Au Gabon où la colère monte de plus en plus, notamment en raison des coupures d’électricité intempestives enregistrées depuis quelques mois, les deux marches annoncées récemment à Port-Gentil et à Libreville n’ont pas été autorisées par les autorités locales qui disent craindre des débordements, en dépit des garanties données par les organisateurs. Les marches et autres mobilisations d’appel à la candidature d’Oligui Nguema sont quant à elles systématiquement autorisées.

Au Gabon,  les militaires au pouvoir voient d’un mauvais œil les mobilisations populaires qu’ils interdisent systématiquement quand celles-ci ne sont pas organisées en leur honneur. © GabonReview (montage)

 

En janvier dernier à Libreville, plusieurs associations, dont un certain nombre portées par d’anciens soutiens du pouvoir déchu fin août 2023, ont organisé une grande marche populaire pour appeler le président de la transition, le général Brice Clotaire Oligui Nguema, à se porter candidat à la prochaine présidentielle. Plusieurs centaines d’individus placés sous la protection des forces de l’ordre y ont pris part. Et les organisateurs ont promis de réitérer l’exploit, d’autant que la date du scrutin prévu en avril prochain est désormais connue. Ils n’auront aucun mal, dès lors qu’ils font tout ce que les militaires au pouvoir apprécient et encouragent.

Contrairement à eux, les collectifs ayant récemment appelé à une mobilisation à Port-Gentil puis à Libreville pour déplorer les coupures d’électricité récurrentes n’ont pas voix au chapitre. Même s’il s’agit de dénoncer une réalité vécue par tous les Gabonais qui empoisonnent le quotidien de milliers de compatriotes et paralysent pendant plusieurs heures les activités professionnelles et celles des opérateurs économiques. Sollicitées pour autoriser ces marches, qui se voulaient pourtant pacifiques et encadrées par les mêmes forces de l’ordre, les autorités locales ont refusé de donner leur quitus. La raison, ou du moins le prétexte : la crainte d’un trouble à l’ordre public. Comment des débordements auraient-ils été possibles si ces mobilisations avaient été encadrées ? Mais surtout pourquoi les refuser et en autoriser d’autres ?

Les militaires au pouvoir au Gabon ont visiblement du mal à entendre la contestation. Ce qui pourrait laisser entrevoir une absence de sérénité vis-à-vis du peuple dont une partie émet de plus en plus de doutes sur leur capacité à améliorer son quotidien. Le général Brice Clotaire Oligui Nguema et ses frères d’armes sont-ils toujours aussi allergiques aux voix dissonantes ? Les récentes interpellations de lanceurs d’alertes sur le phénomène des coupures d’électricité intempestives, qui rappellent les humiliations subies par des leaders syndicaux de la SEEG, ne sont qu’autant de preuves qui laissent soupçonner que la «grande muette» veut étendre son mutisme à l’ensemble des populations civiles.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Jean Jacques dit :

    Svp ne prenez pas à légère le problème du niveau d’instruction.
    Si les militaires bafouent le droit au Gabon le droit international ne leur fera du cadeau. Ce qu’ils oublient.

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