Réagir : François Ndong Obiang et Persis Lionel Essono Ondo à couteaux tirés ?

Alors qu’il était perçu comme le «protégé» de François Ndong Obiang qui a par ailleurs fait de lui le président intérimaire (mais controversé) de Réappropriation du Gabon pour son indépendance et sa reconstruction (Réagir), Persis Lionel Essono Ondo a, le 15 avril, présenté sa démission du parti. Un mois après le congrès ordinaire et quelques jours après la présidentielle, il accuse François Ndong Obiang soutenu par ses fidèles compagnons, d’être le maestro du désordre qui règne au sein de cette formation politique.

Persis Lionel Essono Ondo lors du congrès ordinaire de mars 2025. © GabonReview
Mardi 15 avril, Persis Lionel Essono Ondo a présenté sa démission du parti Réappropriation du Gabon pour son indépendance et sa reconstruction (Réagir). Une décision intervenant à l’issue du deuxième congrès ordinaire qui, a-t-il laissé entendre, n’a pas garanti les principes fondamentaux de transparence, d’inclusivité et de respect des règles démocratiques. Pourtant nommé au nombre des quatre vice-présidents du parti lors de ce congrès, Essono Ondo évoque une organisation entachée d’irrégularités : restriction de la parole pour certains cadres et militants, absence de débats contradictoires, composition douteuse du collège électoral avec des délégués «triés sur le volet» et délibérations jugées non valables.
Il fustige aussi l’exclusion arbitraire de responsables des structures de mobilisation. «Dans ces conditions, il est admis que le congrès n’a pas pu valablement délibérer» a-t-il affirmé pointant également du doigt le non-respect des textes concernant la révision des statuts. Notamment, l’article 16 des statuts ayant fait l’objet d’une modification pour permettre à François Ndong Obiang en situation d’incompatibilité et de fait indisponible temporairement, de briguer un second mandat. Donc de cumuler ses fonctions exécutives au sein du parti d’avec les fonctions de premier vice-président de l’Assemblée nationale de la transition. À en croire Persis Lionel Essono Ondo, les congressistes ont demandé que ce point soit soumis au vote conformément à l’article 28-2 des statuts, mais ça n’a pas été le cas.
Congrès finalement sous haute tension et soupçons graves
«Les Statuts n’ont pas été révisés. Ainsi tous les actes sont frappés de nullité y compris le renouvellement du bureau exécutif du parti», a-t-il dit. De même, contrairement à l’article 28-3, les congressistes n’auraient pas été sollicités pour l’élection du nouveau bureau exécutif et le congrès a supprimé la limitation des mandats du président. «Chacun peut en tirer toutes les conséquences», argue Persis Lionel Essono Ondo. Dans sa lettre de démission, il se dit incapable de «cautionner ces irrégularités» et de continuer à militer dans un parti «dont les leaders violent sans vergogne la loi». Il pointe du doigt une majorité silencieuse qui, par son inaction, aurait permis à un seul homme : François Ndong Obiang, de s’accaparer le parti.
S’il dit avoir tu ses divergences jusqu’ici pour ne pas compromettre la campagne présidentielle en faveur de Brice Clotaire Oligui Nguema, Essono Ondo affirme aujourd’hui avoir été trahi. Il dit avoir tout donné pour ce parti et soupçonne désormais François Ndong Obiang et les autres membres du parti proches de lui, d’être à l’origine de ses ennuis y compris judiciaires puisque cité en correctionnel pour faux et usage de faux. D’autant plus que, souligne-t-il faisant allusion à Bruno Ondo Mintsa, «le conseiller du président a confectionné un cachet correspondant à mes titres et qualités. Un cachet estampillé Président intérimaire». Il se plaint de ne pas être soutenu par la team Ndong Obiang devant la justice.

1 Commentaire
Bjr. Du déjà vu et entendu. Amen.