Ainsi parle Ndong Sima (1ère partie)
Quelques jours après son départ du Parti démocratique gabonais (PDG), l’ancien Premier ministre a accordé un entretien à Gabonreview, dont la 1ère partie est ici publiée. Les raisons de cette rupture, le courant «Héritage et Modernité», les finances publiques et bien d’autres faits d’actualité ont été abordés. Les quatre vérités de Raymond Ndong Sima…
Gabonreview : Monsieur le Premier ministre, dans votre lettre de démission vous mettez en avant les intrigues et machinations malveillantes contre vous, notamment dans Woleu-Ntem. Quand on est conscient de ce que le monde politique est une mer aux requins, était-ce suffisant pour justifier votre départ du Parti démocratique gabonais (PDG) ?
Raymond Ndong Sima : Je crois que vous avez fait une lecture partielle de ma lettre de démission. Cette dernière est structurée : elle a un point de départ, elle donne le déclic à partir duquel j’ai mis en route un certain nombre d’initiatives. J’y explique, à titre d’exemple, qu’un fait nouveau est intervenu et se situe dans une certaine logique que j’avais déjà observée depuis un certain temps. Mais ce n’est qu’une petite partie de l’explication car, lorsque vous sortez de cette introduction traitant des machinations et autres intrigues à mon égard, vous entrez alors dans le vif du sujet. Et ce dernier est avant tout un problème de gouvernance, auquel s’ajoutent la montée de l’intolérance, le déficit évident d’équité et de démocratie, entre autres, qui font qu’on ait une crispation du paysage politique avec des injures, des invectives, etc. Pas seulement contre moi, mais contre l’ensemble de la classe politique. Et il n’y a pas, comme cela devrait être le cas, quelqu’un qui se met au-dessus de la mêlée pour dire : «Stop, ce n’est pas ça la direction !» Nous avons des désaccords mais ces derniers doivent nous conduire à des débats de fond, et non de forme. Et dans une République comme la nôtre, il y a, au-dessus de la mêlée, le président de la République, qui n’est pas seulement le président d’un parti. Cela fait partie des choses que nous devons incessamment rappeler.
Lorsqu’un président est élu, il ne peut l’être à 100 % : il est élu avec une majorité, qualifiée ou particulière. Et une fois qu’il a été décidé que tel est élu, les règles démocratiques veulent que les perdants le reconnaissent comme tel. Et vice-versa. L’élu se doit de reconnaître qu’il avait des adversaires, qui n’étaient pas d’accord avec lui, ou du moins avec ses idées ou son programme. Qu’à cela ne tienne, il devient le président de tout le monde, conformément au serment contenu dans la Constitution, qui dit que le président est tenu d’être juste et équitable envers tous. Pas seulement envers ceux qui l’ont élu, mais également envers ceux qui ne l’ont pas fait. C’est donc à lui qu’il revient de se hisser au-dessus de la mêlée, et d’appeler les gens à la retenue, et réorienter le débat. Et lorsque vous regardez bien l’argumentaire de ma lettre de démission, je soulève ces questions de l’intolérance, de l’invective, de la menace permanente et de l’injure. Cette dernière étant malheureusement répandue par des personnes censées recadrer les choses.
J’aborde également des questions de finances publiques. Je rappelle qu’à la fin de l’année dernière, j’ai publié sur mon blog un texte intitulé «Péril en la demeure», dans lequel j’affirmais que nous avons mis le pied à l’étrier de la crise. Et que ce qui était en train d’arriver, notamment le changement d’environnement dans le monde pétrolier, était un contrecoup qui nous entrainerait dans des problèmes majeurs et qu’il fallait donc un sursaut différent. Ce sont autant de questions sur lesquelles je considère que l’orientation que nous avons prise n’est pas bonne, car elle consiste à dire : Ill n’y a pas de problèmes, nous avons la situation entre les mains. Nous allons continuer à évoluer normalement, nous allons simplement minorer les effets négatifs de la crise». Mais, ce n’est pas vrai ! La situation que nous vivons en 2015 s’est déjà produite dans le passé. A ce titre, je vous renvoie à la situation de 1985, 1986 et 1987. Je suis allé le dire à l’Assemblée nationale, le 9 mai 2014, contrairement à ce que les gens pensent. Et quand j’y suis allé, il m’a été dit que la règle démocratique voudrait que tu te taises lorsque tu n’as pas été suivi. Ce à quoi j’ai répondu que ce n’est pas ça car, de mon point de vue, la règle démocratique voudrait que tu continues à argumenter pour dire : «Ce que nous sommes en train de faire n’est pas bon !».
