Le Premier ministre déroute, inquiète et laisse de marbre. Mais pourquoi ne suscite-t-il pas d’engouement ? Parce qu’il n’est pas assez politique ? Parce qu’il est trop politicien ? Ou parce que chacun sait qu’il ne décide en réalité de rien.

Ona Ondo, le 22 août dernier à Oyem, dans le cadre de sa tournée dans le Woleu-Ntem. © Michel Edgard/facebook/daniel.onaondo
Ona Ondo, le 22 août dernier à Oyem, dans le cadre de sa tournée dans le Woleu-Ntem. © Michel Edgard/facebook/daniel.onaondo

 
Ona Ondo n’arrive toujours pas à s’imposer dans l’opinion. Sept mois après son arrivée à la Primature, l’homme semble effectivement avoir du mal à trouver son tempo et à se frayer une place au cœur du dispositif, au centre de ce que certains appelleraient, au choix, «le système», «le pouvoir», «le régime» ou «l’émergence». Il a beau s’attaquer de front à Jean Ping, recevoir les membres de la Ligue estudiantine des droits de l’Homme, essayer de rassurer la Confédération patronale gabonaise (CPG), il est avant tout perçu comme «le Premier ministre des militants PDG du Woleu-Ntem» voire comme une potiche, un politicien prêt à avaler toutes les couleuvres moyennant quelques prébendes et menus avantages.
Que peut-on alors attendre de lui ? Que peut-on attendre de lui face au désordre créé par l’instauration bâclée d’une Prime d’incitation à la performance qui, sous prétexte de justice sociale, crée un régime de rémunération aléatoire ? Que peut-on attendre de lui face au tango de l’exécutif dans ce qu’il est désormais convenu d’appeler «l’affaire des recalés du Bac 2014» ? Que peut-on attendre de lui face au report sine die du National-foot ? Que peut-on attendre de lui quand on apprend que le projet de marina du champ-triomphal est en panne ? Que peut-on attendre de lui quand tous les hôpitaux du pays sont à l’arrêt ou presque ? Que peut-on attendre d’un Premier ministre qui, pendant que tout se délite, préfère parcourir sa province ?
Concentrant toute son activité politique sur son bastion du canton Nyé, fondant sa légitimité sur la fumeuse théorie de la «géopolitique», il a toujours donné l’impression d’être un cynique qui ne décrypte la réalité qu’à l’aune de ses propres intérêts et de ceux des siens. Dans tous les départements ministériels où il est passé, il s’est illustré par des promotions à forte connotation cantonale voire familiale. Partout où il est passé, il est apparu moins préoccupé par la mise en œuvre des politiques publiques que par les nominations. Partout, il a d’autant plus dérouté que c’est un homme de grande instruction. Tout cela inquiète aujourd’hui. Déjà, on l’annonce dans la province de l’Estuaire. On prétend même qu’il aurait reçu mission de sillonner le «pays Fang»…
Certes, ses laudateurs diront qu’il n’y a pas de quoi s’inquiéter outre mesure, que rien n’a fondamentalement changé au sein de l’exécutif entre l’ère de son prédécesseur et la sienne, qu’à la prétention technocratique de Raymond Ndong Sima, il préfère le réalisme politique. Mais, il est un fait : on ne saurait éternellement se satisfaire d’un gouvernement potiche, d’un Premier ministre Potemkine qui s’accommode de la situation. C’est connu : la politique c’est aussi un rapport de forces. A force de laisser faire, au nom d’un prétendu réalisme, les différents gouvernements qui se sont succédé ont fini par cautionner leur ravalement au rang de pots de fleurs. La vérité est là, toute crue : plus que ses prédécesseurs, Daniel Ona Ondo est un Premier ministre sans pouvoir. Mais s’il n’a pas de pouvoir, il en a au moins autant que tout citoyen gabonais.
En réalité son grand réalisme ou son cynisme, l’ont conduit à tout rater. Là où l’opinion attendait un politique épris de l’intérêt général, on a eu droit à un calculateur, qui avançait en tenant compte du supposé rapport de forces. Au lieu de se servir du fait qu’il soit nouveau comme un atout, de réaffirmer qu’il n’a été demandeur de rien, il a tout de suite plié. Ce réalisme le conduit aujourd’hui à faire comme si l’enseignant, le professeur d’université, qu’il est avant tout ne se rend pas compte qu’un ministre réputé très proche du président de la République est en train de saborder notre système éducatif, que l’on n’arrive toujours pas à clôturer l’année scolaire. Ce cynisme pousse l’ancien ministre de la Santé qu’il est à minimiser volontairement la fermeture des hôpitaux publics. Sur le Prime d’incitation à la performance, l’affaire des recalés du Bac 2014, le report sine die du National-foot, l’arrêt du projet de marina du champ-triomphal et le grève des hôpitaux, on aimerait voir s’exprimer le talent et la culture de l’économiste, de l’ancien ministre de l’Education nationale, de l’ancien ministre des Sports, de l’ancien ministre des Loisirs et de l’ancien ministre de la Santé qu’il est. Malheureusement, entre mutisme et politique politicienne, toute sa stratégie s’étale. Tout Daniel Onda Ondo est là.
Face à un pouvoir vieux de moins de 5 ans, son expérience aurait pourtant constitué un atout, un plus. Aux dires de certains membres du sérail, le président de la République semble progressivement prendre conscience de la nécessité de déléguer davantage et de délester son supposé tout-puissant directeur de cabinet de certains attributs. Mais pour cela, les ténors de la majorité, principalement le Premier ministre, doivent s’imposer et faire entendre leur musique. S’ils laissent faire, Ali Bongo n’a d’autre choix que de s’appuyer sur le seul qui ose, celui qui en impose. Dans ce cas, ce sera le triomphe du statu-quo. Dans ce cas, la nomination de Daniel Ona Ona Ondo n’aura servi à rien. Et l’on pourra vraiment se demander s’il est à la hauteur des enjeux et de la fonction de Premier ministre.
 

