Afrique francophone : Halte à un afro-optimisme débridé
Le Parlement français a adopté, le 6 mai dernier, un rapport d’information sur la stabilité et le développement de l’Afrique francophone. Le document peint un tableau général plutôt terne et recommande un afro-optimisme fortement tempéré.
Dans l’ensemble, l’exposé de Jean-Claude Guibal (UMP) et Philippe Baumel (PS) dresse un bilan contrasté de la politique française en Afrique. Sur une tonalité trop pessimiste, les deux députés s’interrogent sur la stratégie et les ambitions à long terme de la France dans son ancien pré-carré. Ce rapport a étét présenté le 15 avril dernier devant la commission des affaires étrangères présidée par Élisabeth Guigou.
Avec des indices sociaux au plus bas, une croissance économique insuffisante, même élevée, des dirigeants déconnectés des réalités, des États gouvernés par des autocrates souvent arrivés au pouvoir dans des conditions discutables et des régimes fonctionnant au clientélisme, l’afro-optimisme doit être tempéré. «Si l’Afrique va mieux par certains côtés, notamment une croissance économique importante, ce n’est pas pour autant qu’elle va bien», souligne Jean-Claude Guibal.
Selon le rapport de la mission d’information, 55 ans après les indépendances, la quasi-totalité des pays d’Afrique francophone, à l’exception du Gabon et du Congo, relèvent de la catégorie des pays les moins avancés. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : dans de nombreux pays, des proportions considérables de des populations vivent avec moins de 1,25 dollar par jour, le nombre de pauvres est passé de 290 millions à plus de 400 millions, l’espérance de vie est très basse, parfois même un peu inférieure à 50 ans. Elle ne dépasse les 60 ans qu’au Gabon, au Sénégal et à Djibouti. Les taux de malnutrition restent très élevés et des proportions importantes de populations sont en insécurité alimentaire. Dans certains pays, un enfant sur cinq meurt avant l’âge de cinq ans. Ces données mettent les pays concernés face à des défis incommensurables en matière de santé, d’éducation, de sécurité alimentaire, d’emplois, d’urbanisme, de délinquance, etc.
S’agissant de la stabilité, la mission estime que si les tensions et affrontements interétatiques ont été rares entre pays francophones, les troubles internes ont en revanche été fréquents : il n’y a guère que le Sénégal qui se distingue depuis 1960. Aucun autre pays d’Afrique francophone n’a été exempt de coups d’État militaire, de rébellions, de tentatives de déstabilisation, et autres guerres civiles. Plusieurs pays sont aujourd’hui sous le feu des projecteurs, le Mali et la République centrafricaine, en premier lieu, mais d’autres aussi. C’est le cas de la RDC dont la région orientale est la proie de toutes les convoitises et consécutivement, de toutes les tentatives de déstabilisation. S’y ajoutent des problèmes de gouvernance politique.
Ce rapport, qui aborde des questions cruciales avec la franchise et la rigueur qu’il convient d’adopter, prône un rééquilibrage de la politique africaine de la France, qui reste encore «à inventer».
2 Commentaires
Paroles et paroles…l’Afrique est la vache au lait pour les étrangers et pour ses propres fils.
Pas d’élections présidentielles en 2016 sans au préalable une Conférence Nationale Souveraine et sans une reforme profonde des institutions. Parler d’élections présidentielles en 2016 est considéré par la Dynamique « Ça Doit Se Faire Maintenant » comme une haute trahison au Gabon et au peuple gabonais. Nous appelons dès aujourd’hui à la convocation par tous les gabonais d’une Conférence Nationale Souveraine.