La tentation du grand virage
L’administration publique est-elle trop politisée, au service exclusif d’un camp ? A-t-elle favorisé la coupure du pays en 2 camps opposés ? Au PDG et au sein de la majorité, on ne mesure toujours pas l’ampleur du phénomène. Mais, autour du président de la République, on réfléchit aux voies et moyens d’y remédier. Y parviendra-t-on ? Voire…
Y a-t-il encore un moyen de dépolitiser l’administration ? Lors du Conseil national du Parti démocratique gabonais (PDG) en avril dernier, les Gabonais avaient été surpris de constater que des directeurs généraux d’administrations publiques, d’établissements publics ou même de sociétés privées étaient invités à décliner leurs activités dans un cadre partisan. Pour la première fois en 24 ans de pratique démocratique, l’administration manifestait publiquement son allégeance à un camp politique, affichait ouvertement une coloration politique. Certes, les directeurs généraux d’administrations publiques ont toujours été recrutés de préférence parmi les membres ou sympathisants du PDG, mais jamais cela ne c’était fait de manière aussi ostentatoire.
Alors qu’Ali Bongo n’a cessé de magnifier le triptyque «Paix-Développement-Partage», qui laissait augurer de la participation de toutes les intelligences et forces sociales à l’œuvre de construction nationale, voilà que l’action publique se politise comme jamais auparavant. Les choses se radicalisent peut-être. Les positions se crispent certainement. Les hommes se figent et s’éloignent les uns des autres sans doute. Et le climat socio-politique se détériore inexorablement chaque jour davantage.
Au PDG comme au sein de la majorité on n’est, en tout cas, pas choqué par ce raidissement. Même si on ne pouvait s’attendre à mieux de leur part, on relève tout de même qu’aucun militant PDG n’a été choque qu’Ali Bongo les invite au combat idéologique en présence de directeurs généraux d’administrations publique, d’agents économiques privés et même de supposés investisseurs étrangers tels Olam. «C’est parce nous n’expliquons pas suffisamment notre démarche et nos ambitions que nous laissons le champ libre à ceux qui n’ont que le mensonge, la médisance, la calomnie et la haine de l’autre comme projet pour le Gabon. De quoi avons-nous peur ? De qui avons-nous peur ? De quoi vous cachez-vous ? », avait-il lâché en avril dernier face à un parterre visiblement acquis à sa cause mais devant une opinion publique médusée. Dans la même veine, aucun leader de parti membre de la majorité n’avait trouvé à redire au fait qu’il lance un appel à l’ouverture non pas à l’occasion d’un message à la nation mais dans un cadre politicien. «Venez apporter votre pierre à l’édifice. Ne passez plus votre temps à critiquer. Plutôt, venez rejoindre la grande famille de la majorité pour la construction d’un large rassemblement pour un Gabon fort et dynamique», avait-il lancé, en juin dernier, à l’occasion de la Convention des partis de la majorité, donnant le sentiment de réduire le président de la République au «distingué camarade» du PDG.
Toute la question est maintenant de savoir jusqu’où nous mènera cette politisation outrancière de l’administration conjuguée à une lecture essentiellement politique voire politicienne de la fonction présidentielle. Aujourd’hui plus qu’hier, le président de la République est curieusement perçu comme le chef de l’administration publique. Il est dépeint comme le«patron de l’administration émergente»,«l’émergent en chef». Un glissement sémantique et institutionnel sans doute explicable par la cannibalisation de la fonction de Premier ministre ou, mieux encore, par les liens incestueux savamment entretenus entre le PDG, d’une part, l’administration publique et le secteur privé, d’autre part.
Cartographie géo-ethnique de l’administration publique
Avec sa kyrielle d’établissements publics rattachés à la présidence de la République, Ali Bongo a tout d’abord fragilisé l’administration centrale, se substituant définitivement au Premier ministre, avant de transformer les liens de subordination entre l’administration et le pouvoir politique en une connivence voire une prise de position. Là où il faudrait de la loyauté, il a exigé de la fidélité. Là où on exige de l’action civile, il a demandé de l’action civique. Là où s’expriment des citoyens, il a demandé à des militants de prendre la parole. Résultat des courses : toute l’action publique fait désormais l’objet d’une lecture politique voire politicienne. Occuper des fonctions au sein de l’administration, c’est «être émergent». Et s’il existe certains administratifs pour s’en défendre, ils sont tout de suite soupçonnés d’apostasie.«Il n’est pas avec nous», «on dirait qu’il fait le double jeu», sont autant de sentences qui s’abattent généralement sur eux quand elles ne les poussent pas à rejoindre les «traitres», «jaloux», «ingrats», «haineux» qui constituent la longue liste d’agents publics à l’esprit quelque peu critique. Un climat si peu propice à l’œuvre de construction nationale que le président de la République lui-même en vient désormais à se présenter comme l’objet d’une «haine» prétendument entretenue par la «cohorte d’un certain nombre de leaders politiques». A l’évidence, ce climat ne saurait se prolonger éternellement.
