[TRIBUNE] Pour un accès gratuit aux contraceptifs : un stérilet offert, une vie sauvée

Alors que les grossesses non désirées freinent encore trop de parcours féminins au Gabon, l’heure est venue de démocratiser l’accès aux contraceptifs modernes. Dans cet appel vibrant, Colette Amorissani, présidente de l’association Équateur, plaide pour la gratuité du stérilet, outil de liberté et de justice sociale pour des milliers de femmes.

La présidente de l’association Équateur, Colette Amorissani, plaide pour la gratuité du stérilet, outil de liberté et de justice sociale pour des milliers de femmes. © D.R.

La présidente de l’association Équateur, Colette Amorissani. © D.R.
Dans un pays comme le Gabon, où plus de 60 % de la population est constituée de jeunes et où les femmes sont encore trop souvent victimes de grossesses non désirées, il devient urgent de repenser notre approche de la santé reproductive. Trop de jeunes filles abandonnent les bancs de l’école. Trop de femmes voient leur vie sociale, professionnelle ou familiale bouleversée par une grossesse non planifiée.
Et pourtant, des solutions existent. Le stérilet, aussi appelé dispositif intra-utérin (DIU), est l’un des moyens de contraception les plus sûrs, les plus durables et les plus économiques. Il protège pendant 5 à 10 ans, ne nécessite pas de traitement quotidien, et est réversible. Il a changé la vie de millions de femmes dans le monde. Pourquoi pas au Gabon ?
Aujourd’hui, le prix d’un stérilet dans une clinique privée peut atteindre 15 000 à 25 000 FCFA. Pour une femme sans emploi ou une élève, c’est un luxe inaccessible. Cette situation crée une inégalité criante d’accès à la santé reproductive.
À l’heure de la restauration des institutions tant prônée par les plus hautes autorités du pays, il est essentiel que cette dynamique s’étende également à la santé reproductive.
Restaurer les institutions, c’est aussi restaurer la confiance des citoyens dans le système de santé, en garantissant un accès équitable aux services essentiels. C’est faire en sorte que chaque femme, quelle que soit sa condition sociale, puisse choisir librement et dignement sa maternité.
L’Afrique avance. Le Gabon peut suivre
Des pays africains ont déjà franchi le pas :
– Le Burkina Faso a rendu gratuites toutes les méthodes contraceptives modernes, dont le stérilet, depuis 2019.
– Le Rwanda, l’Éthiopie, le Bénin, le Kenya, la Tanzanie, le Sénégal, ou encore la Côte d’Ivoire offrent déjà le stérilet gratuitement dans les centres publics, avec l’appui de partenaires comme l’UNFPA, USAID ou MSI Reproductive Choices.
– Le Partenariat de Ouagadougou, auquel le Gabon pourrait s’associer, accompagne plusieurs pays dans cette dynamique.
Alors pourquoi pas nous ? Le Gabon peut et doit s’inspirer de ces modèles pour garantir à chaque femme le droit fondamental de choisir librement sa maternité.
Nous appelons :
– Le Ministère de la Santé à intégrer la gratuité du stérilet et des contraceptifs dans les centres de santé publics.
– L’UNFPA et les bailleurs de fonds à appuyer techniquement et financièrement cette dynamique.
– La société gabonaise à briser les tabous autour de la contraception et à la considérer comme un acte de liberté, de dignité et de responsabilité.
Une femme qui choisit quand et combien d’enfants elle souhaite avoir est une femme qui a le pouvoir d’agir, d’éduquer, de contribuer et de rêver. Offrir un stérilet, ce n’est pas seulement offrir un outil médical. C’est offrir un futur. C’est sauver une vie.
Colette Amorissani, présidente de l’association Équateur

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