Dans un monde où la reconnaissance des écrivains intervient souvent après leur disparition, le café littéraire organisé le 14 mars par le Cercle de Réflexion du département de Lettres Modernes (Quaestio) a pris le contre-pied de cette tradition. En célébrant Rodrigue Ndong, écrivain prolifique et enseignant-chercheur à l’Université Omar Bongo, l’événement a honoré et révélé un auteur d’exception dont la plume a su transcender les genres et les tabous. Avec 37 ouvrages publiés en quatorze ans, il s’impose comme l’une des figures incontournables de la littérature gabonaise contemporaine.

Moment d’échange et de réflexion lors du café littéraire du 14 mars, organisé par le Cercle de Réflexion du département de Lettres Modernes en hommage à Rodrigue Ndong. © GabonReview

 

Le Cercle de Réflexion du département de Lettres Modernes (Quaestio) a organisé, le 14 mars, un café littéraire en l’honneur de Rodrigue Ndong, écrivain gabonais et enseignant-chercheur à l’Université Omar Bongo. Avec 37 ouvrages publiés en treize ans, couvrant une diversité de genres, Rodrigue Ndong est reconnu comme l’un des écrivains les plus prolifiques du Gabon. Pourtant, derrière cette impressionnante production littéraire, se cache un homme d’une humilité rare, qui préfère se voir comme un simple «polygraphe» plutôt qu’un «polymathe», malgré l’érudition qui le caractérise.

Un écrivain aux multiples facettes

Rodrigue Ndong, écrivain prolifique et enseignant-chercheur à l’Université Omar Bongo, figure incontournable de la littérature gabonaise. © D.R.

Romancier, dramaturge, essayiste, nouvelliste et critique littéraire, Rodrigue Ndong est résolument une figure incontournable du paysage littéraire gabonais. Ses ouvrages abordent des thèmes variés et parfois tabous, à l’instar de Coup d’État (2021), qui traite du pouvoir et de ses dérives, ou encore Les Mendiants d’amour, où il explore sans détour la question de l’homosexualité.

Son œuvre foisonnante témoigne de son intérêt pour des sujets aussi divers que la religion, l’histoire, la mémoire et la culture. Parmi ses publications les plus marquantes figurent L’Ancien Testament, La Journée du Salopard, Va et meurs deux fois, Il en va ainsi depuis Mathieu l’évangéliste, Lire, le propre de l’homme, Le Retour du Parrain, Louis-Marie Ozanam d’Akok, Coup d’État, Je vous vends la mémoire de Shakespeare et L’art négro-africain comme support de croyances et vecteur de messages. À travers ces ouvrages, Rodrigue Ndong interroge les mécanismes du pouvoir, la complexité des relations humaines et l’influence des croyances sur nos sociétés.

Le Professeur Pierre-Claver Mongui, Directeur du Département de Lettres Modernes, a souligné cette capacité hors pair de Ndong à embrasser des sujets complexes avec finesse et intelligence : «Rodrigue Ndong n’est pas qu’un simple polygraphe, c’est un polymathe moderne. Mais par pudeur et par modestie, il refuse ce titre, préférant rester un homme de lettres accessible, un écrivain au service de la société

Un hommage rare et mérité

Dans son discours, le Professeur Mongui a insisté sur l’importance de célébrer les écrivains de leur vivant, une pratique encore trop peu répandue en Afrique : «Notre culture, du point de vue anthropologique, salue plus aisément la mort qu’elle ne célèbre la vie. Il est donc essentiel de rendre hommage aux auteurs contemporains, de leur témoigner notre admiration avant qu’il ne soit trop tard

Un point de vue partagé par Achille Manfoumbi-Mvé, Maître de Recherche, qui a mis en avant la dimension thérapeutique de la littérature de Ndong, introduisant les notions de litérologie et de bibliothérapie. Selon lui, les livres de l’auteur ne se contentent pas d’informer ou de divertir : ils transforment, soignent et éveillent les consciences.

Rodrigue Ndong, ému mais humble

Face à cette reconnaissance académique et littéraire, Rodrigue Ndong a exprimé une émotion sincère, tout en restant fidèle à son humilité naturelle : «Recevoir un tel hommage de son vivant, à travers une journée d’études et des témoignages sur l’homme et l’œuvre, reste quelque chose de grandiose à mes yeux. Pour vous dire le fond de ma pensée, mon émotion est sans nom, tant je juge que les mots qui servent à dire merci ou à exprimer sa gratitude paraissent dérisoires, faibles. Je reste véritablement un écrivain heureux et comblé. Ma reconnaissance envers les initiateurs et les organisateurs de cet hommage demeurera éternelle. C’était vraiment beau et bien.»

À travers ce café littéraire, c’est toute une génération d’étudiants et de chercheurs qui a pris conscience de l’impact de la littérature et de la nécessité de soutenir ceux qui la façonnent. Rodrigue Ndong, par son travail et son attitude, s’impose non seulement comme une référence littéraire, mais aussi comme un modèle de rigueur intellectuelle et de modestie.

 
GR
 

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