En 1987, soit 24 mois après la crise du premier choc pétrolier de 1986, nous avions une contraction d’activités qui était de 30%. Ce sont les faits ! Regardez la loi des finances. Alors, quel mécanisme avons-nous mis en place en 2015, pour que le choc ayant conduit à la contraction d’activités de 30% en 1987, ne produise pas les mêmes effets aujourd’hui ? On nous répondra que l’économie s’est diversifiée. Ce à quoi je répondrai : «Faux !» L’économie ne s’est pas diversifiée, elle cherche à se diversifier. En 2010 par exemple, la décision visant à arrêter les exportations de bois en grumes a d’abord été différée puisque l’exportation s’est poursuivie jusqu’en 2011. Ensuite, entre le moment où la décision se met en place et celui où elle produit des effets, c’est plusieurs années, conformément aux standards industriels. Ne serait-ce que le temps qu’il faut pour étudier les projets d’usines, pour mobiliser l’argent http://pharmacie-ed.net/Viagra.html auprès du système financier, pour lancer ces usines, les mettre en route et commencer à encaisser les bénéfices… Il faut donc admettre qu’une bonne décision d’orientation a été prise. Mais entre cette dernière et les résultats escomptés, il y a un écart patent.
Toutes ces raisons justifient-elles réellement votre démission ? Vous auriez pu très bien les soulever en étant toujours au PDG, ou alors en tant qu’élu à l’Assemblée nationale…
Pas du tout ! Je vous réitère à cet effet que j’ai fait des observations depuis 2012-2013. Il y a de grands dossiers qui ont été l’objet de querelles très importantes et auxquelles les gens ne se sont pas beaucoup intéressés. C’étaient des observations de fond sur l’orthodoxie financière et sur la façon dont les finances publiques étaient gérées. Et je suis au regret de constater que tout ce que j’avais évoqué en 2013, n’a fait que s’amplifier. C’est-à-dire que les déficits de 2013, se sont amplifiés en 2014, et encore plus en 2015. Résultat des courses : observez la situation au moment de la solde où certains disent n’avoir perçu qu’une partie de leurs salaires, notamment. C’est donc dire que le problème de trésorerie est réel.
Cela sous entendrait-il que vous avez démissionnez faute de n’avoir pas été écouté ?
Tout à fait ! J’ai rejoint le président dans le cadre du soutien aux réformes et la première réforme, pour moi, qui cumule beaucoup d’opérations de redressement en entreprise, concerne les hommes, tandis que la deuxième est axée sur la finance. En ce qui concerne les hommes, je me suis investi corps et âme dans la régularisation des situations administratives, car l’on ne peut sanctionner quelqu’un vis-à-vis duquel nous sommes en défaut. Par équité, il fallait donc premièrement rétablir les fonctionnaires dans leurs droits et payer leurs dus. En second lieu, il s’agissait également de resserrer les boulons partout où l’argent sortait de façon déraisonnable. Or, à l’heure actuelle, il n’y a aucune visibilité dans la gestion finances publiques, les grands tableaux d’équilibres financiers ne sont pas disponibles. A titre d’exemple, en ce qui concerne le tableau des opérations financières, personne n’est capable de vous dire si les montants qui ont été budgétisés ont été effectivement payés. Vous avez donc un trou qui se creuse et dont vous n’avez nullement conscience de la profondeur. De combien est le déficit finalement ?
Dans votre post sur Facebook, vous avez fait référence au mouvement «Héritage et Modernité» en spécifiant qu’il dénonçait en des termes plus violents ce que vous décriviez déjà dans votre livre. Pourquoi n’avoir pas rejoint ce groupe ? Est-ce parce que vous êtes un militant PDG de la 25e heure ?
Je ne peux me réclamer d’«Héritage et Modernité» car je n’étais pas au PDG avant 2011. De qu’elle héritage me prévaudrais-je si j’avais affirmé appartenir à ce mouvement ? Peut-être aurais-je pu m’inscrire dans la «Modernité», mais certainement pas dans le premier lot, ce ne serait pas raisonnable, fondé, juste ou correct. J’ajouterai ensuite que la gravité de la situation ne s’accommode plus d’un simple redressement : elle implique une rupture. La situation financière est d’une gravité qui justifie une rupture dans la façon de faire. Nous avons entremêlé les pinceaux à tous les niveaux. Regardez, par exemple, la dernière loi des finances qui a été adoptée avant la loi de règlement, complètement à l’opposé de ce que disent les textes, qui veulent que le processus se fasse de façon inverse. Cela veut dire qu’en matière financière, les comptes ne sont pas sincères. Et dans ce cas, s’associer à ces comptes serait se rendre complice de la non-sincérité de ceux-ci. C’est une question qui est très grave car le réveil risque d’être très douloureux. Lorsque nous verrons la réalité de la dépense, peut-être serons nous tous amers.
