Les Gabonais (920 200 inscrits, répartis sur 3037 bureaux de vote, au Gabon et à l’étranger) votent ce samedi 12 avril dans l’optique de la désignation du nouveau président de la République. Par rapport au référendum du 16 novembre 2024, on note plus d’engouement sur le terrain. Dans le même temps, tout le monde (observateurs, électeurs et acteurs politiques rencontrés) s’accorde sur le fait que tout se déroule sans anicroche, nonobstant quelques manquements.

Au Gabon, 920 200 électeurs étaient appelés aux urnes ce samedi 12 avril 2025. © GabonReview

 

Le Gabon tourne la page de la Transition et inscrit ce samedi 12 avril 2025 une nouvelle à son histoire. Les électeurs sont appelés aux urnes afin de voter pour le candidat et pour le projet qu’il porte pour présider, pendant les sept prochaines années, aux destinées du pays. Il est donc question de revenir à l’ordre constitutionnel perturbé, le 30 août 2023. Dans l’ensemble, «tout se passe bien», soutiennent, unanimement, les électeurs, les observateurs et les représentants de l’administration électorale.

«Participer à l’histoire de notre»

Balade en images dans quelques centres de vote. © GabonReview

En comparaison avec l’organisation du scrutin référendaire du 16 novembre 2024 ayant permis la validation, par le peuple, de la nouvelle Constitution gabonaise, l’élection présidentielle semble avoir été mieux organisée. C’est du moins ce que relèvent les personnes rencontrées dans les centres de vote de l’école publique Sainte-Marie, de l’école publique de Nzeng-Ayong Lac, de Martine Oulabou ou de l’école publique de Nzeng-Ayong 1, ou encore de Dragages.

Globalement, les présidents des bureaux de vote rencontrés assurent et confirment que le matériel électoral a été déployé dans les temps et les bureaux ouverts au plus tard à 7 heures. De même, les premiers électeurs ont été enregistrés dès l’ouverture. «Je suis arrivée très tôt parce que, pour cette fois, je veux participer à l’histoire de notre», a dit une primo électeur, indiquant n’avoir pas souvent été intéressée par la politique.

Si l’on note un peu plus d’engouement, à la mi-journée, par rapport au référendum, on relève aussi le calme et la quiétude qui en découlent. «Tout se déroule très bien. Les électeurs sont là et on sait que l’engouement va s’accélérer d’ici la fin de la journée», a déclaré le président du bureau de vote 2 du centre de Nzeng-Ayong Lac, Hugues Landry Ogowé.

Des cartes d’électeurs exposées dans les bureaux de vote

Corroborant ce propos, Gildas David Ragnogandi, le président du bureau de vote A8 du Centre de Martine Oulabou fait remarquer que «les choses ont démarré timidement». «Au départ, c’était timide, mais maintenant c’est l’avalanche !», a-t-il déclaré autour de 11 heures et quarante-cinq minutes.

Un peu partout, l’on a pu voir des files d’attente devant les bureaux de vote. Ce, même si elles variaient d’un centre à un autre. Sauf que de nombreux électeurs n’avaient encore retiré leur carte. Des documents exposés dans les salles de vote. Ce qui n’a pas été du goût du candidat Alain-Claude Bilie-By-Nze qui, appréciant ce processus électoral, a dénoncé la présence de ces documents dans les bureaux de vote.

«J’ai pu observer qu’il y a dans les bureaux de vote, les cartes d’électeurs exposées. Ce qui est interdit par la loi. La loi demande que les cartes électorales soient disposées dans une salle à côté, mais pas dans le bureau de vote. Or, c’est manifestement le cas dans tous les bureaux de vote. Ce qui est un facteur potentiel de fraude puisque lorsqu’on a terminé, les cartes non récupérées servent souvent à remplir les urnes. C’est un facteur important», a-t-il déclaré depuis Makokou où il a voté.

Des refus d’accès aux bureaux de vote à leurs scrutateurs

Qu’à cela ne tienne, les observateurs de l’Union africaine (UA) rencontrés sur le terrain se sont réjouis du bon déroulement du scrutin. «Jusqu’à présent, tout se déroule dans le calme et la transparence et nous allons continuer à sillonner jusqu’à cet après-midi les nombreux bureaux de vote. Jusqu’à présent, nous n’avons enregistré aucune plainte et on espère que ça continuera jusqu’à la fermeture des bureaux», a indiqué Abdi Mahammoud de la mission d’observation de l’UA.

Mais le bémol vient de la mission d’observation du Réseau des observateurs citoyens (ROC) qui a dénoncé, via un communiqué, des refus d’accès aux bureaux de vote à leurs scrutateurs. Elle invoque plusieurs localités dans le pays à savoir le centre de vote de l’école publique de Mitzic, le centre de vote de l’école publique d’Angondjé, dans la commune d’Akanda ; le centre de vote de l’école publique de Mbimbi, dans le deuxième arrondissement de Koula-Moutou ; le bureau de vote n°4 de Mounana Village, malgré la présentation des accréditations et des badges ; le bureau de vote unique d’Akiéni et le bureau de vote n°2 de l’école publique d’Avenir Dakar à Lambaréné.

© GabonReview

Dans le même temps à Libreville, les représentants de l’administration dans le bureau du centre Martine Oualabou A3 ont été très hostiles à la présence des journalistes, les empêchant systématiquement de s’enquérir du déroulement des opérations, malgré la présentation des cartes de presse. Une initiative ayant amené les électeurs à se demander, avec regret, ce qu’«ils voulaient cacher», et récusant des «habitudes rétrogrades».

«Cette fois-ci, depuis 1990, le président élu le sera démocratiquement»

Au centre Martine Oulabou, Jean Eyéghé Ndong, Monseigneur Basile Mvé Engone, entre autres personnalités, ainsi que des citoyens lambda, ont accompli leur devoir civique, souhaitant simplement le meilleur pour le Gabon. «On espère que ce soir ou demain on aura les résultats», a dit l’homme politique. Eyéghé Ndong ajoute, un peu nostalgique : «C’est un moment historique parce, je crois, le système Bongo va partir. Mais vous comprenez ma satisfaction et j’espère que c’est le cas pour tous les Gabonais».

Après avoir accompli son devoir civique, un enseignant de littérature de l’Université Omar-Bongo très confiant, assure sous anonymat  que «cette fois-ci, depuis 1990, le président élu le sera démocratiquement». Toute chose dite avec beaucoup de conviction.

Pour cette élection, comme lors des précédentes échéances les forces de défense et de sécurité jouent une belle partition. Au-delà de la sécurité qu’elles assurent, elles veillent au passage ordonné des électeurs dans les bureaux de vote. Maintenant, le grand inconnu reste le taux d’abstention de ce scrutin au regard des cartes d’électeurs vues dans les bureaux de vote.

 
GR
 

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