Placée en détention préventive en février 2014, Brigitte Abetté Rodalo, âgée d’une cinquantaine d’années, d’origine ouest-africaine, vient de bénéficier d’une liberté d’office après avoir passé 11 ans à la prison centrale de Libreville sans le moindre procès.

«Maman Brigitte» et le président de SPG,  Lionel Ella Engonga, en avril 2025 à Libreville. © D.R.

 

Le président de l’association SOS Prisonniers Gabon (SPG), Lionel Ella Engonga, la présente comme «la plus ancienne [prisonnière] en détention préventive à la Maison d’arrêt des femmes» sise au sein de la prison centrale de Libreville. Brigitte Abetté Rodalo a bénéficié d’une liberté d’office, le 28 mars dernier. C’était à la faveur de la visite d’inspection effectuée le même jour dans l’établissement pénitentiaire par le procureur général de la Cour d’appel de Libreville, Eddy Minang.

D’origine togolaise, «Maman Brigitte» comme elle se faisait appeler au sein de la prison, avait été placée en détention préventive, le 12 février 2014. Elle était soupçonnée de trafic d’enfants, selon une source proche du dossier. Mais depuis la date de son entrée à «Sans-Famille» jusqu’à celle de sa libération, la dame de 55 ans n’a jamais été entendue dans le cadre d’un procès. Elle était loin d’être la seule.

Un problème national

Sur plus de 3 000 détenus, 2 759 sont en détention préventive à Libreville pour diverses raisons, les plus courantes étant la disparition des dossiers et l’attente des résultats d’audience pour ceux dont la peine a expiré. Et la situation est la même dans tout le Gabon, notamment dans le Woleu-Ntem et l’Ogooué-Ivindo où 54 prisonniers sur les 257 détenus préventifs que comptent les deux provinces ont été mis en liberté d’office à l’initiative de Paulette Akolly, secrétaire permanente de la Magistrature. À la prison centrale de Libreville, une centaine de détenus ont été libérés après le passage du magistrat.

«SOS Prisonniers Gabon se réjouit et félicite une fois de plus le Parquet général pour ce travail qui vise à désengorger la population carcérale et à mieux suivre les dossiers des prisonniers. Car, nous avons rarement vu un procureur général effectuer une descente à la prison centrale et procéder à la libération de plusieurs détenus en situation abusive», a réagi l’association dans un post sur Facebook, non sans souhaiter que ces visites soient régulières, y compris à l’intérieur du pays.

Et si SPG «souhaite aussi que les détenus libérés puissent tirer les leçons de leur passage en détention afin qu’ils soient désormais des hommes et des femmes exemplaires», pour Maman Brigitte, le message est bien passé. À 55 ans, elle projette de se lancer dans le commerce des produits vivriers tels que la tomate.

 
GR
 

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