Les enseignants ont bravé les barrières des forces de l’ordre, le 23 mars 2015, pour se retrouver à l’école publique Martine Oulabou dans le cadre de la célébration de leur journée nationale, placée cette année sous le thème : «L’importance de la lutte syndicale dans l’émergence de la société gabonaise».

Simon Ndong Edzo, délégué national de la Conasysed, lisant la déclaration de circonstance le 23 mars 2015. © Gabonreview

Simon Ndong Edzo, délégué national de la Conasysed, lisant la déclaration de circonstance le 23 mars 2015. © Gabonreview

 

La crise sociale qui prévaut actuellement dans le pays n’a pas empêché les enseignants de se souvenir de leur regrettée collègue, Martine Oulabou Mbadinga, tombée sous les balles des forces de police le 23 mars 1992 pour avoir réclamé l’amélioration des conditions de travail et la construction d’écoles modernes pour les enfants Gabonais. Déterminés à célébrer la seule journée qui leur est consacrée et à se souvenir de leur collègue, les membres de la Conasysed ont décidé de défier les forces de l’ordre pour se retrouver au sein de ce qui semble devenu leur «quartier général», à savoir : l’école publique Martine Oulabou. «Les gouvernants ne pourront pas nous amener à oublier Martine. Son combat n’a pas été oublié. Nous l’avons plutôt réanimé parce que Martine est morte pour que les études puissent assurer l’aisance financière et matérielle au citoyen», a déclaré le délégué général de la Conasysed.

Tôt dans la matinée du 23 mars 2015, l’accès, sous surveillance, à l’école Martine Oulabou. © Gabonreview

Tôt dans la matinée du 23 mars 2015, l’accès, sous surveillance, à l’école Martine Oulabou. © Gabonreview

Malgré l’absence de moyens financiers et la non-implication de leur tutelle, ces enseignants ont tenu à se retrouver pour apprécier la situation qui est la leur. Ils avaient également à cœur d’évaluer la portée de leur combat pour l’amélioration des conditions de vie et de travail des acteurs du secteur éducatif. «Chaque année, le gouvernement joue le même jeu. Cette journée a été programmée pour le 23 mars et elle est budgétisée. Malheureusement, comme chaque année, il faut toujours la renvoyer à deux ou trois semaines après ? Est-ce une fête ? Nous disons quel que soit ce qu’ils iront faire le 28 mars prochain, elle ne sera plus la journée de l’enseignant», a fustigé Simon Ndong Edzo.

Au cours de cette commémoration qui s’est voulue sobre et ponctuée d’une déclaration, le bureau national de la Conasysed a décerné la médaille du mérite à tous les enseignants du pré-primaire, primaire et du supérieur pour leur mobilisation et leur détermination pendant ces deux mois de grève illimitée. «Nous allons nous battre jusqu’au bout à partir de cette grève illimitée afin que nos enfants, une fois en activité, ne retrouvent plus les miettes de salaire que nous avons touchées durant toute notre carrière», a-t-il assuré, avant d’affirmer que ni les menaces, ni les intimidations ne peuvent plus les faire reculer.

Bien que déçus de l’attitude actuelle des gouvernants, les membres de la Conasysed ne manquent pas de reconnaître que 23 ans après le décès de Martine Oulabou Mbadinga, des avancées ont été enregistrées, notamment des écoles construites lors de la précédente décennie, des accessoires de salaire (PIP, Pife, Pir, prime de rentrée scolaire, rappels, prime de transport, prime de loyer…). Mais, pour eux, beaucoup reste encore à conquérir pour donner une nouvelle dimension à l’école gabonaise. «No money no school», a conclu Simon Ndong Edzo.

 

 
GR
 

1 Commentaire

  1. ya kiakia dit :

    Votre métier est noble; encore plus noble de l’exercer dans les conditions qui sont les vôtres. Je suis un produit de l’école publique. Je rend hommage à ces hommes et ces femmes qui sont aujourd’hui diabolises pour le culot qu’ils ont à revendiquer juste un minimum d’equité. D’accord, il y a des dommages collatéraux (les enfants); c’est déplorable. La déclaration universelle des droits de l’homme à été obtenue à quel prix ??? Messieurs les décideurs, les fonctionnaires ne sont pas vos ennemis. Ce sont vos administrés, votre électorat ; alors, la balle est dans votre camp. Rappelez vous : nous le peuple, nous vous observons et l’histoire retiendra…

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