«Ensemble, réunis, c’est plus de 11 % de l’électorat du Gabon» : Oligui Nguema prépare-t-il son assaut électoral ?

Le samedi 1er mars 2025, le stade de l’Amitié à Akanda a été transformé en forteresse, caserne géante où le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema a rassemblé ses troupes. Le commandant suprême y a pris place pour adresser un message de reconnaissance et de mobilisation à ses soldats, soulignant que les forces de défense et de sécurité (FDS) représentent plus de 11 % de l’électorat gabonais. Ce rassemblement aux allures d’une démonstration de force (armée ?), a été couronné d’un appel au ralliement après l’annonce qu’il a promis de faire très bientôt. La fin du vrai faux suspense autour de sa candidature à la présidentielle du 12 avril ?

Brice Clotaire Oligui Nguema, le 1er mars 2025 au stade de l’Amitié. © D.R.

Le général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguema semble être sur le point de confirmer officiellement sa candidature à la présidentielle du 12 avril 2025. Ce samedi 1^er mars, il a rappelé à ses troupes que l’imminente élection présidentielle marquera la fin de la période de Transition. «Je voudrai surtout vous remercier pour la discipline, pour le professionnalisme durant toute cette période», a-t-il déclaré devant les membres des Forces de défense et de sécurité (FDS), réunies au stade de l’Amitié d’Akanda transformé pour la circonstance en un vaste centre de rassemblement. Bandage de muscles, démonstration de force ?

En position pour la présidentielle

Le temps presse, car depuis que le ministère de l’Intérieur a activé le mécanisme électoral et dévoilé le calendrier, les manœuvres vers les urnes s’accélèrent. Dès ce lundi 3 mars, les prétendants à la présidence devront très clairement dévoiler leurs intentions pour se lancer dans la bataille, et selon certaines rumeurs, c’est précisément ce jour-là, à l’occasion de son 50e anniversaire, que Brice Clotaire Oligui Nguema, après avoir pris le temps d’entendre les ordres de ses compatriotes, pourrait annoncer officiellement sa candidature. Il a pour ainsi dire, promis de revenir très vite avec une réponse.

«J’ai entendu vos appels, je vous ai écouté et croyez-moi, je vous ai compris. J’ai pris acte et je reviendrai pour répondre dans les tout prochains jours», a-t-il lâché laissant entrevoir une offensive politique imminente. La fin du vrai faux suspense quant à sa candidature ? En tout cas, pour le vote du 12 avril, Brice Clotaire Oligui Nguema espère que la grande muette fasse du bruit dans les urnes. En déployant ses forces au stade de l’Amitié, il a mis l’accent sur la puissance des FDS, dont les effectifs s’élèvent à plus de 400 000 hommes et femmes, sans compter les paramilitaires dont les agents des Eaux et Forêts et de la Douane.

Prêts pour l’assaut ?

«Regardons ce chiffre : quand j’associe vos familles, nous représentons une frange importante de l’électorat de notre pays», a-t-il affirmé, soulignant que l’unité de ces troupes pourrait jouer un rôle décisif quant à l’issue de l’élection. «En restant solidaires et en marchant groupés, nous pouvons influencer par notre vote l’issue de cette élection. Ensemble, réunis, c’est plus de 11 % de l’électorat du Gabon», a martelé le général, adoptant une posture presque tactique, calculant son champ de bataille avec précision. «Et j’ai fait les calculs», a soutenu l’homme qui compte visiblement affronter cette élection avec plus de 11% de l’électorat acquis à sa cause.

Flattant l’égo de ses soldats, Oligui Nguema a rappelé leur courage et leur loyauté indéfectible, leur attribuant un rôle crucial dans la réussite de l’action ayant abouti au renversement d’Ali Bongo. Il a exprimé sa fierté pour cette opération menée «sans effusion de sang», soulignant que l’objectif était de mettre un terme à un système défaillant ayant conduit le pays dans une situation de chaos, un champ de ruines à reconstruire. «Cette situation que je n’ai plus besoin de vous décrire aujourd’hui : un pays socialement fracturé, une population laissée à l’abandon, narguée par un groupuscule d’imposteurs illégitimes et motivés par autre chose que le bien-être de la population», a-t-il lâché.

«Le tout exacerbé par un processus électoral tronqué destiné à conduire notre pays dans le chaos et l’anarchie», s’est indigné le général président. En somme, les mêmes travers et tactiques que ceux qui se positionnent aujourd’hui comme des opposants, dénoncent à leur tour estimant que le fusil a juste changer d’épaule.