Main basse suisse sur le pétrole africain… et gabonais
L’opacité entretenue pendant longtemps par les négociants suisses de pétrole et leurs partenaires africains vient d’être dévoilée à travers un rapport publiée par un consortium d’ONG.
A travers un rapport intitulé «Big Spenders: Swiss Trading Companies, African Oil and the Risks of Opacity», les ONG, La Déclaration de Berne, Swissaid et Natural Resource Governance Institute (US) mettent en lumière les manigances opérées par certains gouvernements des dix principaux pays exportateurs d’Afrique subsaharienne et leurs partenaires négociants helvétiques dans l’achat de brut. «Les ventes de pétrole brut par les gouvernements et leurs compagnies nationales sont l’un des secteurs les moins étudiés de la gouvernance du secteur pétrolier, il s’agit de la première étude détaillée sur ce sujet», ont déclaré les auteurs qui se sont focalisés sur l’Angola, le Cameroun, le Congo-Brazzaville, la Côte d’Ivoire, le Gabon, le Ghana, la Guinée équatoriale, le Nigeria, le Soudan du Sud et le Tchad.
Selon le rapport de 27 pages, qui réunit des informations jamais publiées sur plus de 1500 ventes de pétrole brut par les États et les compagnies pétrolières publiques d’Afrique subsaharienne, entre 2011 et 2013, les firmes de Genève et de Zoug se sont aménagées une part de marché de 25% sur le segment très opaque de la filière pétrolière. Les entreprises suisses ont ainsi acheté plus de 500 millions de barils de pétrole, représentant 55 milliards de dollars, soit l’équivalent de 12% des recettes budgétaires cumulées de ces États, allant jusqu’à détenir le monopole dans certains pays. «De tels paiements devraient s’effectuer en toute transparence en raison de leur énorme ampleur. Cependant, dans la plupart des cas examinés, une telle transparence a fait défaut. Il n’y a aucune transparence sur la destination de l’argent lié à ces ventes de pétrole, alors que les montants sont faramineux», affirment ces ONG.
Le Gabon, Petrolin, Vitol, Gunvor, etc.
Le rapport indique, concernant le Gabon, que l’agence Bloomberg a rapporté que Petrolin, une société qui commercialise du pétrole pour le gouvernement gabonais, a vendu deux cargaisons de brut gabonais, du Rabi léger, en octobre 2012. Si l’acheteur, le volume et la date sont indiqués dans les documents de la transaction, il est néanmoins impossible de vérifier s’il s’agit vraiment de brut gouvernemental. Pour rappel Petrolin est une petite société fondée et présidée par Samuel Dossou, un ancien conseiller spécial du président Omar Bongo. Du fait de certaines dispositions mises en place par le gouvernement gabonais au début de la décennie en cours, Petrolin a trouvé des clients pour le pétrole du gouvernement gabonais, mais a également vendu des cargaisons individuelles provenant du Gabon. Parmi ces acheteurs, on comptait des entités suisses telles que Vitol, Gunvor et, le très peu connu Admar Trading. Les auteurs du rapport indiquent que rien n’est clair qui pourrait certifier que Petrolin ou l’éventuelle société acheteuse a payé le gouvernement gabonais pour ce brut, puisque cet intermédiaire commercialise également le pétrole de ses propres participations dans des actifs gabonais en amont (ça on ne le savait pas) et que les deux catégories de cargaisons ne peuvent être distinguées.
Les ONG indiquent qu’au début de l’année 2013, le rôle marketing de Petrolin a enregistré un recul notable avec l’entrée en scène de Vitol qui a conclu un accord avec Gabon Oil Company, société nationale créée pour commercialiser au moins une partie de la part de production du gouvernement gabonais. La même année et en vertu de cet accord, Vitol a levé plusieurs cargaisons et a vendu pour plus de 400 millions de dollars du pétrole pour l’Etat gabonais. Cependant, l’implication au Gabon des marchands de pétrole Suisses devrait diminuer du fait que Gunvor préconise d’accorder des prêts au gouvernement gabonais et de se mettre en joint-venture avec lui pour la création d’une société de raffinage et de commercialisation de produits pétroliers.
De gros trous dans les budgets des Etats
Pour les auteurs du rapport les cas de Petrolin et Vitol qui pourraient s’expliquer par le fait que certains pays africains manquent d’expérience dans les transactions pétrolières, n’illustrent pas moins comment certains gouvernements choisissent de négocier des accords de commercialisation à long terme avec des entreprises individuelles plutôt que de procéder à des appels d’offres. Ce qui limite la concurrence et crée des risques avec des intermédiaires qui cherchent à gagner des marges bénéficiaires énormes qui auraient pu servir à la trésorerie de l’Etat.
