Prolifération d’associations : Résistance au changement
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Les associations concourent-elles à l’expression du suffrage universel ? Pourquoi se posent-elles toutes en soutien du même candidat putatif ?
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Créées pour servir les intérêts de leurs initiateurs, ces associations sont avant tout des repaires d’opportunistes, sans colonne vertébrale idéologique ni vision de notre destinée commune. © GabonReview / Dall-E
En sommes-nous vraiment là ? Un homme politique, par ailleurs député de la Transition, appelant à la candidature du président de la Transition non pas au nom de sa formation, mais sous la bannière d’une association formée avec d’autres parlementaires. Le 8 mars courant, le président du parti Les 7 merveilles du peuple gabonais (7MP) lançait, à la surprise générale, le Mouvement Oligui Nguéma 100%. Certes, Joël Ngouénini Ndzengouma est encore libre de ses choix. Certes, les associations se constituent encore librement. Mais, un parti ayant pignon sur rue doit-il se fondre dans une structure associative pour se faire entendre ? Une personnalité politique, connue pour son engagement, doit-elle user des méthodes jadis dénoncées par elle-même pour devenir audible ?
Confusion entre espace civique et champ politique
Comme si le 30 aout n’avait rien appris à personne, les vieilles recettes sont de saison. Outre le Mouvement Oligui Nguéma 100%, une entité dénommée C’Bon pour le Gabon a été portée sur les fonts baptismaux samedi dernier. L’une et l’autre visent le même objectif : inviter le Gal «Brice Clotaire Oligui Nguéma (à) poursuivre l’œuvre de redressement national.» On se croirait des années en arrière quand, sous le couvert d’associations fantoches, des personnalités appelaient à la candidature d’Ali Bongo, alors décrit comme le seul à même de «permettre à notre pays d’aborder, dans la sérénité et en toute confiance, les défis au cours des sept (7) prochaines années». Enclines au déni de réalité, à la flatterie et aux luttes de positionnement, les nouvelles associations imitent celles en vue sous le régime déchu. Jusqu’à la caricature, elles en recyclent la pratique et le discours. Dans cette gesticulation politicienne, l’antienne de l’homme providentiel se trouve remise au goût du jour. Par une logomachie d’un autre temps, notre démocratie se trouve exposée à des risques pourtant bien identifiés.
Créées pour servir les intérêts de leurs initiateurs, ces associations sont avant tout des repaires d’opportunistes, sans colonne vertébrale idéologique ni vision de notre destinée commune. Expression d’une confusion entre espace civique et champ politique, elles traduisent une accoutumance à cette mauvaise gouvernance caractéristique du régime déchu. Entre achat de conscience, mobilisation de citoyens ne figurant parfois pas sur les listes électorales ou n’ayant pas encore atteint l’âge de voter, distribution de goodies à la gloire du détenteur du pouvoir d’Etat et pronostics hasardeux, leurs méthodes et discours soulignent une résistance au changement. Au grand dam des contempteurs de cette «gouvernance irresponsable, imprévisible» tant décriée, les réactionnaires s’échinent à parasiter la Transition. Or, celle-ci a notamment pour mission, «l’instauration d’une culture de bonne gouvernance et de citoyenneté responsable». En prend-on le chemin ? Tous les doutes sont permis.
Schémas à l’efficacité douteuse
Comment comprendre cette prolifération d’associations à la légalité et à la représentativité sujettes à caution ? Comment expliquer leur activisme subit ? Faut-il s’en accommoder ? La liberté d’association est un droit, reconnu par les textes en vigueur, certes. En démocratie, la citoyenneté confère à chacun la capacité à faire vivre la fonction politique, certes. Mais, au-delà de ces réponses juridiques, il faut se poser d’autres, d’essence politique, éthique et morale. Structures à but non lucratif, les associations concourent-elles à l’expression du suffrage universel ? Créées à des fins précises, peuvent-elles s’en détacher ? En prenant des positions politiques, agissent-elles conformément à leurs statuts ? Et pourquoi se posent-elles toutes en soutien du même candidat putatif, par ailleurs président de la Transition ? En reconnaissance de son action ? L’ont-elles évaluée ? Quand, où et selon quelle méthodologie ?
En 2023, Mays Mouissi et Harold Leckat avaient produit un bilan du mandat d’Ali Bongo, sans pour autant prendre position. La même année, le Consortium de la société civile pour la transparence électorale et la démocratie (Coted) avait tenté de s’immiscer dans la désignation du candidat consensuel de l’opposition. Les leaders de la plate-forme Alternance 2023 lui opposèrent une fin de non-recevoir, s’organisant pour le faire eux-mêmes. Pourquoi ne pas en prendre de la graine ? Pourquoi reproduire des schémas éculés, à l’efficacité douteuse ? Face au risque d’instrumentalisation du milieu associatif, il faut le redire : les associations peuvent diffuser et promouvoir les principes démocratiques ou exprimer des idées politiques, mais elles n’ont pas vocation à prendre parti pour un camp ou une personnalité. Sauf à poursuivre des desseins inavoués, elles doivent établir le distinguo entre espace civique et champ politique. Il en va de leur crédibilité et de la santé de notre démocratie.
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1 Commentaire
Chers journalistes, Le Gabon il faut quelqu’un comme le prof pour finir avec tout ça et le pire c’est l’argent public qu’on jette dans ses conneries d’association, c’est la pauvreté mentale. On a dit que le gvnmt précédent était mauvais, aujourd’hui on voit que c’est pire.