Ayant déjà écopé, l’an dernier, d’une lourde amende de 90 millions de francs CFA pour des pratiques jugées discriminatoires et pour une flagrante atteinte à la vie privée de ses employés, la filiale gabonaise du géant bancaire américain Citigroup est à nouveau mise en cause par un de ses anciens cadres, Igor Ulrich Amveme Abondo, un auditeur gabonais, dont le licenciement abusif ne fait plus aucun doute.

© GabonReview

 

Le scandale né à la suite de la découverte, courant 2024, d’un fichier ethnique et la dénonciation par une ancienne cadre dirigeante de pratiques intrusives et jugées discriminatoires vis-à-vis de ses employés ne lui a visiblement pas servi de leçon, bien que l’autorité gabonaise chargée de la protection des données personnelles lui avait infligé une amende de 90 millions de FCFA. Cette année, Citibank Gabon S.A fait à nouveau l’objet d’accusations de la part d’un de ses anciens employés. Igor Ulrich Amveme Abondo, auditeur interne, dit être victime d’un licenciement abusif.

Ce compatriote ayant intégré la filiale gabonaise du géant bancaire américain Citigroup en septembre 2016 dit en effet ne pas comprendre qu’il ait été remercié sans ménagement par sa boîte alors même que ses évaluations toujours été jugées satisfaisantes, en témoigne la note de «consistently strong» qu’il a obtenue de 2016 à 2019. Mieux, à l’examen de son dossier et de la qualité du processus ayant conduit à son licenciement, l’ex-ministre de l’Économie, Mays Mouissi, dont il avait sollicité l’intervention fin novembre 2024, a reconnu un mois plus tôt dans une correspondance qu’il avait clairement été abusé et méritait de réclamer réparation.

«Une grave irrégularité» constatée

«Si le contrat de travail de M. Igor Ulrich Amveme Abondo pouvait être résilié à l’initiative de la Direction générale de Citibank, l’évaluation de ce dernier en qualité de Responsable de l’Audit interne devait être faite par le Conseil d’administration à travers son comité d’audit, et la décision de révocation prononcée par ledit Conseil d’administration. Dès lors, le non-respect de cette procédure entache [son] licenciement d’une grave irrégularité, ouvrant droit à la réparation au profit de ce dernier», écrivait le membre du gouvernement, le 27 décembre 2024.

Seulement, deux mois après, la banque incriminée n’a pas jugé utile de considérer l’interpellation des autorités. Saisie, la Cobac n’a pas encore réagi, mais une source croit savoir que le dossier y est en examen.

À l’origine du nouveau scandale

Igor Ulrich Amveme Abondo. © D.R.

Selon notre compatriote, ses «problèmes» ont commencé en avril 2020, après un changement de manager au sein de la Libreville. «J’ai été contacté par Mohammed Abdhulla, Manager de la chaîne Audit interne résident et Directeur de l’audit de Dubaï, qui m’a informé que décision avait été prise de me placer sous plan de performance. Or, le cadre de responsabilité est une procédure interne à Citibank appliquée aux employés ayant commis des fautes. Il est important de noter que, depuis 2016 jusqu’à avril 2020, je n’ai jamais reçu de blâme, d’avertissement, ni eu de conflit interne ou externe, que ce soit avec un régulateur ou toute autre entité», raconte-t-il.

Et si Igor Ulrich Amveme Abondo s’est officiellement plaint de cette décision, rien n’y a fait. «Nous avons décidé, tu t’alignes», lui aurait lancé son Manager. Il a donc subi le fameux plan de performance. «Après un an sous le programme de performance, j’ai eu plusieurs réunions en visioconférence avec M. Abdhulla, qui se contentait de me demander ce que je faisais comme travail, sans fixer d’objectifs précis. Lors de l’évaluation de 2021, bien que j’ai été à nouveau noté ‘consistently strong’ par le Conseil d’administration, le directeur général et M. Abdullah lui-même, mon placement sous programme de performance a quand même été maintenu. Par la suite, j’ai été contacté par M. Roger Hazoume, Directeur Afrique francophone des Ressources humaines, basé en Côte d’Ivoire, qui m’a confié qu’il avait l’impression que Mohammed Abdhulla souhaitait mon départ».

Un million de dollars de réparation !

L’auditeur, qui a vu sa note détériorée entre-temps ainsi que le maintien du plan de performance, a dû se résoudre à accepter son sort, non sans réclamer réparation. «Le 16 mars 2022, M. Hazoume a organisé une réunion avec M. Abdhulla afin de discuter du montant auquel j’étais prêt à partir. Cependant, avant cette réunion, j’ai pris l’initiative de contacter la Directrice générale pour l’informer de la situation et comprendre ce qui se passait. Elle m’a répondu qu’elle n’était pas au courant de ces démarches et ne comprenait pas comment elles pouvaient avoir lieu sans son aval. Néanmoins, elle a précisé que la décision me revenait et que, si je souhaitais partir, je devais leur communiquer mon montant transactionnel. Au cours de cette réunion j’ai donc demandé un million de dollars, en termes de compensation. À cela, M. Abdhulla a rétorqué : «Pour qui se prend-il ?» avant d’interrompre la réunion», relate notre compatriote

Igor Ulrich Amveme Abondo a finalement été licencié courant 2023 pour «faible rendement professionnel». Le départ de Mohammed Abdhulla et l’arrivée de sa remplaçante Adesola Kunle-Adeguna n’a donc rien changé. Bien au contraire. «Après avoir pris contact avec elle et lui avoir exposé la situation, elle a décidé de maintenir le plan de performance, tout en y ajoutant des propos discourtois et irrespectueux. Malgré cela, j’ai continué à faire mon travail avec la même abnégation et le même dévouement. Cependant, Mme Adesola a de nouveau détérioré ma note d’évaluation en s’appuyant sur des propos fallacieux et absurdes, m’accusant d’avoir détérioré les rapports de Citibank Zambie, alors même que cette entité dispose de son propre directeur de l’Audit», raconte-t-il disant avoir multiplié les démarches pour décanter la situation et obtenir ce qui lui revient de droit. Dès lors, il sollicite une intervention des autorités qui se sont donné pour mission de restaurer la dignité des Gabonais.

 
GR
 

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