Un faisceau d’éléments peuvent le laisser croire. Très peu d’échanges de visites entre chefs d’Etat de la sous-région, rareté des sommets de chefs d’Etat des pays membres de la CEMAC ou de la CEEAC, il y a comme un isolement diplomatique dans l’air pour notre pays. Cet isolement est symbolisé par un fait assez troublant : la mise en service, par le président congolais, Denis Sassou Nguesso, d’une route bitumée reliant le Gabon et le Congo s’est faite, en décembre dernier, à la frontière entre les deux pays, en l’absence d’Ali Bongo.

Inaugurée le 15 décembre 2014, la route Okoyo-Leketi-frontière Gabon. © Diplo. Congo
Inaugurée le 15 décembre 2014, la route Okoyo-Leketi-frontière Gabon. © Diplo. Congo

 

Il y a, bien sûr, eu quelques réunions ministérielles au niveau des Etats membres de la CEMAC, à Libreville et dans d’autres capitales de la sous-région. Mais, à l’instar des visites de travail qu’ont effectuées au Gabon, cours de l’année dernière, les présidents de la République de Tunisie, Moncef Marzouki, et du Sénégal, Macky Sall, il n’y a pas eu de visite d’un chef d’Etat de la sous-région, à l’exception de celle de la présidente de la Transition centrafricaine, Catherine Samba Panza au début de l’année 2014, dans la capitale gabonaise, autrefois considérée comme une espèce de «hub» diplomatique africain. Que se passe-t-il donc ?

La diplomatie gabonaise en Afrique centrale est-elle en panne ? L’Afrique centrale boude-t-elle le Gabon ? Sous Omar Bongo, les échanges de visites entre présidents de la République de la sous-région étaient légion. Soit dans le cadre purement bilatéral, soit dans le cadre de la coopération sous-régionale. Plus souvent, il est vrai que le chef de l’Etat camerounais Paul Biya, les présidents Teodoro Obiang Nguema Mbasogo de Guinée-Equatoriale, Idriss Déby du Tchad, François Bozizé de Centrafrique et, surtout Denis Sassou Nguesso du Congo, venaient régulièrement deviser avec leur homologue Bongo Ondimba des sujets d’intérêt commun. Les contacts étaient assurément permanents.

Sous Omar Bongo, Denis Sassou Nguesso n’aurait jamais inauguré, sans la présence de son homologue gabonais, une route bitumée reliant les deux pays comme cela s’est déroulé le 15 décembre dernier. Il s’agit en effet d’une route reliant Okoyo au Congo et le département des Plateaux (Léconi) au Gabon. Démarrés en 2011, les travaux confiés au consortium chinois CMEC ont été livrés trente-six mois après, conformément aux prévisions. Ils ont coûté près de 47 milliards de francs CFA dans le cadre du partenariat stratégique entre la République populaire de Chine et la République du Congo. Le ministre congolais des Travaux publics a rappelé que «cette route était un projet concocté par l’ancien président gabonais Omar Bongo et le président Denis Sassou Nguesso pour pallier l’insuffisance des infrastructures de transport en Afrique centrale».

Intervenant à cette occasion, Denis Sassou Nguesso, qui a parcouru en voiture cette route longue de 90 kilomètres jusqu’à la frontière entre les deux pays, a souligné que cette infrastructure de transport était un «grand symbole d’intégration». Pour lui, elle va favoriser le désenclavement de la région et contribuer à l’intégration sous-régionale en accélérant les échanges entre les populations du Congo et du Gabon.

A cette inauguration effectuée à la frontière des deux pays, aucune personnalité officielle de notre pays n’était visible. Ni le chef de l’Etat, ni un de ses représentants, le chef de la diplomatie gabonaise par exemple, ou le ministre des Infrastructures et des Travaux publics, ou même le ministre des Transports. Cela est-il du à un isolement diplomatique, à des relations quelque peu difficiles avec le Congo, ou simplement à un manque de coordination du calendrier diplomatique entre les deux pays ? La dernière visite du chef de l’Etat congolais à Libreville remonte à mai 2013 lors de l’organisation conjointe du New York forum Africa et du sommet de la CEMAC. Celle d’Ali Bongo à Brazzaville remonte à mai 2012. Pour un Etat qui dit vouloir mettre l’accent sur la coopération Sud-Sud, les échanges avec un de ses voisins paraissent en tout cas moins réguliers qu’autrefois.

 

 
GR
 

16 Commentaires

  1. Encore eux dit :

    Quelle tristesse! et Ali viendra nous parler d’intégration sous régionale alors qu’il ne respect même pas les voisins! un projet de ce genre qui sera bénéfique pour les échanges économiques entre nos deux pays, et aucun de nos autorités. Moi à la place de Sassou, je ferme les frontières pour manque de respect et désintérressement!

    Enfin, je me demande parfois à quoi sert notre diplomatie!