Avez-vous été contacté au moment de la mise en place du courant «Héritage et Modernité» ?
Non. Je n’étais pas sur Libreville au moment des faits. Je me trouvais plutôt du côté d’Oyem et je n’ai été nullement contacté.
D’aucuns estiment qu’il y a eu un couac dans le timing de l’annonce de votre rupture avec le PDG. Pourquoi avez-vous choisi de vous prononcer en ce moment là, étant entendu que votre geste serait quelque peu noyé par la sortie d’«Héritage et Modernité» ?
Si vous vous référez bien à ma lettre, elle rappelle que j’ai eu un entretien avec le secrétaire général du parti le 22 juillet, tandis que le mouvement a fait sa déclaration le 27, soit cinq jours plus tard. Le plus important est de savoir ce qui s’est dit lors de cet échange. Ce jour-là, j’ai donc eu quatre heures d’entretien avec le secrétaire général du parti, qui était accompagné de deux de ses collaborateurs. Un entretien courtois, mais aussi très franc. Nous discutions de questions de fond et j’aurais pu, ce jour-là, annoncer mon départ mais je me suis contenté de dire à mon interlocuteur : «Je vais réfléchir et vous rendrai ma décision dans les prochains jours». Nous n’avons donc pas évoqué explicitement mon départ. Nous nous sommes plus étendus sur les conditions dans lesquelles se passaient les choses au sein du parti, avec des anomalies en tout genre et autres situations inacceptables. En gros, cette chronologie suggère que c’est le courant «Héritage et Modernité» qui s’est immiscé dans mon sillage et non l’inverse. Aussi cette rencontre avec le secrétaire général du parti suggère-t-elle que nous étions déjà en contact, depuis le 18 juillet dans le cas d’espèce, date à laquelle je lui ai transmis un document, avant une réponse le lendemain, incluant la date de la réunion.
(À suivre)
0 Commentaires
Finalement ndong Sima au un discours au dessus de la mêle . Il reste sur sa ligne malgré les indécis c’est la preuve d’une force de caractère et d’une détermination à impose sa conception des choses . Finalement derrière son éternel sourire il est très dur . Pour le discours je le trouve constructif tant sur la forme que sur le fond sa nous chauffe aussi de la démagogie populiste auxquels nous assistons de part et d’autres . Mais gabonreview ou est la deuxième partie
Le tigre décidé ne fuit pas devant le buffle.
Le Gabon n’a plus besoin d’un haut-parleur mais d’un chef de guerre. On est fatigué du blablabla. Ce ne sont pas les idées qui manque pour diriger le pays mais de vrais soldats pour chasser les bongo du pouvoir. Obiang Nguema n’a pas eu besoin d’un diplôme pour développer son pays.C’est bien de venir nous réciter les leçons d’économie mais la priorité c’est un plan pour dégager le Mogabo.
Vous ne savez rien sur Obiang Nguema. Qui vous a dit qu’Obiang n’est pas forme? Il est diplome de l’Academie Militaire de Saragosse en Espagne avant l’independance de la Guinee Equatoriale, c’est l’equivalent de Saint-Cyr en France qui fait parti des plus grandes ecoles avec polytech, Ponts et Chaussees, Mines, Central, SupTelecom, Ecole Navale qui forment les plus grands ingenieurs. A Saint-Cyr, on forme des ingenieurs, des economistes et des specialistes de tous ordres et c’est la meme chose a l’Academie de Saragosse en Espagne. Obiang, en plus d’etre visionnaire, il est d’abord bien forme. Renseignez-vous.
Juste un petit rectificatif: on dit « mare aux caïmans » et non « mare aux requins ». Les requins ne vivent pas dans des mares, les caïmans, oui!
C’était une coquille. Inspiré de l’expression que vous citez et que nous connaissons bien, vous devez vous en douter, nous voulions parler de mer au requins. Ceux-ci, contrairement aux caïmans, mangent ceux de leur espèce qui en viennent à être blessés. La langue française est dynamique, elle évolue et c’est une vieille dame qui aime parfois se laisser triturer. Merci de continuer à nous suivre.
