Footballeurs africains sous pression : un rapport alarmant de la FIFPRO
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La FIFPRO Afrique tire la sonnette d’alarme sur la surcharge de travail des joueurs africains, confrontés à un calendrier de plus en plus intense. Après une première étude en Asie/Océanie, l’organisation publie son deuxième rapport régional, basé sur un échantillon de 60 joueurs professionnels issus de six pays africains. Fatigue extrême, déplacements harassants et conditions climatiques éprouvantes : autant de défis qui menacent la longévité des carrières.
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Au-delà de la fatigue physique, les conditions climatiques extrêmes (chaleur accablante, humidité élevée, terrains inadaptés) aggravent le stress corporel chez les footballeurs africains. © D.R.
Les footballeurs africains sont-ils en train de payer le prix fort pour leur passion ? La FIFPRO Afrique, à travers une étude pilote, sur la charge de travail des joueurs africains, produit à partir des données de sa plateforme de suivi de la charge de travail des joueurs (PWM) et en collaboration avec Football Benchmark, alerte sur les risques liés à cette intensification du calendrier. Fatigue, déplacements interminables, conditions climatiques extrêmes : les défis sont nombreux et menacent à la fois la santé des joueurs et la viabilité de leur carrière.
En effet, avec l’expansion des compétitions africaines et internationales, certains joueurs disputent jusqu’à 60 matchs par saison, un chiffre qui pourrait grimper à 71 rencontres avec l’intégration de nouveaux tournois comme la Ligue africaine de football. À l’opposé, certains joueurs évoluant uniquement dans leur championnat national jouent moins de 20 matchs par saison, révélant une disparité inquiétante dans l’exposition à l’effort.
L’étude met également en lumière les contraintes spécifiques aux joueurs africains évoluant en Europe, notamment lors de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), qui se tient en pleine saison européenne. 64 % des participants à la CAN 2023 jouaient en Europe, devant jongler entre leurs engagements en club et en sélection. L’exemple de Clive Bassey, contraint de rejouer avec Fulham seulement six jours après son retour de la CAN, illustre cette pression constante.
Déplacements épuisants et conditions extrêmes : un cocktail à risque
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La couverture de l’étude pilote, sur la charge de travail des joueurs africains, produit à partir des données de sa plateforme de suivi de la charge de travail des joueurs (PWM) et en collaboration avec Football Benchmark. © GabonReview (capture d’écran)
Les déplacements constituent un facteur d’épuisement majeur. Avec des trajets pouvant dépasser 150 heures par saison, certains joueurs passent autant de temps en voyage qu’en entraînement ou en récupération. Les liaisons aériennes limitées et le manque de vols directs les obligent à multiplier les escales, perturbant leur récupération et augmentant le risque de blessures. L’anecdote de l’équipe nationale nigériane bloquée 12 heures sans eau ni nourriture dans un aéroport abandonné en Libye illustre les conditions précaires auxquelles les joueurs peuvent être confrontés.
Au-delà de la fatigue physique, les conditions climatiques extrêmes (chaleur accablante, humidité élevée, terrains inadaptés) aggravent le stress corporel. La FIFPRO alerte sur la nécessité d’une meilleure organisation des compétitions pour limiter ces contraintes.
Face à ces défis, la FIFPRO Afrique plaide pour une réforme du calendrier compétitif et un meilleur encadrement des joueurs. En collaboration avec l’Organisation internationale du travail (OIT), elle propose des périodes de repos réglementées et une meilleure gestion des déplacements.
«Ce rapport pilote est un pas en avant pour mieux comprendre les réalités des joueurs africains. Il constitue une base essentielle pour améliorer leurs conditions et construire un avenir meilleur pour les footballeurs du continent» – Geremi Njitap, président de la FIFPRO Afrique.
Sans régulation, la surcharge de travail pourrait écourter les carrières et priver l’Afrique de ses meilleurs talents. Ce rapport servira donc de référence pour impulser des réformes, garantissant sécurité, équité et professionnalisme dans le football africain.
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