  2. Minko dit :

    Qui a dit qu’il y avait problème ? Tout va bien au Gabon ….Jaloux ..ingrats …on avance !!!!! Kia kia kia tic Tac Tic Tac Tic

  3. Muy Loco dit :

    Omar Bongo entretenait des rapports plus que etroits avec arafat, mandela, dos santos, lissouba, sassou, patasse, bozize, deby, savimbi, khaddafi, sekou toure etc etc sans mentionner TOUTE la classe politique francaise.
    Apres 2009 le gabon perd soudainement la tete de la BEAC, puis de l union africaine. Aujourd’hui le regime se retrouve a accuser ouvertement la france de vouloir le destabiliser… cela apres avoir offert la tete de khaddafi a sarkozy (role du gabon dans l adoption de la resolution ONU 1975 contre la lybie). On retiendra donc de feu omar bongo (qui etait l’atout majeur de la france pendant la guerre froide) que la politique c est l art de nourrir et cultiver sans relache les bonnes relations pour qu elles murissent en alliances robustes, il l a fait a l interieur et a l exterieur du pays.
    Aujourd hui notre pays subit un conflit (non arme pour l instant) en majeur partie parceque le leadership politique est justement incapable de dialoguer sincerement meme avec sa base militante. Notre pays se retrouve isole, affaibli, appauvri, divise et donc expose a toutes sortes de risques d’instabilite. Le temps a magnifie les faiblesses du leadership fantaisiste et inepte au point ou seule la force armee reste pour couvrir les erreurs qui s accumulent. Mais sans alliance politico strategique de poids a l interieur et a l exterieur du pays, nous arrivons tres vite vers la fin.

  4. Powè Powè dit :

    C’est un euphémisme de dire que la Gabon a totalement perdu son rayonnement diplomatique au cours de ces quatre dernières années! et ce n’est pas uniquement au niveau de la sous-région.

  5. Le PDGiste deçu. dit :

    Ali a le temps pour aller en arabie saoudite,a dubai,aux usa se balader,suivre les courses de formule 1,les carnavals au bresil.

    • Patrick ANTCHOUET dit :

      Il est notoirement connu qu’il n’entretient pas de bons rapports avec les chefs d’Etat voisins. En mai dernier, ils ont unanimement refusé de se faire « enrober » dans le New York forum africa, comme l’année d’avant.

  6. j'y crois dit :

    vous voulez me faire comprendre que 90 km de routes a couté 47 milliars au congo voisin alors qu’ici on nous fait croire qu’un km revient à un milliards. Et tout recemment, un pont de 500m nous a couté plus de 80 milliards.

    • Patrick ANTCHOUET dit :

      Je confirme. La presse congolaise a parlé exactement de 46,6 milliards CFA, soit 500 millions le kilomètre, les accotements, les caniveaux,…

      • Le Rapporteur du Palais dit :

        les ouvriers Gabonais coutent plus chers que tous ceux de l’Afrique Centrale..sans compter qu’ils font greve a chaque tournant de route. Realites incontournables !
        S’agissant des contacts, que faites-vous du telephone et texto avec le G4 entre le Gabon et Brazaville. Informez-vous et usez de vos meninges !

        • Gioto dit :

          Le Rapporteur du palais: Trop drôle comme argument (ouvriers gabonais trop chers): ça ne serait pas plutôt le Palais qui coute trop cher? C’est vrai que sans les gabonais de manière générale, ce pays serait tellement merveilleux…. pour les étrangers, du Palais par exemple!

    • ya kiakia dit :

      Que voulez-vous, c’est du goudron du qualité supérieur ! Son prix est donc aussi « emergent »!

  7. ya kiakia dit :

    Que voulez-vous, c’est du goudron de qualité supérieur ! Son prix est donc aussi « emergent »!

    RÉPONDRE

  8. Miss T dit :

    Un Ben Ali Bongo qui se croit tellement fort, tellement puissant, qu’il se met à dos tout le monde, le peuple gabonais, ses voisins présidents de la sous-région, la communauté internationale. Ali a déjà creusé sa tombe.

  9. Cheguevara dit :

    L’Histoire retiendra que c’est sous la présidence regionale d’Ali Bongo que la CEMAC a subit un coup d’arrêt franc et direct: Aucune conférence des chefs d’États, non respect des engagements (héberger provisoirement la CEMAC, passeport CEMAC), non ouverture des frontières en dépit des annonces, aucune lisibilité sur des grands dossiers notamment AirCEMAC… Preuves d’une gigantesque nullité au sommet…

  10. mayombo dit :

    les sujet sur le gabon font peux d’actualité dans les autres pays d’afrque central,

  11. OYESSI dit :

    Bongo père était un patriote convaincu et qui savait qu’il ne fallait pas se mettre à dos ses voisins immédiats dont les populations enjambent les frontières tracées par la colonisation. Avec Bongo c’était la real politique et Libreville était la ville où tout règlait. « Son fils » n’a rien à voir avec le Gabon et ses voisins immédiats et tant pis si le Gabon est isolé, après tout, se dit il vraiment Gabonais quant il ne peut même pas construire une phrase en téké ou en obamba la vraie tribu d’Omar.
    Si l’on n’ ya fait pas attention, nous risquerons de perdre notre rayonnement dans la CEMAC car notre enfermement sur nous mêmes ne nous sert pas. Dans la sous région le Gabon est considéré comme un pays très fermé sur lui même et avec un président ngouda à ngouda pour à rien, on est pas sorti de l’auberge.
    Notre repli sur nous mêmes s’expliquait dans les 70 où l’on pensait que nous étions un eldorado avec notre jus d’okoumé( pétrole), maintenant que presque que tous les pays de la CEMAC ont aussi le jus d’okoumé, le ngouda à ngouda là se repose sur quoi?
    Notre diplomatie a donc intérêt à vite changer car croire que nous sommes toujours le centre de la CEMAC, on se trompe, celà était valable sous OMAR car il savait se faire respecter et la Gabon avec.
    Avec les émergeants, Sassou peut se passer d’un Ali et venir inaugurer son goudron à la barbe de ce dernier, ce qui ne pouvait se passer sous Omar. Pitié

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