La littérature gabonaise vient de s’enrichir d’une voix nouvelle, portée par la plume incisive et profondément ancrée dans la réalité sociale de Raïna Nsa Okoumba. Sage-femme de formation, elle accouche cette fois d’un roman saisissant, «Mindzouk», qui interroge le poids du nom sur le destin de l’individu. Présentée le 15 février 2025 à l’Université des Sciences de la Santé, cette œuvre introspective et symbolique s’inscrit déjà comme une référence littéraire. À travers la “synthèse d’un nom”, l’autrice invite à une réflexion sur l’identité, l’héritage culturel et les stigmates invisibles qui façonnent les trajectoires humaines.

Raïna Nsa Okoumba (au centre), Sage-femme de formation, accouche cette fois d’un roman saisissant, «Mindzouk», qui interroge le poids du nom sur le destin de l’individu. © GabonReview

 

Raïna Nsa Okoumba, sage-femme et écrivaine, donne naissance à une œuvre engagée qui interroge l’identité et la souffrance individuelle à travers un prisme culturel gabonais. «Mindzouk», son livre, résonne comme un appel à la réflexion sur l’identité et la charge symbolique des noms. Avec ce premier roman, l’autrice conjugue savoir, écoute et expérience pour livrer un récit universel, ancré dans les réalités africaines et traversé par une profonde humanité.

La couverture du roman «Mindzouk», terme emprunté à la langue fang et signifiant «souffrance». © GabonReview

«Mindzouk», terme emprunté à la langue fang et signifiant «souffrance», n’est pas un titre anodin. Il porte en lui l’essence du roman : l’idée que le nom attribué à une personne influence son parcours de vie. À travers 256 pages divisées en trois parties et quinze chapitres progressifs, Raïna Nsa Okoumba explore un concept fascinant : le nom comme déterminant du destin. Elle plonge les lecteurs dans l’histoire de «Mindzouk», une jeune femme dont l’existence semble façonnée par la douleur et les épreuves.

«Le nom est le fondement de l’existence humaine. Il est un tableau de bord qui détermine le sens de la vie. Ne donnons pas à nos enfants des noms qui pourraient les condamner sans qu’ils le sachent», soutient l’autrice.

Ce roman, bien plus qu’une fiction, est un cri d’alerte sur les implications culturelles et énergétiques des prénoms donnés aux enfants. Rodrigue Ndong, critique littéraire et enseignant-chercheur, souligne cette réflexion anthropologique : «Attribuer un nom ne doit pas être un jeu aisé. Il faut bien choisir, car un nom peut soit exorciser un poids, soit en installer un. C’est ce que l’autrice démontre avec force dans son roman».

Pourquoi faut-il lire Mindzouk ?

Au-delà de son intrigue captivante, «Mindzouk» interpelle chacun d’entre nous. Il nous pousse à nous interroger sur notre propre identité, sur le rôle que jouent nos noms et sur la manière dont les croyances culturelles façonnent nos destins. C’est un roman qui, sans détour, nous confronte à une question essentielle : sommes-nous réellement maîtres de notre destinée ou notre nom nous prédestine-t-il déjà à un chemin tout tracé ?

À travers un style accessible et percutant, Raïna Nsa Okoumba dresse un portrait troublant des réalités socioculturelles du Gabon et de l’Afrique en général. Son écriture, vivante et immersive, porte une dimension philosophique et spirituelle qui touche chaque lecteur. Elle s’inspire d’histoires réelles, de témoignages poignants, donnant à son roman une force d’évocation rare : «J’ai rencontré des amis qui m’ont confié que leur vie était embourbée à cause de leur nom. Ils ne le réalisaient pas, mais en analysant leur parcours, tout devenait clair.»

Ce réalisme s’exprime notamment à travers les dialogues et les introspections de l’héroïne, comme dans cet extrait bouleversant : «Pourquoi toujours moi ? Qu’avais-je fait à la vie pour endosser tant de douleurs ? Suis-je destinée à vivre éternellement dans la souffrance ?». L’autrice fait de son personnage un miroir des questionnements universels, poussant chaque lecteur à une introspection sur son propre rapport à l’identité et à l’héritage familial.

Lors de la présentation du livre, Éric Joël Bekale, président de l’Union des écrivains gabonais, et d’autres figures du monde littéraire ont salué le courage narratif de Raïna Nsa Okoumba. Son approche originale et son engagement dans la transmission des valeurs culturelles en font une autrice prometteuse.

 
GR
 

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