Forum ‘Tout Dire’ : Bilie-By-Nze sans tabou face au public
Engagé dans la démarche de rupture qu’il prône depuis sa première sortie après les évènements du 30 août 2023, l’ancien Premier ministre, Alain-Claude Bilie-By-Nze, s’investit de plus en plus pour apporter des éclairages sur ce que veulent savoir ses compatriotes en ce qui le concerne. Comme dans un air de précampagne, en attendant la présidentielle du 12 avril 2025, il était l’invité d’une programmation savamment menée par l’agence de communication ‘Dire’. «Face aux Gabonais, tout se dire en public» est l’appellation de ce concept, à travers lequel, en toute simplicité et convivialité, il a eu un échange, le 1er février, sans tabou et dans la plus grande simplicité, proximité et spontanéité avec le public.
Dans un style décontracté, sans costume ni cravate, l’ancien Premier est arrivé tout sourire, sous les applaudissements des dizaines de jeunes et moins jeunes ayant fait le déplacement de l’auditorium de Gabon Mining Logistics. A cœur ouvert et sans intermédiaire, à travers «Face aux Gabonais, tout se dire en public», il a répondu à toutes les questions lui ayant été posées, abordant notamment son passage au gouvernement, les questions de gouvernance, la présidentielle de 2016, celle de 2023 et l’initiative du bulletin unique lui étant souvent attribuée, les questions relatives à l’absence d’eau et d’énergie dans le pays, le chômage des jeunes, l’affaire Esther miracle, etc. Il n’a pas échappé à l’invitation de donner son avis sur la gestion des affaires publiques par le CTRI, la nouvelle Constitution, le nouveau Code électoral, et à livrer ses propositions pour la rupture qu’il souhaite, afin de mettre un terme à ce qu’il nomme «système Bongo».
«Souvent des choses nous ont été reprochées et souvent nous n’avons pas entendus»
Alors que ses pourfendeurs multiplient les sorties pour l’accabler à tort ou à raison, l’ancien Premier ministre semble ne pas leur accorder de l’attention. Alain-Claude Bilie-By-Nze, dont une potentielle candidature à la présidentielle alimente les débats, était l’invité de jeunes promoteurs d’un concept visant à recevoir et à donner la parole publique à ceux qui font l’actualité. L’ancien chef du gouvernement a ainsi été face au public le 1er février 2025. Sans tabou et dans une rare proximité, il a eu un échange clair et courtois avec la frange, diversifiée, de la population venue l’écouter et le questionner sur les zones d’ombres qu’elle perçoit.
C’était donc l’occasion de se dévoiler un peu plus à ses compatriotes, de leur dire quelle est sa vision du pays, de la situation actuelle et de la «nécessité de donner une autre orientation, une autre chance à notre pays». «Depuis le 30 août, j’ai pris le temps d’écouter à la fois les médias, les réseaux sociaux, mais aussi les compatriotes dans la proximité . J’ai pu mesurer à quel point, souvent des choses nous ont été reprochées et souvent nous n’avons pas entendus. J’ai donc fait le choix d’aller à la rencontre des Gabonaises et des Gabonais parce que j’ai pris mes distances avec le CTRI et ce qui se fait», a-t-il cadré d’entame.
«Je n’ai jamais été président de la République»
Comme depuis sa première prise de parole, l’ancien patron de l’administration gabonaise assume son passé au gouvernement, mais refuse d’être un bouc émissaire. Et de rappeler que nombreux de ceux qui sont actuellement aux affaires sont également comptables de la gestion et de la gouvernance passées. Il se demande de ce fait comment tout peut être polarisé sur sa personne. «Ceux qui sont aux responsabilités aujourd’hui étaient avec moi. Pourquoi ne leur pose-t-on de questions ?», a-t-il questionné, ajoutant «je n’ai jamais tenu une arme. Mais on ne pose pas de questions à ceux qui ont tenu ces armes».
Concernant son rôle en tant que porte-parole de la présidence sous Ali Bongo, il rappelle : «j’étais le visage du pouvoir. J’étais le porte-parole. Le porte-parole parle au nom du gouvernement». Dans ce rôle, il reconnait avoir été parfois excessif. Ce qu’il déplore aujourd’hui, avec du recul, n’ayant eu cesse de déclarer ses «regrets». «J’ai défendu un certain nombre d’idées, peut-être parfois avec passion», a-t-il fait noter. Mieux, a-t-il souligné, il n’a été Premier ministre que moins de 7 mois durant. En conséquence, Bilie-By-Nze estime que tout ne peut lui être imputé. Il renchérit de ce fait : «je n’ai jamais été président de la République».
Toutes choses l’ayant amené à revenir sur sa demande d’une Commission vérité, justice et réconciliation. «Je demande depuis longtemps qu’on ait cette commission… Je m’étonne qu’on ne soit pas nombreux à la réclamer», a-t-il regretté, non sans convoquer le fait que plusieurs personnalités ayant affirmé qu’il y a eu des morts et des charniers à l’issue de l’élection présidentielle de 2016 sont désormais aux affaires et à des postes stratégiques. Comment interpréter leur mutisme interroge-t-il littéralement.
«C’est pire qu’avant»
Questionné sur le bulletin de vote unique de la présidentielle de 2023 dont la paternité lui est souvent attribuée, l’ancien Premier chef du gouvernement est clair : il n’est pas à l’origine de cette trouvaille, affirmant sans sourciller que le Centre gabonais des élections (CGE) en était à la manœuvre.
Au sujet de l’exécutif actuel, Alain-Claude Bilie-By-Nze soutient qu’il aurait souhaité une rupture. «Depuis 15 mois, je constate que c’est pire qu’avant», note-t-il, insistant sur le fait que le pays est encore sous le «système Bongo». «Ce système n’a pas fonctionné hier. Aujourd’hui et demain, il ne fonctionnera pas», a-t-il soutenu, notant par exemple que s’il y a eu, dans le passé des marchés publics sans appels d’offre, c’est encore le cas aujourd’hui. Et l’ancien Premier ministre de pointer les «copains, coquins et consanguins» actuellement à la manœuvre. «Je refuse de continuer un système qui n’a pas marché… Moi qui ai travaillé dans ce système, je remarque qu’il est le même», soutient-il, prônant la rupture, et indiquant que «ce système ne permet pas le développement et ne le permettra pas».
Proposant une alternative, Bilie-By-Nze estime avoir pris conscience des manquements. «J’ai défendu mon camp. Je n’ai pas suffisamment défendu le Gabon», a-t-il reconnu, non sans souligner que «le 30 août 2023 a remis les compteurs à zéro». «J’ai fait mon introspection et appris de mes erreurs», a-t-il déclaré, invitant les Gabonaises et les Gabonais à aller voter : «il faut que le peuple ne se décourage pas. Il faut casser ce système». Mais, le disant, il n’entretient pas moins le suspens en ce qui concerne sa candidature à la prochaine présidentielle.
1 Commentaire
S’agissant du « bulletin unique », il aurait pu s’y opposer. Quand on est « démocrate », on ne peut accepter un tel code électoral. Il ne dira jamais qui a conçu le « bulletin unique ». Le problème n’est pas à ce niveau.
Il est question de savoir à qui le « bulletin unique » profitait: lui ou Ali
Bongo Ondimba; ou les deux!?
L’enfer, c’est toujours les autres qui sont aux affaires actuellement.