville, devrait avoir une fonction de premier plan dans ce parti, tout comme un autre ancien conseiller du maire de Libreville, aujourd’hui à la retraite.
Au demeurant, Jean-François Ntoutoume Emane est un personnage sympathique et généreux, même s’il a eu des ruptures difficiles avec d’anciens partisans tels que Charles Mba Bisséghé, Joseph Landry Mavoungou Ndong Bitéghé, Georges Nzoghé Békalé, Pierre Etoughé, Jean-Félix Ayo Adibet, Guy-François Mounguengui Koumba et Marie-Cécile Lembémé. Ses conférences de presse sont attendues et suivies, ses prises de position écoutées. Ses causeries à Lalala, Okala, Ntoum et même Oyem ont été appréciées, mais sa décision de rompre avec la majorité et de quitter le PDG n’a pas suscité l’adhésion qu’il était en droit d’attendre des populations de son village natal et ancien fief électoral (Lalala). Peut-être a-t-il paru trop sectaire là où il se devait d’apparaître comme un rassembleur. Peut-être a-t-il trop «frappé» plusieurs enfants de Lalala lors de son quinquennat à l’Hôtel de Ville. Peut-être aussi a-t-il trop cru qu’il suffirait qu’il annonce la création d’un mouvement politique pour que tous le rejoignent. Peut-être est-il aussi trop rancunier, accordant rarement le pardon à ceux qui lui ont fait du tort à un moment de sa vie. En tout cas, il faut avouer que, pour le moment, le MPDR c’est échec et mat, même si la partie n’est terminée.
Si Jean-François Ntoutoume Emane reste donc une personnalité politique de tout premier plan dans sa province d’origine et au-delà, il n’en demeure pas moins que sa formation politique, n’ayant reçu pour le moment aucune figure emblématique de la vie politique nationale et n’ayant ni section, ni comité, ressemble à un parti mort-né !