Robert Bourgi : Mea-culpa et appel à l’aggiornamento
Au-delà des informations sur ses supposées mises en garde à Blaise Compaoré, le très controversé avocat franco-sénégalais nie avoir convoyé des sommes d’argent, révélant ainsi son vrai visage, mais lancant tout de même, enfin, une mise en garde aux présidents africains.
Présenté comme l’héritier des tristement célèbres «réseaux Foccart», Robert Bourgi en sait un bout sur les relations France/Afrique. Avocat au barreau de Paris, le «dernier pilier de la Françafrique», souhaite se repentir, lui que l’on accuse d’avoir été au centre du transport de mallettes d’argent de l’Afrique vers la France. «Je n’ai jamais porté de mallettes d’argent. Les journalistes ont brodé. J’ai accompagné des émissaires, c’est tout», rétorque, furieusement l’intéressé lorsque l’accusation lui est faite. Si on n’attendait pas plus de révélations que celle-là, l’ex-conseiller Afrique de Nicolas Sarkozy a pourtant argué que «la Françafrique a quand même de bons côtés». Lesquelles ? Celles concédant aux responsables français un droit de préemption sur les ressources du continent ou celle leur donnant le pouvoir de dénier aux peuples la responsabilité de choisir librement leurs dirigeants ?
Invité à un récent débat sur France 24 en compagnie de Zyad Limam, directeur d’«Afrique Magazine», Edouard Sanou, représentant à Paris de l’Union pour le progrès et le changement (UPC), un parti politique Burkinabè, et de Bruno Jaffré, biographe de Thomas Sankara, le sulfureux avocat s’est, comme à son habitude, laissé aller à quelques confidences sur sa tentative de tuer dans l’œuf la contestation qui couvait alors au Burkina Faso, en cas de modification de la Constitution. Un brin fier de lui, le sourire en coin, Robert Bourgi a lancé : «Il (Blaise Compaoré) devrait méditer aujourd’hui tous les conseils que je lui ai donnés directement et indirectement : à savoir de ne pas triturer, violer, modifier la Constitution». Ainsi donc, au sujet des évènements survenus récemment au Burkina Faso, ayant conduit à la chute de Blaise Compaoré, il dit avoir prévenu l’intéressé «directement et indirectement», sans que celui-ci ne daigne véritablement l’entendre.
L’intégralité du mea-culpa et de l’aggiornamento de R. Bourgi
Avec une véritable pointe de regret, Robert Bourgi s’est livré à aveu de la faute commise mais aussi à l’appel d’une modernisation, d’une réforme de l’action de la France en Afrique : «Je voudrais vivre encore assez longtemps pour pouvoir corriger toutes les erreurs du passé. Aujourd’hui, il n’est pas pensable qu’un chef d’Etat en Afrique puisse accomplir plus que le nombre de mandats que la Constitution lui permet. Un ! Deuxièmement, plus de soutien à des chefs d’Etats qui veulent violer les constitutions. Plus de soutien aux chefs d’Etat qui truquent les urnes et les élections. Plus de chefs d’Etat qui pillent le peuple, les richesses du pays.
Aujourd’hui, il faut remettre les pendules à zéro et donner la parole aux peuples. Aujourd’hui, l’exemple du Burkina Faso est un exemple extraordinaire : c’est un appel que lance le peuple Burkinabè aux autres populations africaines qui vivent sous le joug de chefs d’Etat qui n’en finissent jamais de mourir à la tête de leur pays. C’en est fini des régimes qui durent 25 ans, 30 ans, 35 ans. C’est fini ! Et je trouve que la France, la France aujourd’hui, même en tant qu’ancienne puissance coloniale, a son mot à dire. Et la lettre de François hollande (à Blaise Compaoré, ndlr) est à saluer. Je voudrais que ce président de la République, François Hollande, qui n’est pas de mon bord politique, puisse écrire la même lettre à Sassou Nguesso, à Idriss Deby et tant d’autres. (…) On a fait des choses qui sont inacceptables aujourd’hui : soutenir des présidents qui n’avaient pas l’assentiment de leurs peuples, oui. Le président Compaoré est parti. Que cela serve d’exemple à l’Afrique d’aujourd’hui et de demain.»
Prenant acte de ce qui est survenu au Burkina Faso, celui qui est accusé de se rapprocher de l’opposition gabonaise, semble vouloir passer pour une sorte de devin. Le franco-sénégalais, réputé proche du défunt Omar Bongo Ondimba, se targue désormais de lire dans les lignes de sa main l’avenir de l’Afrique, un continent qu’il dit connaître parfaitement pour l’avoir parcouru de long et en large, dans le cadre de ses diverses missions et activités. A en croire ses dires, c’est désormais sur le sort du président burkinabé déchu que les autres dirigeants africains devraient méditer : «Il y a un risque d’embrasement dans toute l’Afrique», prévient-il, non sans appeler la France à intervenir pour éviter que la contestation ne s’étende à tout le continent. Au nom de qui lance-t-il cet appel ? Qui l’a mandaté ? Que Robert Bourgi réponde !
9 Commentaires
« Plus de soutien à des chefs d’Etats qui veulent violer les constitutions…truquent les urnes et les élections…, pillent le peuple, les richesses du pays »
Répondez le premier, Monsieur Griffin Ondo Nzuey : pour lancer un tel appel à éradiquer les cancers qui gangrènent l’Afrique, a-t-on besoin d’être ‘’mandaté’’ ? Et par qui ? La probité morale et politique ne suffit-il pas, même si de la part de celui dont on ne l’attendait pas ?,
va au diable bourgi tu n es rien! L histoire ne retiendra rien de toi d’autre que d’avoir ete un valet des mobutu, bongo, compaore et chirac..pietre conseiller, incapable de preserver les secrets, aucune discretion. Tu es un produit contrefait!
En politique on additionne et non soustraire.
Bourgi t’es sure d’avoir conseillé à Blaise campaore de ne pas modifier la constitution? pas si sure.
c’est toujours lorsque tout a déjà été fait que vous faites votre faux mea culpa pourquoi ne l’avoir jamais dit au grand publique médecin après la mort comme tjr
cela importe peu. mieux vaut parler un jour au loeu de ne l’avoir jamais fait. que voulez vous enfin les amis. si il parlait en faveur d’Ali Bongo vous en diriez plus. il parle en contre les dirigeants Africains qui s’eternisent et nous font vivre la misere vous vous plaignez a nouveau
C’est juste un manipulateur d’africains comme tant d’autres. Attention à la chute cher Mr, l’Afrique contrairement à vos clichés congenitaux, est en plein éveil, de par sa jeunesse. Continuez comme ça et la chute ne sera que de plus haut.
lieu « au lieu »
A la page 18 du Figaro du 1er novembre 2014 Robert Bourgi déclare que: « si les dirigeants du Gabon ne prennent pas conscience du malaise qui règne sr place, je redoute le pire avant avant même la présidentielle de 2016. Ali Bongo n’est pas assez présent, et les luttes de clans sont intenses. (…) La vie économique est bloquée. Le montant des impayés aux entreprises françaises qui travaillent au Gabon s’élève à quelque 500 millions d’euros ».
Comprendra qui veut !