Une brillante entrepreneuse gabonaise est morte mercredi dernier des suites d’un coup de poignard empoisonné. Béatrice Zang, fondatrice d’Atace et militante pour les personnes handicapées, a succombé à un crime passionnel perpétré par son ex-compagnon qui n’acceptait pas leur séparation. Son parcours exemplaire dans l’entrepreneuriat et son engagement social se sont brutalement interrompus. Une femme au parcours inspirant.

Béatrice Nzang. Les effets pervers de l’amour ont donné une triste fin à une vie marquée par la ténacité et la réinvention permanente. © GabonReview

 

Béatrice Zang est morte, le mercredi 29 janvier 2025, tuée par un ancien amant qui ne supportait pas la rupture. Au hasard d’une rencontre à la sortie du travail, elle a accepté d’aller prendre un verre avec lui. Alors qu’elle était aux toilettes, l’amant nommé Rodrigue Mintsa Menié, lui a mis un somnifère dans le verre. S’étant affaiblie, il l’a amenée sur la plage des Acaé, a abusé d’elle, et l’a poignardée, certainement avec une arme blanche empoisonnée. Abandonnée sur la plage, elle a ensuite été hospitalisée. Sortie de là, elle se battait ces derniers jours avec une maladie inconnue, sûrement due au poison du poignard.

Béatrice Zang en 2010. © GabonReview

Ces deniers temps, elle exerçait à la Primature en qualité de secrétaire technique et animait l’ONG Atace Handi dédiée à la cause des personnes vivant avec un handicap. Tels sont les indications du quotidien L’Union au sujet de sa mort. Depuis le 31 décembre, Rodrigue Mintsa Menié, l’ancien amant, est en détention préventive à ‘Sans-Famille’, la prison de Libreville, et sera jugé. Inculpé pour viol et agression à l’arme blanche, il devra répondre de ses actes.

Une personnalité atypique au style affirmé

Amie de la rédaction de GabonReview, elle était auparavant un modèle inspirant d’entrepreneuriat au féminin au Gabon, où persévérance, autodidaxie et innovation se conjuguaient pour bâtir une réussite. Béatrice Nzang cultivait une allure androgyne. Son vestiaire, composé de petits vestons et de jeans droits, était à la fois branché et BCBG (Bon Chic Bon Genre). Sa coiffure, à mi-chemin entre l’Afro, les dreadlocks et les coupes garçonnet, évoquait l’image d’une artiste. Elle avait en effet le look des égéries noires de la scène rock internationale, à l’instar des chanteuses Asa et Ayo. Loin d’être un repoussoir, cette apparence attirait plutôt l’intérêt des interlocuteurs dans l’univers des affaires gabonaises, où elle évoluait depuis 2008 à la tête d’une structure originale nommée ATACE.
L’acronyme ATACE signifiait Agence de Télétravail, Assistance et Conseil en Entreprise. Fondée par Béatrice Nzang, cette structure intervenait dans le télémarketing et l’événementiel commercial. L’entreprise proposait diverses prestations en télémarketing, notamment la télévente, la création de trafic, la prospection, les études de satisfaction et la relance téléphonique. Dans le volet événementiel, l’agence réalisait des lancements de produits et des promotions variées.

Une carrière marquée par l’innovation et la persévérance

Diplômée d’un Bac G1, Béatrice Nzang avait d’abord travaillé dans le commerce international, puis avait étudié le droit tout en exerçant diverses activités. Elle avait ensuite suivi une formation en secrétariat et assistanat de direction. Lorsqu’elle était revenue de France, ses compétences avaient été sous-estimées, et elle avait dû prouver sa valeur en acceptant divers petits postes. Cette expérience l’avait poussée à évoluer vers le télémarketing, un domaine qu’elle avait appris en autodidacte en consultant des livres, des forums spécialisés sur Internet et en échangeant avec des experts occidentaux.
Malgré un emploi du temps chargé, elle s’accordait parfois des moments de détente en regardant la télévision ou en se rendant au bord de la mer, où elle trouvait l’inspiration en écoutant ce que Bob Marley appelait “Natural Mystic”. Béatrice Nzang incarnait le dynamisme et la détermination des jeunes gens modernes du Gabon. Si dans le milieu entrepreneurial si difficile pour les jeunes au Gabon, Atace s’était mis en berne, elle en a créé une autre version à travers Atace Handi.

Une vie témoignant de sa volonté de toujours repousser les limites et de se réinventer constamment. Les effets pervers de l’amour ont donné une triste fin à sa vie.

 
GR
 

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