Initiée par l’équipe municipale, l’opération «Libérez les trottoirs» est systématiquement recommencée, comme si elle n’allait jamais prendre fin.

«Les trottoirs de Libreville qu’on a prétendu «libérer» sont pollués par des gravats, des tôles ondulées, des chevrons et autres détritus. Libreville ressemble actuellement à Beyrouth au temps de la guerre.» © jp-rougou.blogspot.com
«Les trottoirs de Libreville qu’on a prétendu «libérer» sont pollués par des gravats, des tôles ondulées, des chevrons et autres détritus. Libreville ressemble actuellement à Beyrouth au temps de la guerre.» © jp-rougou.blogspot.com

 

«C’est quoi ce pays où on laisse les gens agir avant de réagir ?». «Il y a tous ces bureaucrates qui travaillent dans les ministères concernés qui passent certainement sur ces mêmes routes que nous.  Ils voient ce qui se fait et ils ne disent rien. Ils laissent les gens investir et ils viennent casser. C’est inconcevable !». Tels sont les propos empreints de colère d’un jeune entrepreneur qui tente de lancer une entreprise de services informatiques dans un local jouxtant une artère du 6ème arrondissement.

Sans doute, est-ce du fait de cette réalité que la municipalité entreprend de «redorer le blason de la ville» ? En tout cas, depuis quelques temps, elle s’efforce de la débarrasser de tout ce qui participe à son insalubrité. On a ainsi assisté au déguerpissement des commerçants et à la destruction des échoppes occupant illégalement le domaine public. Les épaves de voitures sont régulièrement enlevées et les marchés spontanés «dévastés» par la police municipale. Auparavant, on avait eu droit à la destruction des édifices construits aux abords des artères. Une opération qui avait laissé la ville, sens dessus-dessous par endroits. «Un champ de bataille», décrivaient des observateurs.

N’empêche, toutes ces actions donnent le sentiment d’être improvisées, pas assez planifiées. Au point que l’on se demande si l’opération «Libérer les trottoirs» est délimitée dans le temps. «C’est l’anarchie totale !», lance le jeune entrepreneur qui estime que «chaque maire qui arrive, chaque ministre de l’Intérieur qui arrive croit qu’il doit imprimer sa marque». «Ils pensent qu’ils faut qu’ils fassent du tort aux gens pour qu’on sache qu’ils travaillent. Ce n’est pas ce qu’on attend d’eux», poursuit-il. «C’est vrai qu’on dit que c’est le domaine public. Mais on ne pense pas à tous ces pères et mères de famille. Que vont devenir nos enfants à la veille de cette rentrée scolaire», s’interroge Hermine M, qui rappelle que la première fois que son échoppe attenante au trottoir fut détruite, les décombres sont restés sur les lieux des mois durant, donnant l’impression d’une catastrophe. «On avait cassé et c’était tout», dénonce-t-elle.

A l’évidence, le mode opératoire de la mairie de Libreville donne une impression d’«abus d’autorité, d’envie d’assouvir des pulsions». Et, au regard de la fréquence de ces déguerpissements, on en vient à s’interroger sur leur conception et leurs objectifs. «Le gouvernement devait d’abord nous indiquer un autre endroit avant de nous chasser et de tout casser. Il faut qu’il y ait du suivi», dit un commerçant. A-t-on pensé aux personnes désormais privées de leurs activités? Qu’a-t-on proposé comme mesures d’accompagnement ? Autant de questions lancinantes, qui reviennent de la part des concernés. Qu’à cela ne tienne, l’opération «Libérez les trottoirs» semble se limiter aux commerçants et demeurer un éternel recommencement. Pis, ses résultats sont toujours attendus…

 

 
GR
 

10 Commentaires

  1. LUMIERE dit :

    L’frique est encore loin de changer nos mentalité surtout l’Afrique noire.
    Les trottoirs c’est pour les piétons ,mais certains citoyens ont le courage
    IL FAUT PRENDRE LES MESURES RADICALES POUR TOUT CASSER ET SANCTIONNER LES RESPONSABLES, LES CITOYENS qui ne respectent ces trottoirs.

  2. mossodjo dit :

    nous on gatte seuleument, on ne va pas arranger voila! air gabon c est nous, sofitel dialogue, c est nous! novotel rapotchombo c est nous! renovation, c est nous! Parcequ on est mauvais on detruit tout voila! Il n y a que les poubelles qu on epargne. Ou elles ont meme la chance quoi! on les laisse d abord en paix, la grande poubelle de plaine orety, celles de petit paris, carrefour hassan etc. On s attaquera aux poubelles apres 2016. C est strategique! vous ne pouvez pas comprendre ca, restez tranquille!