 
GR
 

0 Commentaires

  1. Henri Louboua dit :

    El Ali la qualifie de perle rare !!! MDR Le probleme ne vient meme pas de l incapacite du Pr Ona Ondo a diriger un gouvernement mais a l’ Amateur president emergent depourvu de toute intelligence et de culture politique!!!! Ali doit partir en 2016

  2. olivier dit :

    Que peut on attendre d un premier ministre professeur d’économie qui leur de sa déclaration de politique générale n’a malheureusement pas mentionner un seul chiffre? Que peut on attendre d’un tel honte qui pense que le Gabon se résume a sa province d’origine?
    La perle rare est la, effectivement perle rare parc que véritable béni oui oui, homme vide sans personnalité et ça s’appelle professeur?

    • Enfoire dit :

      Cher Olivier je ne pense pas un instant que vous valez monsieur Ona Ondo. C’est pas parce que quelqu’un décide de faire de la politique que vous devez l’insulter ou le traiter de honte , apprenez a respecter les gens. Ona Ondo est une valeur sure de ce pays.

      • olivier dit :

        Vraiment Enfoire d’après vous la valeur d un homme est lier a ses diplômes alors la. cela veut dire que la mère et le père D’Ona Ondo qui étaient sans diplôme étaient aussi sans valeur pour suivre votre logique. Ou encore d’après vous la valeur d un homme se trouve dans le poste ou la fonction qu il occupe? enfin dans un pays ou on peut faire d un chien un ministre et d un ministre un chien cher compatriote il faut revoir votre définition sur la valeur d un homme. Au delà quand quelqu’un n’a pas la force de défendre, la bonne morale, le bon sens, de dire non au vole, aux assassinats, quand quelqu’un n’a pas assez de personnalité pour démissionner mais préfère subir les humiliations d un ignorant comme Ali ou accrobessi et quand quelqu’un ne se gène pas de mentir au peuple et refuse de voir les réalités, cette personne fut il un premier ministre, fut il un professeur est une honte simplement cher compatriote. Ona Ondo est une honte et n a aucune valeur dans se pays. j ai dix mille fois plus de respect pour un Myboto sans diplôme mais qui amener a choisir entre son honneur, sa famille et le poste juteux de ministre des TP a choisi son honneur et sa famille.

      • Z--Z dit :

        Vraiment, ton Pseudonyme ou ton nom donne du sens à ton intervention de ta personnalité: « Enfoiré » ! Essaie de réfléchir au lieu d’être enfoiré, hein ? Il n’y a qu’au Parti Démocratique Gabonais (PDG) qu’on dégote des « enfoirés « , voilà, tu t’es trahi tout seul ! Et, c’est le lot de pé-dé-gistes… C’est dommage, ré saisissez vous ! ça devient, l’hécatombe et une calamité vos interventions et agissements. Arrêtez d’abrutir davantage, les Gabonais !!!Dieu est entrain de vous confondre, comprenez-le,sinon, il sera trop tard, le Tsunami finira par arriver par la Marina inachevée (…)

  3. Rodrigue Mali dit :

    Chapeau bas a l’auteur de cette analyse poussee,objective et logique. En effet la republique est aux abois avec un president menteur,un premier ministre amorphe et louphoque et un gouvernement hors de la republique. Des lors ali doit choisir avec quelle arme il sera battu: LA RUE ou LES URNES?

