Face à la montée des courants libertariens, les pays du Sud doivent abandonner leur rhétorique de réparation climatique pour se positionner comme des opportunités d’investissement vert attractives. C’est la thèse défendue ici Adrien NKoghe-Mba*, proposant une nouvelle approche où le Sud deviendrait un acteur proactif de la transition énergétique mondiale.

En devenant un laboratoire à ciel ouvert pour les technologies du futur – agriculture durable, biomasse, capture du carbone, reforestation de masse – les pays du Sud pourraient capter l’attention des investisseurs en quête de rendements et de projets à impact. © GabonReview

 

Il est temps de dire la vérité : la posture traditionnelle des pays du Sud dans les négociations climatiques – cette rhétorique de la réparation, des dettes historiques, des injustices passées – n’est plus seulement inefficace. Elle est inaudible. Face à la montée des courants libertariens qui dominent désormais la Maison-Blanche avec Donald Trump et son vice-président JD Vance, cette posture risque de condamner les pays du Sud à la marginalisation. Mais, et c’est là la bonne nouvelle, il existe une autre voie : devenir la solution proactive aux défis planétaires et offrir des opportunités d’investissement durable aux grandes puissances du Nord.

Changer le paradigme : de la demande à l’offre

Pendant trop longtemps, les pays du Sud ont adopté une approche fondée sur le discours de la dette climatique : nous avons pollué moins que les pays du Nord, nous souffrons davantage, donc nous méritons réparation. Ce discours avait du poids lors des sommets des Nations unies, à une époque où la coopération multilatérale était encore en vogue. Mais dans un monde façonné par les idéaux libertariens, où les gouvernements sont perçus comme des obstacles et où la valeur prime sur la victimisation, cette rhétorique est un cul-de-sac stratégique.

Le courant libertarien est fondé sur une foi inébranlable dans l’innovation privée, l’entrepreneuriat, et les retours sur investissement. Plutôt que de demander réparation, les pays du Sud doivent parler leur langage : l’opportunité. Ce n’est pas en présentant le Sud comme un fardeau que l’on attirera l’attention des investisseurs et des décideurs de la Silicon Valley, mais en le présentant comme un terrain fertile pour les solutions innovantes, les technologies vertes et les rendements financiers responsables.

Devenir le prochain grand marché vert

Ce que Peter Thiel, Elon Musk, ou les stratèges financiers de Wall Street comprennent, c’est la dynamique des marchés en pleine expansion. Les pays du Sud doivent exploiter cette obsession du potentiel inexploité et se positionner comme la nouvelle frontière du capitalisme vert. Prenez l’Afrique, par exemple : un continent avec des terres arables massives, une jeunesse dynamique, et un potentiel solaire presque illimité.

Plutôt que de demander des fonds pour l’adaptation climatique, proposons des opportunités d’investissement. Pourquoi ne pas imaginer des partenariats public-privé dans lesquels les géants de la tech et les investisseurs privés construisent des fermes solaires au Sahel et exportent l’énergie vers l’Europe ? Pourquoi ne pas inciter Tesla ou d’autres à investir massivement dans la construction d’infrastructures de batteries en Afrique de l’Ouest pour accompagner la transition énergétique ?

En devenant un laboratoire à ciel ouvert pour les technologies du futur – agriculture durable, biomasse, capture du carbone, reforestation de masse – les pays du Sud pourraient capter l’attention des investisseurs en quête de rendements et de projets à impact.

Exploiter la logique des marchés, pas celle des subventions

Les libertariens ne croient pas aux subventions gouvernementales massives ou aux aides sans contrepartie. Mais ils croient aux marchés fonctionnels, où les droits de propriété et les incitations économiques encouragent l’innovation. Pourquoi ne pas transformer nos ressources naturelles en actifs financiers valorisés ? La création de marchés régionaux du carbone en Afrique, par exemple, pourrait attirer des entreprises qui souhaitent acheter des crédits compensatoires pour leurs émissions.

En positionnant les forêts tropicales du Congo comme des actifs financiers capables de générer des crédits carbone, les pays du Sud pourraient non seulement préserver leur biodiversité, mais aussi capter des flux financiers qui ne reposent pas sur la charité mais sur la logique de l’investissement volontaire.

De la même manière, les zones côtières vulnérables aux inondations pourraient devenir des hubs d’innovation pour les infrastructures résistantes au climat, attirant les fonds d’investissements spécialisés dans les infrastructures durables.

Le potentiel technologique du Sud : pas un problème, mais une solution

Les pays du Sud ne doivent pas être perçus comme des “demandeurs”, mais comme des fournisseurs de solutions globales. L’innovation technologique n’est pas le monopole des pays du Nord. Le Kenya, avec son modèle de paiements numériques M-Pesa, a prouvé que le Sud pouvait être à l’avant-garde de l’innovation technologique.

Pourquoi ne pas créer des centres régionaux de recherche et développement dans les technologies vertes ? Ces centres pourraient être financés par des fonds d’investissement privés, en collaboration avec des start-ups locales, pour développer des solutions adaptées aux réalités locales mais exportables à l’échelle mondiale. Des innovations en matière d’irrigation intelligente, de gestion de l’eau ou de stockage de l’énergie pourraient naître au Sud et bénéficier au Nord.

Les investisseurs libertariens aiment les start-ups, pas les subventions publiques. Il est donc essentiel que les pays du Sud se positionnent comme les prochains hubs de start-ups climatiques, attirant le capital-risque.

Faire de la justice climatique une opportunité économique

L’erreur a été de présenter la justice climatique comme une dette à payer, alors qu’elle peut devenir un investissement stratégique à long terme. Les libertariens aiment les opportunités asymétriques : celles où de petits investissements peuvent produire de grands rendements. En proposant des projets climatiques innovants, où chaque dollar investi génère des impacts mesurables et des rendements financiers, les pays du Sud peuvent parler la langue des investisseurs.

Par exemple, les projets de reforestation communautaire ne doivent plus être vendus comme des actes de charité, mais comme des projets de capture du carbone générant des crédits échangeables sur les marchés internationaux.

Devenir la nouvelle frontière

Le monde change, et les règles du jeu aussi. Mais ce changement est une opportunité, pas une menace. En cessant d’adopter une posture de victimes et en devenant des acteurs proactifs, les pays du Sud peuvent non seulement attirer les investisseurs du Nord, mais aussi devenir des leaders de la transition énergétique mondiale.

Ce n’est pas la charité qui sauvera le Sud, mais l’audace. Une audace qui consiste à dire aux investisseurs libertariens : «Si vous cherchez des rendements élevés et des impacts durables, venez chez nous. Nous sommes la solution.»

*Directeur général de l’Institut Léon Mba et président de l’association Les Amis de Wawa pour la préservation des forêts du bassin du Congo.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Jean Jacques dit :

    Les cancres abrutis,hemophobes ont fait la guerre au prof Lee write,c’était le seul qui avait la compétence dans le domaine, aujourd’hui qui a le temps du temps, C’est pour cela oligui ne doit pas se présenter, Avec Trump, il aime pas putschistes, si jamais oligui gagnait soyez sûr que Trump a infliger les SANCTIONS DURES CONTRE LE Gabon .

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