Est-ce dans cette perspective que l’idée d’une cartographie géo-ethnique de l’administration publique est évaluée en ce moment dans certains cercles de décision ? Si les liens ethniques ou provinciaux ont jusque-là été présentés comme déterminants dans la cooptation des élites politiques et administratives nationales, les choses pourraient sembler plus complexes qu’elles ne paraissent. La complexité et la diversité des manières d’intégrer l’élite politique et administrative gabonaise devraient inciter à interroger les différents liens sociaux. La tentation du grand chambardement existe. Mais, elle ne saurait se réduire à une basse opération de «géopolitique» à des fins politiciennes. Autrement, elle pourrait résonner comme un aveu d’échec et s’avérer improductive. Ali Bongo n’a-t-il pas clamé faire fi de la «géopolitique» ? «La géopolitique (…) a favorisé la constitution de baronnies. Elle a permis la mise en place d’une gestion féodale des élites qui a eu pour conséquence de fragiliser l’Etat et de paralyser, par endroit, l’action publique», avait-il proclamé le 12 septembre 2012 devant les 2 chambres du Parlement réunies en congrès. Va-t-il se dédire ? Pour l’heure, la recherche de l’antidote à la «haine» dont Ali Bongo serait victime ne fait que commencer…
0 Commentaires
Roxanne , toujours égale à elle !
Question : c’est quoi un régime AUTOCRATIQUE ?
hahahahahahaha, mon cher Makaya, la question est de taille? je me la pose souvent aussi…. je pense est défini du fait d’un gouvernement par l’arbitraire, par la raison d’état, des religions/sociétés qui enseignent la soumission aveugle à une autorité, et n’avoir pas assez d’anathèmes pour les institutions à base de liberté et de discussion… Mais bon je sais pas si ça ressemble à ce que nous vivons je veux pas être traité membres d’une « cohorte » quelconque qui a une certaine » haine » vis-à vis de qui que ce soit.
Article évocateur et pertinent. ma tristesss est d’autant plus grande qu’auncun acte de courage ne peut être attendu à ce niveau, aucun sursaut patriotique ne peut être espéré car aucune volonté n’anime les décideurs la chose Publique pour eux restera définitivement conçue la chose familiale; et comme tout bien privé le partage ne peut se faire qu’au prix des grandes compromissions.Dommage!!!
Ha ca vraiment, tjrs aussi ravi et content de vous lire. le « président de la république » est rentré dans un cercle vicieux et il a re-créer sous une autre forme ce qu’il a voulu soit disant « combattre » : La baronnie. quand d’aucun comme Ali Akbar Onanga Y’Obegue, Yves-fernand manfoumbi, Bilié Bi Nze et ami(e)s sont multi-millardaire en moins de 5 ans; Mr le « président » a échoué mais un par orgueil ou par « ignorance » il essaie d’habiller celà de beaux discours… Mais tous avons le regret de savoir qu’il applique le dicton » qui n’est pas avec moi est contre moi » ce qui n’est pas une logique Républicaine, encore moins fédératrice ne lui déplaisent. Vs avez encore dans votre article touché un des « noeuds gordien » qui se pose au soit disant « Emergents ». L’avenir nous dira tic tac…2016 n’est pas loin…tic tac rien ne dure éternellement.
MERCI Mr BIBANG-Bi NZE !
J’en ai les larmes aux yeux…très chère Roxanne, loin des journalistes mercenaires qui pullulent dans votre profession, vous redonnez ses lettres de noblesses au quatrième pouvoir. Chapeau bien bas.
Merci Gabonreview et Féficitations à Madame Roxane Bouenguidi pour ce moment de lecture délicieuse… Continuez à rester neutres et justes, c’est des atouts majeurs pour un journaliste dont la plume ambitionne de donner de la hauteur à un pays et à ses lecteurs…En retour vous gagnez en estime et en sympathisants. Continuez votre oeuvre et bon courage dans un monde ou la médiocrité est devenue une réligion.
Nul ne pourra jamais incarner ce qu’il n’est lui-même !
