«Bourgeons» d’Amoan Pambo, nouveau-né de la littérature gabonaise
Le monde littéraire gabonais note l’arrivée d’un nouvel ouvrage signé d’un personnage bien connu dans le milieu des cultures urbaines. Un autre texte qui manifeste la densité, la diversité de la littérature gabonaise. Synopsis.
Publié aux éditions La Doxa, «Bourgeons», roman-témoignage, est une sorte de métaphore filée dans laquelle l’auteur trace un parallèle entre la vie des plantes et celles des hommes. A travers l’histoire de son père et celle de son enfance, Amoan Pambo entreprend de raconter les siens, afin qu’un jour ses enfants puissent trouver le chemin qui les mène vers leurs racines.
Comme on peut le deviner, la quête de «son identité» reste l’un des thèmes phares de la littérature gabonaise. L’ouvrage de celui qui a été tour à tour chanteur, poète, parolier, président du label Zorbam Productions, se divise en 3 parties essentielles: naissance, mort et renaissance.
Par la naissance, l’auteur brosse un récit sur sa jeunesse, plonge le lecteur dans ses souvenirs d’enfance, à l’ombre d’un père imposant et plein de charisme. Il conte son village, Bilanga et mène le lecteur à travers ses sentiers, sa pompe à pédale et ses souvenirs de la ville de Mayumba. L’auteur y décline nom, origine, clan et entraîne le lecteur dans une découverte du noyau dur de son arbre généalogique. Amoan Pambo s’ouvre également sur la venue au monde de ses enfants et sur les responsabilités qui en découlent.
La partie consacrée à la mort quant à elle, est un récit difficile. Amoan Pambo semble, à travers ses écrits, panser ses blessures. Il décrit avec des mots saisissants de vérité, la peine endurée. Le lecteur est peu à peu amené à traverser, avec lui, les étapes successives : des obsèques à la mise en terre. L’auteur y rend un vibrant hommage aux valeurs et au sens de la dignité hérités de son père et qu’il entend assurément transmettre, à son tour, à sa descendance.
La partie renaissance enfin met en exergue la similitude entre la vie des hommes et celles des plantes via l’allégorie des bourgeons. Le texte prend des allures de conte philosophique lorsque l’auteur explique que parfois dans la froideur de l’hiver, les plantes meurent mais les bourgeons les ramènent à la vie quand vient le printemps. C’est cette métaphore filée qui conclut l’œuvre et laisse à s’interroger sur l’origine de la vie, sur la mort et sur le concept de vie éternelle telle qu’envisagée dans les grandes religions monothéistes. L’auteur pose les bases d’une réflexion profonde sur nos croyances ancestrales en vertu desquelles les petits-enfants sont le prolongement de quelques ascendants disparus. «Les morts ne sont pas morts», disait Birago Diop.
A travers ce texte poignant, l’auteur dresse également un réquisitoire pour un retour aux sources. Il plaide pour un changement de paradigme qui, in fine, devrait conduire les «afro-descendants» à une meilleure connaissance de soi et une acceptation de notre exception culturelle non plus envisagée comme une tare, mais plutôt comme une richesse. Amoan Pambo se définit d’ailleurs comme un «kémite renaissant», un personnage hybride né du choc entre la culture urbaine – hip hop, soul – ses racines et les valeurs africaines. Et pour lui, le changement de paradigme est un passage sine qua non vers l’émancipation et la renaissance du continent noir.
La préface de l’œuvre est signée Lord Ekomy Ndong du groupe de rap Movaizhaleine. A noter qu’Amoan Pambo est précurseur de la poésie slam au Gabon et formateur de la première génération de poètes urbains à la faveur des ateliers d’écriture et de performance poétique organisés avec le Centre culturel français (CCF, actuel Institut français du Gabon) de Libreville, entre 2004 et 2008. Il est l’initiateur des journées de l’oralité de l’Institut français. Il signe avec Bourgeons (Editions LaDoxa, Paris) dont la parution était fixée au 13 septembre 2014, sa première œuvre littéraire. Celle-ci apparait comme une suite logique du chemin de cet amoureux des mots.
Dans la vie de tous les jours, il est titulaire d’un MBA en logistique. Il jouit de la double nationalité gabonaise et américaine. L’homme travaille dans le secteur pétrolier à Houston au Texas où il vit depuis quelques années. Il est marié et père de 3 enfants.
3 Commentaires
chapeau et félicitation pour cette ouvrage l’artiste j’espère avoir l’occasion de le lire d’ici là merci de toujours œuvrer pour le rayonnement de la culture gabonaise bel hommage rendu au village bilanga bonne continuité et beaucoup de courage dans tes entreprises
bravo!!!les artisans des mots pansent,les maux dont soufrent la soci’été.ils travaillent inlassablement à l’éducation des peuples, en leur rappelant, d’ou ils viennent et baliser le chemin pour l’avenir.les paroles s’envolent mais les écrits éclaires la postérité.merci et soyez prolifiques « monsieur PAMBO »,la graine est semée!!!!!!!!!!!!
felicitation frero