  4. akewa dit :

    Nous étions à Oyem et à Bitam ce Week End et celà depuis mercredi.Toutes filles et fils du grand nord sait qu’à pareil moment personne n’a le temps de s’occuper d’ONA et de sa caravane.Entre juin et mi Septembre le woleu Ntem à ses traditions qu’ONA ONDO pour sa soit disans politique ne peut pas changer.Qui laissera ses responsabilités dans l’organisation de son retrait de deuil pour suivre ONA ONDO? qui laissera la messe de requième de son parent pour une causserie d’ONA ONDO? et même renseigné vous, il n’y a pas une personne qui revienne du nord qui vous dira ce qu’il a dit ou pourquoi il fait le tour de notre province.Il a une délégation de voiture qui s’arrete chez quelqu’un, il discute avec cette personne et le convoi repart voici ce que nous avons vécu.Et pendant qu’ils y sont les gens s’occupent d’autres choses et ne s’interesse pas à eux.c’est une tournée assez particulière si elle est politique.Ce que nous avons aussi vécu c’est que les gens mouraient dans les hopitaux de la province pendant qui faisait le tour de ville ave ses amis.Sérieux ou pas? Qui ira à sa rencontre en sachant que nous ne pouvons plus nous soigner.Dans le grand nord ca réfléchi et ca pense.

  5. Madouaka dit :

    Mme Roxane Bouenguidi quelle charge? On peut dire qu’il a pris cher là le Pr ONA.
    Franchement pour en venir au premier ministre, il faut être honnête le Gabon a toujours eu de par son régime dictatorial, un régime Hyper présidentiel. Ona Ondo comme tous les autres avant lui est un faire valoir, excepté peut être Casimir qui a eu la chance d’être PM quand le régime était faible.
    Le PM sortant s’était vu imposé des conseillers ça montre bien l’étendu de la faiblesse des PM.
    Même si Ona Ondo ne faisait pas sa tournée, il aurait fait quoi face aux situation que vous dénoncez? Le réquisitoire que vous avez tenu sur Ona Ondo est valable aussi pour l’assemblée nationale ?
    Le seul reproche qu’on peut faire a tous ces minables du PDG c’est d’accepter des responsabilités fictives contre des prébendes.

  6. delpino dit :

    ONA ONDO est premier ministre pour lui et sa famille de grace ke l’on entende plus ke ce monsieur ki est du reste contesté mm au sein des siens represente le woleu-ntem pck nous on en veut pas de ce poste qui pue la merde allez le demander à son ainé ancien dentiste il vous le dira

  7. Petit Yannick dit :

    Vraiment…que fait l’assemblée nationale ? Où sont nos députés ?
    Pourquoi n’interpellent-ils pas le PM ?
    C’est quand même étrange. Au lieu de vous impliquez dans la résolution des problèmes et autres conflits sociaux que rencontre le pays. Essayez de faire en sorte que le peuple vous suive naturellement parce-que vous aurez « mouillé le maillot », non on préfère aller parlementer de village en village pour raconte des mensonges.
    Posez des actes et les Gabonais vous les rendrons. C’est quoi cette volonté manifeste de vouloir nous maintenir dans le noir ? Cette quoi politique que l’on fait du lundi au dimanche, 364 jours durant ? Et on travail quand ?

  8. Kleths dit :

    Est ce la, la perle rare qu’on nous a vendu?Meme si personne ne met en doute les connaissances du Pr ONA ONDO, force est de constater qu’en 7 mois peu ou pas de choses ont reellement avancer. Si apres 3 PM en 5 ans on nous pond encore l’erreur de casting alors je pense que c’est le caster qu’il faut mettre a la porte.

  9. legabonaisvoi dit :

    Mes chers frères, le pays va droit au mur! Imaginez-vous que l’administration n’a même pas de crédits pour fonctionner, tout est retenu par la légion étrangère, le Parlement le sait, le PM le sait mais personne n’ose parler! Le PM du woleu-ntem préfère faire son Chow dans sa province et le PAN reste complètement muet!
    Non ces gens doivent tous partir!

  10. Mabenda dit :

    Très bonne analyse. Félicitations à l équipe de Gabonreview.

  11. Mussomba dit :

    Parlez! parlez! c’est tout ce que vous savez faire, Ona ondo lui avance!

  12. Jean Christian MOORE dit :

    Juste une question à « legabonaisvoi »: Tu dois surement être trésorier payeur général pour savoir que l’administration n’a pas de crédits pour fonctionner. N’est-ce pas?
    Non c’est vous là qui voulez amener le pays droits au mur avec vos fausses informations qui appellent au soulèvement.

  13. Roland dit :

    Quand vous décidez d’enlever un homme comme ndong Sima premier ministre parcequil voulait booster les choses vous vous attendez à quoi de la part de ses successeurs

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