La COP16 Biodiversité vient de s’achever à Rome avec des engagements financiers ambitieux pour protéger notre patrimoine naturel. Mais au-delà des chiffres impressionnants et des déclarations solennelles, le véritable défi réside dans leur mise en œuvre concrète sur le terrain. Comme le souligne ici Adrien NKoghe-Mba*, deux réalités s’affrontent : celle des grandes conférences internationales et celle des communautés locales, où la préservation de la biodiversité se joue au quotidien. L’accord de 200 milliards de dollars annuels d’ici 2030 et la création du Fonds Cali marquent certes une avancée, mais l’histoire nous enseigne que les promesses financières ne suffisent pas sans une gouvernance efficace et adaptée aux réalités locales.

La biodiversité ne se préservera pas avec des promesses sur du papier. Elle se protège avec des décisions courageuses, prises là où la nature est menacée. © GabonReview

 

Il y a deux réalités quand on parle de biodiversité. La première, c’est celle des grandes conférences internationales comme la COP16, qui s’est tenue à Rome du 25 au 27 février dernier. On y parle de milliards mobilisés, de nouveaux fonds créés, et d’engagements ambitieux pour sauver la nature. La deuxième, c’est celle des villages, des forêts et des côtes de nos pays, où la biodiversité se joue au quotidien – et où les décisions prises à Rome devront prouver leur efficacité.

Après des mois de blocage, les négociateurs ont trouvé un accord : 200 milliards de dollars par an seront mobilisés d’ici 2030, avec une enveloppe de 30 milliards spécifiquement dédiée aux pays en développement. C’est un pas en avant, tout comme la création du Fonds Cali, qui prévoit de redistribuer une partie des bénéfices issus de l’exploitation des ressources génétiques aux pays d’origine et aux communautés locales.

Mais l’histoire nous a appris que les promesses de financement ne suffisent pas. Ce n’est pas seulement une question d’argent, c’est une question de gouvernance. Comment s’assurer que ces fonds arriveront réellement là où ils sont nécessaires ? Comment éviter qu’ils ne soient captés par des intermédiaires, détournés vers des projets qui profitent davantage aux grandes entreprises qu’aux petits producteurs ou aux peuples autochtones qui protègent la biodiversité depuis des générations ?

Les pays du Sud ont une responsabilité dans cette équation. Nous devons non seulement exiger que les engagements financiers soient tenus, mais aussi mettre en place des mécanismes solides pour garantir que ces ressources servent des actions concrètes. Protéger 30 % des terres et des océans d’ici 2030, comme le prévoit l’accord, n’aura de sens que si cela s’accompagne de mesures adaptées aux réalités locales et d’un soutien direct aux acteurs qui font la différence sur le terrain.

La COP16 a posé un cadre, fixé des ambitions. Mais comme toujours, le vrai test commence maintenant. La biodiversité ne se préservera pas avec des promesses sur du papier. Elle se protège avec des décisions courageuses, prises là où la nature est menacée. Et c’est là que tout va se jouer.

*Directeur général de l’Institut Léon Mba et président de l’association Les Amis de Wawa pour la préservation des forêts du bassin du Congo.

 
GR
 

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