Devant cette situation, les ONG demandent aux pays producteurs d’adopter des règles assurant «l’intégrité dans la sélection des acheteurs et la fixation du prix de vente». En outre, ils demandent que les pays publient les noms des sociétés qui achètent le pétrole étatique. Du travail, toujours et encore pour les coalitions «Publiez ce que vous payez» et Initiative pour la Transparence des Industries Extractives (ITIE).
Trouvez le rapport ICI.
7 Commentaires
En parcourant cet billet ,je crois comprendre que les gabonais ont été encore roulé dans la farine par les memes (étrangers Dossou Samuel et les autres ).
J’ai aussi retenu que le gabon n’avait pas reçu l’argent issu de la vente de certaines cargaisons de la part de GUNVOR .
Au lieu d’asphixier le travailleur du privé en lui imposant 2,50 pour la CNAMGS , voila de l’argent à recuperer pour que tous le gabonais aient accès aux soins et logements .
Vraiment regrettable; cupidité quand tu nous tien! Mais ces « Africains » ne s’interrogent jamais sur le fait que leurs corrupteurs travaillent toujours pour les intérêts de leur pays? Le Suisse travail pour la Suisse. C’est idiot de pas le comprendre. L’Africain n’aime pas son frère, et encore moins sa terre c’est pas faux de le dire avec de tels agissements. Et mieux, il aurait fallu que se soit des ONG européennes qui le mettent au grand jour; et pas nos Gouvernements ou Parlements!!! Et si l’Afrique refusait le développement!!!
…Mafiosi au sommet de l’État Gabonais. Pour moi les agissements de ceux qui dirigent le Gabon ne peuvent plus être perçus comme un trait d’incompétence scandaleuse,mais plutôt comme une volonté manifeste d’appauvrir le pays et de se remplir eux mêmes les poches: du Buzness, de l’affairisme sauvage sans respect des règles d’encadrement quelque soit l’activité; On fait passer un contrat de gré à gré alors qu’il doit en être autrement via l’opération d’appel d’offre, etc. Ce qui est regrettable dans tous cela, c’est que le peuple gabonais y compris moi même, est mollasson, endormi, passéiste, mais gueulard pour des niaiseries. On trouve beaucoup à dire pour des futilités quand on a besoin de cette énergie pour protester, revendiquer, combattre, stopper tous ce qui va à l’encontre des intérêts du peuple. On préfère se contenter de dons comme des sujets, alors que notre pays est doté d’une immense richesse qui profite à un groupuscule de personnes mal intentionnées. On préfère attaquer ceux qui tente de faire quelque chose pour arrêter cette hémorragie, c’est triste! comme quelqu’un l’avait dit: chaque peuple mérite ses dirigeants, il ne croyait pas si bien dire pour ce qui est du cas du Gabon. Quel est ce peuple qui refuse volontairement de voir? oh mon Dieu aidez-nous, Amen!
Pensez-vous que c’est un hasard les épousailles entre fils aîné Dossou et notre adjointe au maire a Akanda( Malika Bongo fille aînée du président Ali Bongo)?
Peuple gabonais continuez à voter vos parents du PDG lors des municipales et les législatives sans que ces derniers ne changent rien a votre quotidien piteux.
Au lieu que nous continuons de converser et dire Dossou ceci, Pétrolin celà, et divers, c’est pas mieux que nos ONG (Publiez ce que vous payez et Tranceparency international) portent plainte à l’international de ce vol à ciel ouvert?
C’est pas sérieux ça!
Le commerce a été inventé depuis un certain temps et a fait ses preuves alors, suivons les règles de l’offre et de la demande selon le code qui régit les échanges commerciaux .
A défaut chacun fait avec se qu’il a et l’on partage se qui est en trop it’s the good deal for good biz .
Vive l’action positive KEMET debout .
Pourquoi toujours vous acharner sur les mêmes personnes. Il y’a plein d’européens qui font des affaires au Gabon. Le Gabon est un pays libéral et les affaires sont les affaires. Aucun homme d’affaires au monde ne fait de la philanthropie . Les hommes d’affaires peuvent gagner comme ils peuvent perdre. Les États gagnent et il leur appartient de décider de l’utilisation de leurs revenus. Je doute fort qu’un homme d’affaires puissent utiliser pour lui tout le revenu d’une cargaison et l’Etat ne réagit pas. Ça n’a pas de sens.
Gabon review, vous avez les noms des sociétés , contactez les et recueillez leur version.