Vers une grève illimitée dans le secteur pétrolier gabonais
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Le secteur pétrolier gabonais est au bord d’un mouvement social d’une ampleur inédite. Réunis en assemblée générale extraordinaire le 15 février dernier, les représentants des travailleurs du secteur des hydrocarbures ont unanimement décidé de lancer une grève illimitée à compter du 22 février 2025, si leurs revendications ne sont pas prises en compte. En cause : l’inaction des autorités face aux engagements pris, notamment l’application immédiate de la loi 20/2007 relative à l’embauche et à la régularisation des travailleurs du secteur. Une paralysie totale de la production pétrolière du pays pourrait avoir de lourdes conséquences économiques.
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Réunis en assemblée générale extraordinaire le 15 février dernier, les représentants des travailleurs du secteur des hydrocarbures ont unanimement décidé de lancer une grève illimitée à compter du 22 février 2025, si leurs revendications ne sont pas prises en compte. © Freepik
Les instances représentatives du personnel, des entreprises DTSA, SPIE, FORASERV, SMVS, EMTP, LCDG, LYR MARINE, GEOTECHNIC, DIXSTONE, SUPPLY CHAIN, EAAA, WTS, PSG, SNP5, GSMP, ont exprimé leur exaspération face aux multiples reports des travaux de la Commission pour le dialogue social dans le secteur des hydrocarbures (CDSSH). Cette instance, présidée par Arnaud Calixte Engandji-Alandji, conseiller spécial du président de la transition, est censée garantir un climat social apaisé par le biais d’échanges et de négociations entre travailleurs et employeurs. Pourtant, selon les syndicats, les discussions restent stériles et aucun calendrier précis n’a été établi pour résoudre les problèmes en suspens.
Les revendications des travailleurs sont claires : La révision du calendrier des travaux de la commission du 29 janvier 2025, afin d’accélérer le processus de régularisation des employés ; L’application effective de la loi 20/2007 avec effet immédiat, impliquant l’embauche des travailleurs précaires, le paiement des arriérés de salaires et l’arrimage des rémunérations aux normes légales.
Face au silence persistant des autorités, les syndicats ont fixé un ultimatum : si un calendrier aménagé des travaux de la commission n’est pas communiqué avant le 22 février, une grève illimitée sera déclenchée sur tous les sites pétroliers onshore et offshore. Le secteur pétrolier représente environ 38 % du PIB gabonais et plus de 70 % des exportations du pays. Une paralysie de la production entraînerait un manque à gagner considérable pour l’État, déjà en quête de stabilité économique après une année marquée par des incertitudes politiques et budgétaires.
De plus, cette crise sociale pourrait ternir l’image du Gabon auprès des investisseurs étrangers, notamment des compagnies pétrolières qui redoutent une instabilité prolongée. En l’absence d’un compromis rapide, l’impact sur l’approvisionnement en carburant, les recettes fiscales et la confiance des partenaires économiques pourrait être significatif.
Alors que l’échéance du 22 février approche, le gouvernement doit désormais prendre une décision : apaiser les tensions en répondant aux exigences des employés ou risquer un mouvement social qui paralyserait le principal moteur de l’économie nationale. Les regards sont tournés vers la présidence et la CDSSH, dont l’inaction prolongée est désormais pointée du doigt.
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