Gabon : Au lendemain de la présidentielle, de nombreux défis pour Oligui Nguema

En attendant la prestation de serment du «nouveau président» de la République et la fin de la Transition entamée au lendemain du coup d’État du 30 août 2023, les Gabonais attendent davantage du nouveau régime un mieux-être et le développement de leur pays. Ainsi, des chantiers immenses attendent Brice Clotaire Oligui Nguema, le vainqueur de la dernière présidentielle, sur qui pèsent de nombreuses attentes. Ci-dessous ce qui pourrait être vu comme chantiers prioritaires.

Sur les épaules d’Oligui Nguema, les attentes sont immenses et les espoirs grands. © D.R.
La Transition survenue le 30 août 2023 avec le coup d’État tire désormais à sa fin. Rien ne peut plus arrêter ce processus ayant enregistré un important tournant avec l’élection présidentielle du 12 avril 2025. Après près de 20 mois hors de l’ordre constitutionnel, Brice Clotaire Oligui Nguema, président de cette Transition, plébiscité par les électeurs, a la charge de remettre le Gabon sur les rails. En ce sens, les attentes sont immenses et les espoirs grands.
Un retard criard à rattraper dans son processus de développement
L’élection présidentielle a donc permis aux électeurs gabonais de désigner le général Oligui Nguema, tombeur du régime d’Ali Bongo en 2023, nouveau président de la République. Sur ses épaules, reposent désormais les espoirs du peuple qui voit en lui son «Moïse», son «libérateur». En effet, le Gabon accuse visiblement un retard criard à rattraper dans son processus de développement. Entre obsolescence des infrastructures, à tous les niveaux, accroissement de la pauvreté, chômage abrupt chez les jeunes, vie chère, absence de réforme des institutions, la faible diversification de l’économie et autres fléaux à combattre à l’exemple de la corruption devenu sport national, le nouvel homme fort de Libreville a du pain sur la planche.
Si les 19 mois de Transition ont quasiment permis de finaliser les chantiers et projets lancés par l’ancien régime et de lancer quelques autres, les Gabonais attendent désormais un programme structuré permettant d’améliorer leur qualité de vie. Élu avec 90,35 % au premier tour, Oligui Nguema a des défis économiques, sociaux et politiques à relever.
Doper la croissance économique
Le chômage des jeunes, la dette publique, l’accès à l’eau et à l’énergie, la diversification de l’économie, la réforme et la gouvernance institution, des entreprises … sont quelques chantiers sur lesquels le président gabonais devra s’appesantir durant les sept années à venir. Toutes choses devant lui permettre de transformer ses promesses électorales en actions concrètes en faveur des populations.
Pour atteindre ces objectifs, Oligui Nguema devrait doper la croissance économique et la diversifier. En l’absence de diversification, la croissance du Gabon devrait ralentir à 1,6 % à long terme, contre 2,7 % en 2025. Des déséquilibres budgétaires persistants pourraient compromettre la capacité du pays à faire face à ses obligations à court terme, et rendre sa dette insoutenable, indiquait le Fonds monétaire international (FMI), d’autant plus que les perspectives économiques du Gabon sont fragilisées par l’épuisement progressif des ressources pétrolières. Il faudra donc diversifier l’économie nationale pour stabiliser la croissance, notamment.
Créer plus d’emplois, plus d’investissements dans les secteurs eau et énergie
Le chômage, notamment chez les jeunes, est une épine dans la chaussure du général. Il devrait trouver des solutions miracles pour sortir au moins 36 % (jeunes entre 15 et 24 ans) de sa population dans cette situation. En attendant, durant les 19 mois de Transition, des initiatives telles que la Banque du Commerce et de l’entrepreneuriat du Gabon (BCEG), dotée de 20 milliards de francs CFA, ont été mises en place pour faciliter l’accès au crédit, de même que la formation professionnelle. Mais, il faudra également créer plus d’emplois, même si le nouveau président revendique plus de 25.000 créés pendant la Transition.
Quant à l’eau et l’énergie, il y a du travail à faire. Les Gabonaises et Gabonais font face depuis quelques années à des coupures et délestages qui se sont accentués sous la Transition. Des solutions durables devraient donc être trouvées pour rompre, d’une part avec le stress hydrique et les coupures de courant plombant les activités économiques dans les ménages et les industries, d’autre part. Pour Oligui Nguema, la solution devrait passer par la scission de la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG) en deux structures autonomes comme dans quelques pays voisins. Mais aussi, il faudra faire plus d’investissements dans les secteurs de production, du transport et de la distribution, comme l’indiquait l’ancien Premier ministre Alain-Claude Bilie-By-Nze.
Institutions et entreprises : réformer tout et revenir à l’orthodoxie, à l’efficacité, à la rigueur

Brice Clotaire Oligui Nguema. © D.R.
Le nouveau locataire du palais Rénovation doit de même s’occuper de la gouvernance et de la réforme des institutions, d’autant plus qu’elles sont gangrenées par des attitudes et habitudes ne correspondant plus à l’air du temps. La corruption, le clientélisme, le népotisme, les lenteurs y ont notamment fait leur lit. Il faut donc réformer tout cela pour revenir à l’orthodoxie, à l’efficacité, à la rigueur, à un service de qualité et au résultat. Ces réformes s’imposent de même aux entreprises publiques (CNAMGS, CNSS, etc.) dont on voit depuis quelques années la faiblesse de leur rendement et les gouffres à sous qu’elles sont devenues.
Activer des leviers de réduction de la dette
Réduire la dette est aussi l’une des priorités primordiales du nouveau président de la République. Estimée à 7 500 milliards de francs CFA, elle reste préoccupante pour le pays et sa population. Malgré cela, le FMI prévoit un taux d’endettement de 78,9 % du PIB à fin 2025. «Le président Oligui Nguema devra activer des leviers de réduction, avec pour objectif de ramener le niveau d’endettement sous le seuil de 70 %, admis dans la Communauté économique et monétaire des États de l’Afrique centrale (Cemac)», écrit EcoMatin. Ce qui devrait permettre «de restaurer la confiance des bailleurs de fonds, mais aussi de dégager des marges pour améliorer l’accès aux services sociaux de base».
La santé, l’éducation, la formation et les infrastructures routières
La santé, l’éducation et la formation sont d’autres défis que devrait relever le président élu. En effet, de nouvelles infrastructures devraient être bâties sur l’ensemble du territoire national afin de fixer les populations. Les salaires et les conditions de vie et de travail du corps enseignant et d’encadrement devraient être améliorés afin de leur permettre d’exercer partout dans le pays. Les plateaux techniques des hôpitaux devraient être renforcés et améliorés, tout comme les formations de tous les personnels méritent d’être revues afin de les arrimer aux standards internationaux et de les rendre plus performants et rentables.
Les infrastructures routières méritent une attention singulière. De ce côté, Oligui Nguema, qui revendique 1900 km de route bitumée en 19 mois, devrait de même s’attaquer aux routes reliant les provinces, les unes aux autres. Un chantier titanesque qui aurait le mérite de faciliter les déplacements dans l’arrière-pays, d’alléger les prix du transport d’une province à une autre et d’agir sur le panier de la ménagère qui s’amenuise de jour en jour.
La vie chère a contribué à paupériser la population gabonaise. Les prix des produits de première nécessité se sont envolés depuis quelques années. Sur ce point, malgré la mercuriale en vigueur, le gouvernement devrait trouver d’autres voies pour redonner le sourire aux ménages et leur permettre de se nourrir convenablement, autrement d’avoir au moins trois repas par jour.

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