C’est le 19 octobre 2009 qu’Ali Bongo et Paul Biyoghé Mba ont ensemble décidé de diviser le Gabon entre le Camp du pouvoir et les autres, transformant ainsi le putchiste Chef d’Etat devenu en Chef de Bande…. Et c’est ce que l’Histoire retiendra.
Rien ni personne ne pourra plus changer cela.
Bon texte . Felicitation sincere a toi ma chere Roxanne
D’où la PIP, un mode de rémunération qui montre vraiment la signature du « maître ».
Roxane est une des rares journaliste qui mérite encore ce titre vraiment felicitation. si seulement vos confrere communicateur de la RTG pouvaient prendre exemple sur vous pour enfin devenir des journalistes au lieu d’être de simple communicateur.
Pour le sujet il est pertinent et reflete la vraie réalité du pays et montre clairement que la construction du gabon ne concerne que les émergents, car aujourd’hui des grands cadres de ce pays sont assis à la maison pour n’avoir par reussi à presenter un DIPLOME EMERGENT car c’est la condition pour travailler et evoluer dans les hautes sphere de6 l’adminstration gabonaise.
Ali Bongo = président de la division = président des maquettes = présidents des voyages = président du clientélisme et de la gestion opaque (pour mieux détourner) des deniers publics = le plus égoïste et le plus égocentrique et excentriques des présidents que le Gabon n’ait jamais eu. Omar même dans son désordre le valait mille fois! Parole d’altogovéènne.
En un mot un regime autocratie
ALI je cite « Je serai heureux que lorsque que les gabonais seront heureux » fin de citation. Mais le bonheur c’est lorsque vos actes sont en accord avec vos paroles (Gandhi)
Roxane , très bonne analyse de l’administration gabonaise .
Que dieu le tout puissant protège ton inspiration ma fille .
On veut même cannibaliser les confessions religieuses. En ce moment un procès est intenté contre des pasteurs à Makokou pour leurs prêches lors du traditionnel culte du 16 aout. L’audíence pourrait avoir lieu le 24 ou le 25 de ce mois.
La politique , meme dans les pays dévéloppés , ne s’arrete pas dans un champ de mais ; l’administration c’est la partie visble de la politique. De quoi parlons nous là ? Aux USA chaque président s’installe avec son administration !
Les actes désavouent les belles paroles d’Ali Bongo en permanence. Ali c’est l’homme des délits d’initié, c’est un président devenu homme d’affaires ayant monté un échafaudage qui défie les lois de la gravitation à la fois économique et de la bonne gouvernance; l’homme des règlements de compte. Il a la rancune tenace! L’homme des caprices et surtout l’homme qui rêvait de faire du Gabon un royaume comme c’est le cas chez son pote le prédateur de Roi marocain Mohamed VI.
Ce texte pose un problème de fond , à la fois sociologique et politique. Il engage même l’avenir de notre pays en ce sens qu’il devrait faire l’objet d’une réflexion approfondie au cours d’un débat national.
Après 42 ans d’un système politique qui s’est focalisé dans une espèce d’abîme obscurantiste appelé « géopolitique », l’administration gabonaise est le que reflet de la médiocrité et des absurdités indescriptibles.
C’est avec horreur et stupéfaction que j’apprends que certains compatriotes viennent à regretter la soit disante « belle époque » : celle ou l’on pouvait faire d’un chien un ministre…, un pays ou le droit à la liberté et à la justice s’estompait devant le « chien aboie, la caravane passe… ». En fin de compte, ce sont ces monstruosités que les Gabonais ont vécues sur les lieux de travail ou une secrétaire non diplômée et parachutée était mieux payée que son son Directeur Général, au seul motif qu’elle était recommandée par la Présidence, de la République…En outre, c’est le système de parrainage qui a produit cette génération d’arrivistes qui, conscientsde leur incapacité à produire intellectuellement, o
diplômes ni mérite,
Ce texte pose un problème de fond , à la fois sociologique et politique. Il engage même l’avenir de notre pays en ce sens qu’il devrait faire l’objet d’une réflexion approfondie au cours d’un débat national.
Après 42 ans d’un système politique qui s’est focalisé dans une espèce d’abîme obscurantiste appelé « géopolitique », l’administration gabonaise n’ est que le reflet de la médiocrité et de l’absurde.