Francois,
Il me semble qque les dates, a la fin du texte (dans le dernier paragraphe) devraient se situer au mois de juin et non juillet.
Bonne continuation
Bravo Sensei pour toutes ces précisions. Le Vrai Drame de notre Pays, c’est que la betise se soit réellement mise au travail, et les résultats sont la….Personne ne peut vous contredire. Une autre vérité SENSEI, il se dit a Nkembo, Cocotier, Rio et Bangos qui vous auriez asséné un Mae Geri associé a un Tsuki au démarcheur immobilier devenu par la force du vaudou DC de l’autre , il vous aurait traité d’erreur de Casting!!!! Seinsei, dites nous TOUT a ce sujet. GRAND R.E.S.P.E.C.T.
Ndong Sima est de la race incontestable des technocrates de ce pays.
j’approuve sa démission du PDG, cette structure est un lieu d’abrutissement, et quand on est réellement intelligent, vous ne pouvez y évoluer, la greffe ne prend pas, cet organisme assimilé dans le cas présent au le PDG rejette l’implantation de tout organe sain (ndong Sima) pour incompatibilité.
Quand vous êtes un Boukoubi, un Zouba Ndama , un Moubelet , Billy bi Ze, la greffe prend….
Ndong Sima, tu as bien fait, il faut être maboule ou fou pour continuer au PDG.
Et maintenant , et maintenant comme disait Maitre Mayila, on fait quoi? en tous cas, j’attends beaucoup de toi, la dream team de l’excellence:
Moukagni,
Ndong Sima,
Barro Chambrier, au delà de vos divergences idéologiques si toutefois il en existe, A Moui peu importe , tu ne peux t’isoler, il faut établir des passerelles, en tous cas, mon rêve c’est que toutes ces gros cerveaux se mettent ensemble pour conduire au rétablissement du Gabon, vous avez les potentialités…On compte sur vous, please, des passerelles pour notre Gabon.
Je vous avait dit que MONSIEUR NDONG SIMA est le seul qui a une crédibilité à mes yeux.
Il pourrait faire un ticket gagnant avec le candidat unique de l’opposition.
Bravo tonton Raymond! Enfin un langage et un positionnement clairs. Vous serez notre premier ministre pour redresser le pays une fois que nous aurons éjecté les ignares du Macabo du gouvernail de notre pays. tic tac tic tac
eh oui! racontez nous comment vous avez mis l’agent immobilier mal élevé KO avec un tsuki…
Un vrai gabonais, un patritote… c’est le president qu’il nous faut pour REDRESSER notre pays. Pas de blabla dans ces propos, pas polemiques, juste une constance dans ses actions et ses propos. Je souhaite savoir quelle est sa vision pour le Gabon de demain.
il ne dit pas grand chose le Raymond ou c’est l’intervieweur qui n’est pas assez piquant. C’est un peu léger comme Interview j’ai l’impression de relire sa lettre de démission, je m’attendais à plus…
Chers.
Ce gars ne sera jamais un Homme politique. Pour ceux qui ne le connaissent pas, il est mue par une instabilité politique chronique. C’était sans doute la énième fois qu’il revenait au PDG. Et la dernière fois qu’il a repris la carte, c’était parce qu’il venait d’être promu PM. Les Pdgistes ont longtemps boudé sa nomination.
Il aurait gagné à observer ce qui va se passer; puisque les mauvais résultats actuels de l4emergence ne peuvent être imputés au PDG. On peut à la rigueur reprocher à ce parti sa passivité, encore que récemment, par Ngari et le groupe H & M, il est monté au créneau pour dénoncer le mal vivre et le malgoverno gabonais.
De même on ne démissionne pas d’un parti parce que les budgets sont mal gérés. Récemment il a sorti un livre critique qui ne lui a pas valu la prison. Le PDG a t-il changé entre le moment où il était au gouvernement et surtout PM et maintenant? Non non!.
Alors? Alors Ndong Sima ne sera jamais qu’un piètre politicien et peut être un bon technicien. A moins pour lui de créer un part à lui comme Magangue M, il ne trouvera jamais un costume à sa taille!
On s’en fout qu’il soit mauvais en politique, c’est pas ça on mange, comme disent les autres.On préfère les bons technocrates qui ont de la matière grise, c’est de ça dont on a besoin monsieur.