Un perfide stratagème de débauchage des cadres Gabonais a été mis en place chez le numéro des opérateurs en téléphonie mobile du pays. Il consiste à se débarrasser de près d’une centaine d’emplois par la ruse. Airtel Gabon, entreprise citoyenne ?  

© Gabonreview

© Gabonreview

 

Récemment promu à la tête d’Airtel Gabon, le Congolais Alain Ntarhiba Kahasha Ntumwa est vraisemblablement en mission de sale besogne, selon l’expression d’un employé de cette maison. Dans cette entreprise de téléphonie mobile qui a vu passer une dizaine de directeurs généraux en une dizaine d’années, près de 90 emplois sont menacés à l’analyse du subterfuge présenté par le nouveau DG, le 4 mai dernier.

Organigramme sournois pour résultats positifs

Un jour auparavant, à la faveur d’une visioconférence avec le directeur Afrique du groupe, les employés étaient informés d’une croissance accélérée du chiffre d’affaires d’Airtel Africa, à 5,9 % pour le 4e trimestre. De même, il leur était annoncé une hause, à l’échelle annuelle, de la consommation du data et des données voix, respectivement de 110,1 % et 43 %. C’est dans ce contexte optimiste pour Airtel africa que, dès le lendemain de l’annonce de ces résultats, Alain Ntarhiba Kahasha Ntumwa s’est fendu d’une assemblée générale avec le personnel pour présenter un nouvel organigramme de la section gabonaise d’Airtel. Et, surprise : sur le nouveau schéma d’encadrement de l’entreprise de nombreux départements ou directions ont été élagués, perdant un bon nombre de services. À titre d’exemple, certaines directions qui avaient jusque-là cinq démembrements se retrouvent avec deux seulement. Naturellement de nombreux cadres perdent leurs affectations habituelles.

Il se trouve, malheureusement, que tous ceux qui ne figurent pas dans ce nouvel organigramme sont mis à la disposition de la Direction générale, sans affectation. Lors de l’assemblée générale sus citée, le nouveau directeur général a clairement expliqué que les agents sans nouvelle affectation doivent eux-mêmes se trouver des points de chute dans certaines directions ou attendre qu’un service leur fasse appel en cas de besoin.

Se mettre soi-même à la porte

Autrement dit, près de 90 employés d’Airtel Gabon se retrouvent à aller pointer tous les jours sans poste d’affectation ; plus simplement sont confinés à glander. «Cette sinécure n’est pas sans danger, explique un employé d’Airtel Gabon, ces personnes sont exposées au licenciement à la moindre erreur». Indiquant que son téléphone est ouvert à tous, Alain Ntarhiba Kahasha Ntumwa a laissé comprendre que ceux qui ne supporteraient pas cette situation peuvent toujours monter le voir, pour discuter «face to face», selon l’expression de l’employé sus cité. Plus clairement, 90 agents sont ainsi insidieusement poussés à aller négocier leur départ. Le cynisme dans toute son expression, pourrait-on dire.

Il y a quelques mois, selon des sources concordantes, Airtel Gabon avait mis en place un programme de départ volontaire. Bien négocié par les délégués du personnel, ce plan offrait des avantages alléchants que ne pourrait offrir la négociation, au cas par cas, vers laquelle on pousse pernicieusement les bannis du nouvel organigramme. «C’est une manière de mettre des Gabonais au chômage, avec des tickets de sortie ridicules», peste un autre employé d’Airtel Gabon. Et d’ajouter : «certes, Airtel Gabon ne réalise pas les objectifs surdimensionnés fixés par la direction internationale par rapport au marché gabonais de la téléphonie, aujourd’hui à maturité, mais nous ne perdons pas de l’argent, nous réalisons toujours des bénéfices. Pourquoi ne met-on pas en place une solution globale ?».

En effet, si tant est qu’Airtel Gabon veut se délester de quelques pesanteurs salariales, pourquoi ne pas appliquer le programme de départ volontaire dont ont bénéficié une cinquantaine d’employés, il y a quelques mois seulement ? Pourquoi user d’un perfide stratagème ? «Dans le même temps, nos patrons négocient auprès des autorités gabonaises les autorisations de travail pour faire entrer au Gabon des membres du staff international dont les salaires sont sans commune mesure, à compétence égale, avec ceux des locaux», explique un agent d’Airtel Gabon qui soutient que le «climat social est surchauffé au sein de la boîte et il va entrer en ébullition dans les jours qui arrivent.»

Les autorités gabonaises vont-elles laisser fonctionner le moyen détourné et artificieux mis en place par le nouveau directeur d’Airtel Gabon, que les employés disent «en mission de sale besogne» ? À quelques mois de l’élection présidentielle Ona Ondo et Simon Ntoutoume Emane vont-ils laisser se créer une nouvelle poche de mécontentement ? Vont-ils laisser aller au chômage près d’une centaine de Gabonais sans parachute conséquent tel que cela s’est fait dans la même entreprise il y a quelques mois ? Vont-ils laisser «l’égalité des chances», récemment reprofilée et promue par le chef de l’Etat, ne pas fonctionner ici ? Time will tell !

 

 
GR
 

5 Commentaires

  1. Gab241 dit :

    Bien sûr qu’ils laisseront faire, Simon Ntoutoume Emane ne se gène pas de voir les gabonais perdre leurs emplois. Regarder Port-Gentil, le secteur pétrole, les sociétés de se secteur se débarrassent des employés par des moyens illégaux et ce avec l’accord de l’inspecteur du travail spécial du secteur, validé par sa hiérarchie, donc du ministre. Ona Ondo le premier ministre, lui c’est même pas la peine de le citer, aucun charisme, véritable bras cassés. Airtel sait qu’il ira jusqu’au bout de son plan, aujourd’hui c’est les entreprises qui commandent le gouvernement, allez comprendre pourquoi.

  2. Petit Piment dit :

    Encore une fois nos gouvernants brille par leurs mutismes !

  3. Pas Possible dit :

    C’est ce qu’on appel le capitalisme, tout simplement. ça ne se passe pas qu’au Gabon mais dans le monde entier. Il faut justifier sa place dans une entreprise, sinon on est mis à la porte.

  4. Axelle MBALLA dit :

    Normal…le mutisme du régime ACCROMBESSI-BONGO. La fraude d’Airtel est faite avec leur bénédiction (Viols permanents de la réglementation( Positionnements contentieux, nuisances et risques des maladies associées à ces nuisances, faux dans la tenue des comptes. Mais rien ne lui arrive. il a largement ouvert le robinet des bakchichs arrosent tout le monde depuis la Présidence jusqu’à l’ARCEP.
    Le défi que je leur demande de relever est de me contredire. Je répondrai avec une cartographie complète, des fac-similés des contentieux accumulés, et non du bla bla…
    Ces gens ont à gagner à tuer les gabonais, à leur priver d’emplois, et d’avenir…Voilà le Pouvoir de l’Emergence!!!

Poster un commentaire