D’ailleurs, C’est avec horreur et stupéfaction que j’Observe que certains compatriotes viennent à regretter la soit disante « belle époque » : celle ou l’on pouvait faire d’un chien un ministre…, celle d’un pays où le droit à la liberté et à la justice s’estompait devant le « chien aboie, la caravane passe… ». En fin de compte, ce sont ces monstruosités que les Gabonais ont vécues sur les lieux de travail ou une secrétaire non diplômée et parachutée était mieux payée que son Directeur Général, au seul motif qu’elle était recommandée par la Présidence, de la République…En outre, c’est le système de parrainage qui a produit cette génération d’arrivistes (sans diplômes ni compétences professionnelles et consciente de son incapacité intellectuelle) qui se trouve à la tête des structures étatiques, para-étatiques et privées Cependant, l’on observe que ceux qui maîtrisent réellement » le concept et les outils de fabrication » sont marginalisés, relégués au rang de subalternes ou « assis à la maison ».
Dès lors, comment arriver à construire une administration de développement quand une majorité de compétents mais désœuvrés , décide de s’enfermer dans la » logique d’ un silence dévastateur « ?
Face à cette situation, je pense que la question dépasse largement aujourd’hui le simple fait d ‘appartenance à la Majorité ou à l’Opposition. Tous les parachutés du système se reconnaissent et sont prêts à défendre becs et ongles leurs positions et intérêts acquis sur l’autel des sacrifices et autres consentements : » je reste Émergent tant que le pouvoir ne touche pas à mes intérêts ! « . C ‘est cet écodrame que vit en permanence le Chef de l’Etat. D’ailleurs, cela me rappelle cette solidarité mécanique qui s’est établie à un moment donné de l’histoire entre Députés du PDG et ceux de l’Opposition lorsqu’il s’est agi de la question de la suppression des bourses de leurs enfants qui avaient accumulé des échecs dans des écoles et universités étrangères. Ce jour-là ils ont menacé et parlé de la même voix, au nom de la sauvegarde des intérêts de leurs rejetons. Je suis presque convaincu qu’ils continueront à légitimer leurs acquis du passé. Bref, je vous invite à méditer sur ce sujet, mais passons…
Parlant de la cartographie géo-ethnique de l’administration qui est révélatrice du danger qui menace notre société : étant donné que des compatriotes refusent de remettre en question cette « géopolitique » au rabais, il se trouve malheureusement qu’il existe des passionnés qui tiennent mordicus que le Trésorier Payeur Général doit être ressortissant de l’Ogooué- Lolo et que le poste de Directeur de Cabinet du Chef de l’Etat doit échoir naturellement à un altogovéen…, tout comme l’on peut être loin d’imaginer ce que le déplacement du poste de Premier Ministre de l’Estuaire vers le Woleu-Ntem a produit comme ressentiments chez les tenants de l’immobilisme…
Le Président veut faire du mérite et de la compétence des valeurs cardinales pour asseoir les bases d’un État capable de s’affirmer au plan national et international. Mais le problème est profond. Pour y répondre, il faut déjà pouvoir compter sur des gens avisés et capables de concevoir, de réaliser et d’évaluer la matière administrative. Pour cela, il faut libérer les intelligences, se départir de l’amalgame et évacuer cette psychose dans l’imaginaire populaire, celle qui consiste à faire croire qu’on peut construire un pays sans les intellectuels (au sens profond du terme), mais avec des mystificateurs, des faux diplômés et des arrogants. Malheureusement ce sont ces derniers qui tuent des innocents dans nos hôpitaux pour leurs incompétences nocives et des erreurs inadmissibles ; ce sont eux qui apprennent des « bêtises « à nos enfants à l’école, à l’université…
Parlant des agences qui ont été créées et qui sont devenues un véritable gouffre financier, peut-on évaluer leur performance actuelle quand on sait qu’elles devaient servir à booster notre économie, entre autres objectifs? Les conséquences et les résultats désastreux qui y sont enregistrés n’échappent à personne puisque ce sont des « cerveaux illuminés » qui trônent à la tête de ces structures !Avons- nous évalué combien l’Etat dépense pour le fonctionnement annuel de ces agences qui sont à la base de la création des tensions de trésorerie dans le budget de l’Etat, exercices 2013 et 2014?
L’administration gabonaise dans ses dysfonctionnements à réellement touché le fond. Il est un impératif catégorique qui commande un véritable débat . Sinon, elle est appelée à disparaître au bon vouloir des « commanditaires des ténèbres « .
Cependant, il n’appartient à personne de rêver ou de penser un seul instant que cette situation doive forcément entraîner l’importation des compétences étrangères. Notre pays n’est pas à vendre. Nous avons tous le devoir de le relever.
Vive le Gabon Éternel .