  3. Roberto dit :

    L’Anarchie urbaine des villes africaines et le manque d’autorité de l’Etat qui peine à faire respecter la loi….. L’Afrique est très loin d’arriver à un niveau d’organisation occidental à cause des mentalités. Il faudra peut-être 800 ans pour y arriver…………

  4. LE MEDIATEUR dit :

    La problèmatique des actes d’incivismes relève en partie du laisser aller de l’autorité publique car comment comprendre qu’il existe je pense des services compétents qui devraient se rendre compte le jour le jour des nouvelles configurations urbaines entendons par là les travaux de constructions qu’effectuent des tiers personnes sans intervenir aussitôt on se rend compte toujours après wèèèèèèèèèh! Vraiment les choses de mon pays là c’est grave s’il existait une politique de gestion urbaine efficiente on en serait pas là « Pitié gouverner c’est anticiper »…

  5. Giap Effayong dit :

    Nous nous offusquons souvent de découvrir, à la lecture d’un livre d’histoire portant sur l’époque coloniale que les blancs,pour inculquer des notions élémentaires de discipline et de rigueur aux indigènes,recouraient à l’usage de la trique.Un siècle plus tard,l’africain demeure encore rétif à l’ordre et à la discipline.La prolifération du virus »Ebola » en Afrique de l’ouest n’est en rien fortuite.

  6. Ntché ngani dit :

    A Libreville, faute de parking, les automobilistes et les piétons se disputent déjà les quelques trottoirs qui existent. Comme au carrefour IAI devant CECADO des marchés informels se sont installés sur ces trottoirs causant ainsi des embouteillages monstres. Je vois tous les jours les agents de la Mairie récolter des taxes auprès des vendeuses de Bissap, lait caillé, fruits et sandwuichs sur les trottoirs, dans les marchés informels et les garages anarchiques des quartiers.
    A Mont-bouêt, les commerçants continuent d’occuper non seulement les trottoirs et même la chaussée, pas moyen pour les véhicules de circuler ou de se garer dans mont-bouët. Et le comble, c’est au véhicule que la police municipale vient mettre le sabot au lieu de dégager les commerçants de la voie publique.
    La Mairie ne viendra jamais à bout de ce phénomène d’occupation des voies publiques parce que l’informel c’est sa « vache à lait ».

  7. Georges Mbha dit :

    Vous savez je trouve très acerbe certains commentaires, mais comment une initiative de ce genre ne peut-elle pas trouver l’assentiment de tout le monde? Voilà des mesures qui devraient faire école elles doivent être applaudies avec la dernière énergie, mais sérieusement qui va aimer plus notre pays si ce n’est nous mmes? Vous pensez réellement que les expatriés venus faire fortune ici vont plébisciter une telle initiative? Ils st nbreux à joncher les rues de nos villes avec leurs petits commerces j’en ai vu qui vendent sur le trottoir mme du coup vs êtes obligés d’aller sur la route pour la contourner. Mais franchement est-ce qu’on peut aller faire tt ce désordre chez eux? Ils viennent salir ici et chez eux ils nettoient, moi je dis trop c’est trop que la municipalité et les autres personnes publiques fassent respecter ce genre de disposition.

    • Béyoncé dit :

      Georges Mbha tu vis où? au Gabon ou à l’étranger ? Qui a laissé les étrangers construire de façon anarchique sur le domaine public? N’est-ce pas les pouvoirs publics. Depuis plusieurs années que les populations dénoncent cet état de faits sans que les autorités ne réagissent (au contraire elles récoltent des taxes auprès de ces commerçants étrangers), et tu veux qu’on applaudisse avec la dernière énergie; tu rigoles ou quoi ?
      Ce que la Mairie fait là, c’est de la poudre aux yeux. Les maires précédents l’ont déjà fait mais les gens continuent à occuper le domaine public avec l’aurisation des services de l’Urbanisme. Si les gens font des commentaires acerbes, c’est parce qu’ils sont fatigués des démonstrations tapageuses du pouvoir PDG à des fins électorales.

  8. Le citoyen libre dit :

    Celui qui n’a pas d’autorisation de construire mérite que l’on détruise son investissement c’est tout..
    Il existe dans toutes les provinces une direction d’urbanisme je crois qui donne cette autorisation avant d’entreprendre des travaux. Ce que je reproche au gouvernement c’est de ne pas nettoyer les démolitions et de réaménager ces espaces.

  9. moi dit :

    casser c’est bien, mais nettoyer après démolition et empêcher à ces anarchistes de reconstruire n’importe où et n’importe comment c’est encore mieux. ou bien ???!!!!

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